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LES COUPS DE COEUR DE BLUES & POLAR
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POUR CEUX QUI AIMENT LE JAZZ …
ELLA FITZGERALD ET SON « CRICKETT SONG ». 29 juillet 1964. C’était le deuxième concert en France, au grand festival de jazz d’Antibes-Juan-les-pins pour la grande dame du jazz. Avec, dans la chaleur de la nuit, les cigales cymbalisant (c’est le terme exact) à l’envi... et Ella Fitzgerald de chanter à l’unisson ! Inoubliable morceau que ce « Crickett song » d’autant que ce sont seulement les mâles qui cymbalisent pour attirer les femelles... Ella est tombée dans le piège avec délice.
BIRELLI LAGRÈNE LE RETOUR
Birelli Lagrène extraordinaire guitariste gitan à la palette musicale allant de Manitas de plata à Paco de Lucia et Jimi Hendrix, est de retour en France après plusieurs concerts aux Etats-Unis – où il est une idole - en juin. Bireli Lagrene arrivera sur les scènes françaises à la rentrée pour jouer son album « Solo suites » sorti le 6 mai 2022. Notez les dates, car c’est un régal sur scène et chaque fois différent. Il sera le 17 janvier 2023 à Toulouse.
PHOTOGRAPHIE
L’ALBUM PHOTO « BACKSTAGE » DES STONES
signé Gaëlle Ghesquière (PLON). Sorti le 16 juin. 310 pages, 250 photos. Prix : 35€. Un voyage intime en en coulisses, au cœur de la galaxie Rolling Stones, c’est que nous offre Gaëlle Ghesquière ; photographe certes, mais aussi conteuse, avec ses anecdotes savoureuses auxquelles j’adhère à 100 % pour avoir connu ce genre de situation lorsqu’on a un appareil photo en main. Car même si ça peut paraitre incroyable parfois, il faut bien admettre que le hasard a souvent du talent. Et la manière dont elle a noué le contact avec les Stones, et notamment Mick Jagger tient certes du hasard. Mais il faut aussi savoir l’attirer. Et le simple fait d’être curieuse peut suffire et déclencher l’inattendu. En ouvrant ses 25 années d’archives, Gaëlle Ghesquière en propose une palanquée avec 250 photos sur plusieurs décennies du groupe mythique qui nous a fait rêver le jour où il a balancé « Satisfaction » comme un Ovni sur les ondes, et continue encore de le faire malgré la disparition récente de Charlie watts, batteur originel de la formation. Gaëlle Ghesquière a également réalisé des pochettes de disque pour Phil Collins et Deftones, mais elle a aussi pris la plume (on s’en serait douté) pour écrire sur Ben Harper, Benjamin Biolay, NTM… « The Rolling Stones » c’est un sacré pavé de clichés étonnants comme ceux où Bruce Springteen « The Boss » est sur scène avec toute la bande. On adore ! Une exclusivité des éditions Plon à découvrir.
Jean-Pierre Tissier
Site : www.gaelleghesquiere.com
STÉPHANE BERN DANS LES SECRETS D’HISTOIRE DU STUDIO ÉLY
« Le patrimoine photographique de la ville d’Aix-en-Provence mérite d’être défendu et sauvegardé. Vous pouvez compter sur mon soutien actif. » Ces mots inaugurent et préfacent le livre d’or ouvert il y a peu au Studio Henry Ely. Ils sont signés Stéphane Bern, icône et visage emblématique de la défense du patrimoine en France. C’est le 9 mars 2022 que ce dernier Bern – guidé par Jean-Eric Ely - a visité le studio Henry Ely dont Blues & Polar vous avait parlé en avant-première, il y a plus de trois mois, en rappelant toute l’action incroyable réalisé par la famille Ely via une multitudes de photos aussi prestigieuses que Churchill peignant à Aix, ou les images du premier festival rock organisé en France à Meyreuil dans l’esprit de Woodstock, et en adhérant d’ailleurs à l’association Ceppia. Stéphane Bern s’est montré attentif au projet porté par Ceppia et a apporté son soutien à la préservation du fonds Ely. Dans un emploi du temps surchargé, l’auteur des « Secrets d’histoire » a coché un moment pour découvrir ceux du Studio Henry Ely. Loin des plateaux télé et radio, il s’est plongé dans les méandres du plus ancien studio photo d’Aix-en-Provence, installé depuis 1903 au passage Agard. Avec un œil averti, mais aussi un regard d’enfant, habité par cette magie de l’instant qui défie le temps, fasciné par les milliers de visages célèbres et anonymes, et « les regards qui vivent encore » dans les 2 millions de clichés des collections. Stéphane Bern est bien un homme de passion. Peut-être parce qu’Un homme sans passion est un roi sans sujet… Dixit Vauvenargues. Un grand Aixois. Stéphane Bern a posé un regard attendri sur la foule inondant le Cours Mirabeau pour le Carnaval 1900, averti sur les figures politiques qui ont traversé les siècles, ému sur les portraits de Belmondo, Mireille Darc et Johnny, intrigué par le piano-forte qui trône dans le couloir du Studio, et fasciné par les appareils inventés et créés de toutes pièces, comme la tireuse par contact imaginée par Henry Ely, pionnier de la photographie.

