La Provence Presse
Dix raisons de croire en l’avenir de notre région
Par Philippe Larue
Entreprises, culture, tourisme... En cette période de crise, la Provence a sans doute plus d’atouts que d’autres territoires français. Ils permettent d’espérer un nouvel essor
À trois jours de la nouvelle année, l’optimisme n’est pas une valeur à la hausse. Notre quotidien, dans le torrent médiatique, c’est plutôt annonces de plans sociaux et de baisse du pouvoir d’achat. Alors, avant de clore cette année et d’en entamer une nouvelle que les prévisionnistes annoncent rude, notre titre peut paraître ambitieux et notre propos naïf. Pas si sûr.
La région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), dont votre journal se veut un acteur fort, a sans doute un potentiel supérieur à d’autres régions françaises pour traverser sans trop de dégâts une crise qui s’annonce majeure et se développer encore. Car voyez-vous, nous sommes de vrais « cumulards ». Nous avons dégagé pour le symbole dix raisons de croire en notre région, mais nous aurions pu en mettre bien d’autres en avant. Avant tout, la Provence est riche de ses hommes et de ses femmes. Ceux qui sont fiers de leur terre et s’y sentent bien. Mais, objectivement, nous pouvons nous appuyer sur des atouts majeurs qui se complètent et se nourrissent l’un et l’autre.
Creusons le sillon. Nos départements restent leaders pour nombre de produits agricoles. Et les paysans provençaux sont aussi les gardiens de paysages qui, par leurs multiples aspects, des sommets des Alpes aux criques des calanques, en passant par les champs de lavande et les vignes qui s’alignent, constituent une richesse unique en France. Une richesse appréciée par des millions de touristes et les cinéastes qui aiment nos décors. Plus belle la vie, serait-on tenté de dire, avec les acteurs de la série qui représente elle aussi un superbe outil promotionnel.
Marseille y a gagné de nouveaux fans. Et, avec les villes que la cité phocéenne a fédéré, sa désignation comme capitale européenne de la culture 2013 représente aussi un bel outil pour rebondir, investir, progresser. Nos entrepreneurs, qui ont su faire de sociétés modestes des leaders mondiaux croient en l’avenir, sans masquer les difficultés. Symbole de cette énergie qui dure, Iter, à Cadarache, fait déjà briller Paca, avec un immense chantier. Et nos infrastructures, notamment le port de Marseille-Fos, sont autant d’outils uniques. Enfin, nous avons ici une qualité indispensable, illustrée par nos sportifs et nos supporters : la passion. Elle permet elle aussi d’y croire toujours.
L’économie : un tissu d’entreprises très diversifié
Quel point commun entre la CMA-CGM, Snef, Daher, Médiaco, Richardson, Onet, Gemplus, Ricard, Ducros ou Naturex, pour ne citer que ces entreprises ? Toutes sont nées sous le soleil de Provence et y prospèrent. Jusqu’à avoir quitté la taille PME et s’être transformées en quelques décennies en de puissants groupes internationaux. Qui, lorsqu’ils le peuvent, conservent une gouvernance familiale.
Ces quelques exemples témoignent d’un dynamisme qui a permis à l’économie provençale de traverser bien des crises. Diversifiée parce que reposant majoritairement sur les services aux entreprises, le tourisme, la microélectronique, la pétrochimie, l’aéronautique, le bâtiment et les travaux publics, la logistique, les transports et bien sûr le maritime, cette économie doit beaucoup à ses acteurs. Qui pour compenser leur petite taille et faire jeu égal avec les géants, n’ont d’autre choix que de se surpasser.
Le port : il est une porte ouverte sur le monde
Il est le moteur de la cité phocéenne, le poumon de la région et sa porte ouverte sur le monde. Du port de Marseille-Fos (premier de France par son trafic global et 3e mondial pour les hydrocarbures) dépendent plus de 2700 entreprises et au moins 40000emplois. Au coeur de l’économie régionale pour les services, la logistique, les transports, l’industrie métallurgique et la pétrochimie, il est un incontournable vecteur de développement provençal. À qui il offre 10000ha de terrains industriels.
Si, jusqu’à ces dernières années, bien des opportunités ont été gâchées par les conflits sociaux, il n’en reste pas moins que le Grand port maritime de Marseille, ainsi que rebaptisé par une réforme destinée à matérialiser un plan de relance en 2009, reste porteur de grands espoirs. Un chiffre résume les ambitions : 1milliard d’euros doivent être investis par le public et le privé durant les cinq prochaines années.
L’agriculture : la Provence reste un grand jardin
Au premier abord, l’agriculture va mal. Depuis dix ans, le nombre des exploitations ne cesse de baisser et sa contribution en termes de richesses produites ne serait que marginale. Pour qui y regarde de plus près, le paysage change. Il y a certes moins de paysans, mais les surfaces cultivées ne se réduisent pas. Et puis, surtout, les méthodes changent et les exploitations se font entreprises.C’est ainsi que le département des Bouches-du-Rhône, très urbanisé, est devenu le premier de France pour les surfaces sous serres.
Que produisent-elles ? Des tomates, des légumes ratatouille, des fraises, des melons, des cerises, des pêches et nectarines, des poires et des pommes. La viticulture est le fleuron du Vaucluse, les vins rosés deviennent le symbole de la Provence. Il faut ajouter à cela le riz de Camargue, le foin de Crau et l’huile d’olive. Preuve que l’agriculture provençale existe et parvient même à se développer.