UN LIEU MÉMOIRE DE LA PHOTOGRAPHIE EN DANGER !
Les trésors du studio photo Ely à Aix-en-Provence sont menacés. Création d’un Collectif : CEPPIA !  Le destin du Studio Ely au passage Agard s’achèvera en mars 2023 après le rachat immobilier du site ; 110 ans après s’y être installé en 1913. Deux millions de clichés y sont protégés. « L’association Ceppia (le Collectif Ely pour le Patrimoine Photographique et Iconographique d’Aix) a été créée il y a quelques mois. Son objectif est de militer avec ses adhérents pour la création d’un Centre de la Photographie de Provence, abritant les collections du Studio Ely chez lui, à Aix. Nous avons monté cette association, pour préserver un patrimoine photographique de 133 ans, un véritable trésor fait de deux millions de clichés et de milliards de visages alanguis dans des boîtes à archives. Si vous souhaitez partager cette aventure, CEPPIA cherche des adhérents. CEPPIA est une association de loi 1901 qui a pour ambition la mise en lumière des collections photographiques du studio Henry Ely-Aix. Ces collections sont mises gratuitement à la disposition de Ceppia par la famille Ely. Depuis 1888, les 4 générations de photographes du Studio Henry Ely ont, quotidiennement sans relâche, constitué un patrimoine photographique historique, culturel et sociologique unique. Un véritable travail de mémoire sur la vie et la Ville d’Aix (les personnages, l’urbanisme, les politiques, les modes, la grande Histoire … à travers le temps et plus encore ! Savez-vous que Winston Churchill (Photo Ely ci-contre) est venu peindre à Aix en 1948, que Ray Charles ou Ella Fitzgerald ont chanté place des cardeurs dans les années 70, que Hassan II a séjourné à l’hôtel du Roy René à l’âge de 4 ans ?
LE PROJET UN CENTRE DE LA PHOTOGRAPHIE
Etes-vous intéressés par l’évolution de la femme, du sport, de l’environnement ou tout autre sujet à travers Aix-en-Provence depuis la fin du XIXème siècle ? Notre souhait est de partager avec le plus grand nombre ce patrimoine iconographique et mémoriel en créant un Centre de la photographie à Aix-en-Provence pour tous publics. Pour mener à bien ce projet, l’association compte sur votre soutien. Créer un lieu d’expositions pour ce Patrimoine aixois nécessite des moyens considérables et nous avons besoin de vous ! Votre adhésion permettra de financer un lieu pour les expositions permanentes et les expositions temporaires ; un Espace de conservation des Archives ; un Espace polyvalent pour les cours, les ateliers pédagogiques et conférences, ainsi que la restauration et la conservation des collections. Votre générosité est aussi essentielle pour le bon fonctionnement de l’association.
BESOIN DE SOUTIENS FINANCIERS
Vous pouvez effectuer votre soutien financier en cliquant sur le lien de la plateforme sécurisée du Crédit Mutuel Pay asso : https://www.payassociation.fr/ceppia/paiementlibre Vous recevrez une confirmation de votre adhésion par la plateforme, puis votre carte d’adhérent par l’association. Vous pouvez également faire un chèque au nom de l’association. * Remplissez le bulletin d’adhésion ci-joint et envoyez-le accompagné de votre règlement à Association CEPPIA au Studio Henry Ely, 55 cours Mirabeau, 7 passage Agard. 13100 Aix en Provence. Le montant de l’adhésion est libre, dès 10 euros, pour permettre au plus grand nombre de nous rejoindre. Votre engagement à nos côtés contribuera à nous donner les moyens nécessaires pour finaliser ce beau projet. »
L’ESPRIT ELY !
La première grand-messe pop de l’histoire de France a eu lieu à Aix-en-Provence les 1, 2 et 3 août 1970 et pas à Paris ! Et bien sûr Studio photo Ely y était. (Photo ci-contre). Mon ami et confrère de l’époque au Provençal, le regretté Manu Gros, journaliste sportif à Aix-en-Provence, « plume » passionnée du journal, et grand amateur de musique avait trouvé là un terrain à la hauteur de son talent et de son sens de l’information. « L’ouverture d’esprit à la mouvance hippie et à la poésie baroque des guitares électriques seventies s’est matérialisée où on l’attendait le moins écrivait-il. En la personne du général en retraite Claude Clément. Lequel a réussi à convaincre une vénérable et paisible famille aixoise de lui prêter sa propriété de 25 hectares à Saint-Pons et même contourné juridiquement un arrêté municipal d’interdiction pour que son « Festival de rock progressif »ait bien lieu. En activant son carnet d’adresses où, paraît-il, figuraient des noms comme Valéry Giscard d’Estaing et en transformant le libellé officiel de l’événement en « concert continu ». Dans les magazines de l’époque comme Best, la France entière n’en était pas revenue d’y voir annoncer des stars planétaires telles Jimi Hendrix, Joan Baez et Bob Dylan... qui ne sont finalement pas venues. Mais il y a eu Triangle (avec papillon guitariste de Johnny) le Chico Magnetic Band, Mungo Jerry, Johnny Winter et Léonard Cohen ! Et le public lui a pardonné d’avoir autant parlé vie et politique que chanté Suzanne, Hallelujah et autres tubes durant son passage en scène. Pardonné car l’homme y est arrivé à cheval en entonnant Le chant des partisans. Un souvenir inoubliable qu’avait confié à Manu Gros, en 2009, le regretté Alain Passet futur peintre du film mythique et déjanté « Les Quatre saisons d’Espigoule », resté bloqué sur cette période pop des années 1970 jusqu’à sa mort : « J’étais déjà allé au festival de l’île de Wight, j’ai rencontré Zappa à Cannes et j’ai appelé mon fils John Paul George en hommage aux Beatles. Dans mon quartier, notre bande vivait pour ça. Pour la musique, pour cette explosion de liberté et de couleurs. On était monté de Marseille en Solex avec ma copine Martine et mon ami Vicky Luvicci. C’était nos Harley à nous... On a dormi à la belle étoile. J’ai parlé au général Clément. Il aurait voulu plus de stars, mais ça avait coincé sur les sous. » Les photos de la grande famille du Studio Ely sont bien plus que des clichés, ce sont des aventures de vie dans tous les domaines ; informations, politique, journalistique, artistique, sportif… Un tel trésor ça ne se gâche pas ! Ce serait impardonnable !
Jean-Pierre Tissier
Contact : assoceppia@gmail.com Téléphone : 06.67.55.22.84.
LIVRES ANCIENS SOYEZ CURIEUX !
Ce catalogue est aussi lisible en ligne ici : https://www.livres-anciens.fr/acatalog/Nouveaute.html Toujours adeptes du polar des villes et du polar des champs, nous avons repéré ce vieil ouvrage qui doit être passionnant chez Drouin. Faites vite ! Gendarmerie nationale 1945-1970 Moeurs et coutumes. Reférence : FD00000454 paru chez l’Harmattan (Paris) en 2003. 110 pages. Format : 22 cm. Collection : « Graveurs de mémoire « . Broché. Très bon état. Attention : quantité en stock : 1. Prix : 15€. Contact : Librairies Douin & d’Argences. Achats de livres anciens, de bibliothèques complètes. Paiement immédiat. Pour ne pas rater les meilleurs livres, inscrivez-vous et recevez leur catalogue du dimanche matin par email ! contact : www.livres-anciens.fr E-mail : fred.douin@gmail.com
NOTRE SÉLECTION D’ALBUMS
THIS IS Us de Lee O’Nell blues gang.
Le second opus de Lee O’Nell Blues gang « This is us » est sorti le 15 septembre 2022. Lee O’Nell Blues Gang, originaire des Vosges s’est créé en 2019 autour du guitariste Lionel Wernert et de la chanteuse Gipsy Bacuet, duo sur scène et à la ville. Lionel Wernert et Fred Chapellier sont amis d’enfance. Après s’être perdus de vue pendant plusieurs années, ce sont leurs retrouvailles en 2017, puis l’invitation par Fred à Lionel et Gipsy de le rejoindre sur scène en février 2019 qui impulse un nouveau départ. Et c’est tout naturellement que le bluesman français est venu apporter sa contribution aux guitares et à la production pour ce « Different Shades of love ». Et il a même ramené dans ses bagages son ami Neal Black, ainsi que le chanteur Alain Leadfoot Rivet, bluesman membre de Blues & Polar, mais aussi fondateur du label Dixiefrog. L’occasion d’une reprise endiablée du classique « Walking by myself » de Jimmy Rogers avec pas moins de 3 guests ! Mais démarrer un nouveau projet quelques mois avant l’arrivée de la pandémie jouait de malchance et sortir le premier album entre deux vagues de virus était un pari risqué. Different Shades Of Love, sorti en septembre 2020, n’a ainsi guère pu être défendu sur scène. Mais Lionel et Gipsy ont mis à profit cette période incertaine pour écrire, composer, enregistrer et produire leur deuxième disque This is us qui sortira le 15 septembre. On y entend des couleurs différentes, de l’ouverture bien carrée « Come what may » à la superbe ballade qui clôt l’album « Just need a prayer » coécrite avec Jade Mac Rae (choriste de Joe Bonamassa) pour un morceau tout en émotion et sensualité. infos JF Concert (France Culture) Lien : https://youtu.be/gcn2VdmxIkw
LE COME BACK DE BLUES TRAVELER "J’avais craqué pour eux à leurs débuts il y a une trentaine d’année, quand Vincent Michel Michel ancien disquaire du vieux quartier du Soubeyran à Manosque, parti aux USA, m’avait envoyé de San Diégo, le CD de ce groupe ricain qui dépotait grave, avec un harmoniciste comme j’aime avec un son pas loin du sax… 35 ans plus tard le groupe repart en tournée. On aime !