La santé : des practiciens à la pointe du progrès
Chacun dans son domaine témoigne de l’excellence de notre recherche et de notre médecine. Le Pr Didier Raoult a découvert le plus gros virus mais son laboratoire de virologie de la faculté de médecine (Marseille) a authentifié des dizaines de bactéries. L’hôpital de La Timone accueille le centre d’exploration par résonance magnétique (il n’y en a que cinq au monde). Des chirurgiens ont réalisé, ces dernières années, de véritables exploits (séparation de frères siamois reliés par la moelle osseuse, implantation d’un coeur artificiel). Sans oublier la médecine foetale, la chirurgie de l’arthrose ou les greffes de peau.
Du Samu à la réanimation, les services d’urgence ont également démontré à plusieurs reprises leur efficacité. En 2003, le Pr Lévy et son équipe du département de la génétique médicale isolent le gène de la progéria. En clair, dans de nombreuses disciplines, les médecins et les chercheurs provençaux sont sur le devant de la scène.
Le sport : un enthousiasme exceptionnel
Il y a bien sûr l’OM qui, au grand dam du président lyonnais Jean-Michel Aulas, reste le club numéro 1 dans le coeur des Français. Mais en Provence, terre de sportifs en herbe et de champions d’exception, le foot n’a pas le monopole de la passion. Le coeur des Provençaux s’emballe désormais pour d’autres idoles : les nageurs Bernard, Bousquet, Gilot, Manaudou... Tous porteront fièrement nos couleurs lors d’une saison qui s’annonce prolixe en records et en médailles. Et notre région est riche, aussi, de sites mythiques comme le Mont-Ventoux, que grimpera cette année encore le peloton du Tour de France, ou bien La Gineste que graviront les 15 000 coureurs de Marseille-Cassis avec toujours autant d’enthousiasme.
La table : des saveurs qui s’exportent
Les vertus de l’huile d’olive, les saveurs d’une tomate, une bouillabaisse, la ratatouille, une tapenade... Autant de mots magiques que la région a su exporter. En 2008, Marseille, en la personne de Gérald Passédat, a enfin décroché son premier restaurant 3 étoiles au guide Michelin. Dans le même temps, les bistrots de pays dans les petits villages des Alpes-de-Haute-Provence ou du Vaucluse affichent complet.
Certains restaurateurs l’ont compris et ont pris le bon virage depuis 1 ou 2 ans : ils ont mis à leur carte des spécialités régionales, exhumées du répertoire culinaire des grands-mères. La mode des bistrots a fait le reste et voilà des pizzérias, des brasseries et autres trattorias qui ont le sourire. Reste à soigner l’accueil et maîtriser les prix...
Le tourisme : couleurs magiques et paysages de rêve
Falaises blanches tombant à pic dans une eau cristalline ; murs de pierre sèche ou façades teintées par les ocres naturelles du Colorado provençal ; étendues marécageuses où s’épanouissent flamants roses, taureaux et cheval Camargue ; ou terrasses, placettes ombragées et fontaines... Ici, tout appelle à la douceur de vivre.
Des calanques de Cassis aux terres sauvages de Camargue en passant par les villages perchés du Luberon, les paysages rivalisent de beauté et déclinent des ambiances uniques, volontiers entretenues par des habitants attachés à des rites, des us, des coutumes... Terre de traditions par excellence, la Provence dévoile en parallèle de son patrimoine naturel, une kyrielle de monuments (Palais des Papes, château des Baux, cité Vauban à Briançon...) riches en histoires, offrant l’opportunité de varier les plaisirs.
La culture : les festivals, mais pas seulement
Tous les étés, des milliers de pèlerins de la culture affluent vers la région. L’amateur de théâtre ne jure que par Avignon. L’aficionado du bel canto se retrouve à Aix ou à Orange. Le fan de piano arpente les allées du parc de Florans à la Roque-d’Anthéron. Première région culturelle après l’Île-de-France, la Provence est celle qui accueille le plus grand nombre de festivals de dimension internationale. On pourrait rajouter Marseille pour la danse contemporaine ou Marsatac pour les musiques actuelles.
Mais la culture, c’est toute l’année, avec les opéras d’Avignon et Marseille, le théâtre national de La Criée, les scènes nationales du Merlan, des Salins ou de Cavaillon, le Ballet Preljocaj et le BNM... Et cela va s’amplifier avec la désignation de Marseille-Provence comme capitale culturelle de l’Europe en 2013.
La télé : plus belle notre vie
Le bar qui fait la promotion de notre région n’existe pas. Tous les jours, des touristes en balade dans le quartier du Panier veulent visiter le bar du Mistral, lieu emblématique de
Plus belle la vie. Mais ce n’est qu’un décor de studio pour les besoins du feuilleton de France3. D’abord regardée avec scepticisme, la série est devenue un phénomène de société. Au point de faire de l’ombre au sacro-saint journal de TF1.
L’énergie : Iter, un projet phare
À Cadarache, au confluent des Bouches-du-Rhône, du Var, du Vaucluse et des Alpes-de-Haute-Provence, le projet Iter est lancé, avec la construction d’une gigantesque plateforme sur laquelle sera assemblé le réacteur expérimental, en vue de reproduire l’énergie des étoiles. Première étape d’un chantier de 10 ans qui bénéficie d’ores et déjà à l’économie régionale. Et un atout pour se forger des lettres de noblesse dans les énergies nouvelles.
Par Philippe Larue ( plarue@laprovence-presse.fr )
Publié le lundi 29 décembre 2008 à 09H22