AWAT DE SHADI FATHI ET BIJAN CHEMIRANI. "je les avais vus pour leur premier duo en public fin 2018 sur la petite scène de Saint-Jean des Arts, à Revest-des-Brousses. De leur rencontre à Marseille (2016) était né un premier album, Delâshena. Depuis, Shadi Fathi et Bijan Chemirani – fils du grand joueur de zarb iranien Djamshid Chemirani - ont enchaîné les concerts. Leur complicité artistique les a amenés à composer de nouveaux morceaux, toujours inspirés par la richesse et la diversité de la musique iranienne et la poésie persane. Ainsi est né l’album Awât (Grand désir en kurde) fort de 16 titres. Entre Shadi, soliste du setâr formée à Téhéran par le grand maître Dariush Talaï, et Bijan, virtuose du zarb, daf et autres percussions parfois électrifiées, s’est imposée l’idée d’allier les instruments à cordes frottées et pincées, ainsi percussions et instruments à vent, en s’entourant d’invités. Au fil des titres surgissent les notes de Redi Hasa (violoncelle), Shervin Mohajer (kamantcheh iranien de la famille de la vielle) et Sylvain Barou aux flûtes. Ces cinq morceaux donnent aussi à entendre des poésies de Khayyâm, Mowlana Rûmi et d’auteurs persans contemporains, portées par la voix de Shadi. Dans une actualité dramatique, après deux années durant lesquelles la culture s’est tue, Âwât résonne comme une renaissance foisonnante où s’entremêlent la douceur des mélodies et la puissance de l’interprétation.
PIERRE MEIGE « SUR LA ROUTE DE LA VIE » Le géant vert comme l’appelait Michaël Jones, le comparse de Jean-Jacques Goldman, avec humour et tendresse, promène de nouveau sa grande carcasse de basketteur-funambule sur les claviers qui font du son… et de la chanson ! Un peu comme dans les bals populaires de Michel Sardou et ce n’est pas un gros mot. Car la musique, elle est pour tout le monde, et on y a tous droit. L’ami Pierre aime les Stones, Doctor Feelgood, les Kinks par-dessus tout, mais aussi - comme nous - Mouloudji, Colette Renard, Renaud, François Deguelt, Francis Lemarque, Pierre Perret, sans oublier Louis Prima, Chuck Berry, Elvis et bien d’autres encore. Encyclopédie de la vie musicale « made in France et d’ailleurs » ce cœur de poète a réalisé son album tout seul chez lui pendant le confinement, parce qu’avoir un projet conserve et améliore. « Sur la route de la vie » a vu le jour. Et il y laisse son esprit vagabonder au fil des notes comme le faisait le prodigieux touche-à-tout du clavier qu’était Jean Constantin. Monsieur une mélodie par seconde… J.-P.T
MILES DAVIS « LIVE AT VIENNE » - Le 1er juillet 1991, Miles Davis et le Miles Davis group donnent un concert au merveilleux festival qu’est « Jazz à Vienne » à côté de Lyon. Il s’agit d’une de ses toutes dernières performances avant sa disparition trois mois plus tard, le 28 septembre 1991. Cet enregistrement en public de Miles Davis contient deux titres (“Pénétration” et “Jailbait”) écrits par Prince, avec qui il partageait une admiration et une amitié mutuelles. Ce cadeau du ciel qu’est l’enregistrement inédit d’un de ses tous derniers concerts est publié par Rhino Records dans le cadre du « Black music month ». Des versions 2-CD, 2-LP et digitales seront disponibles le 25 juin chez Warner.
« PARLAMI » de ODEIA - Trois cordes (violon, violoncelle, contrebasse) et une voix merveilleuse. Celle d’Elsa Birgé ! Avec force et l’émotion,elle nous entraine vers l’intensité du fado, mais aussi vers la Sicile et la Grèce. Un blues de Méditerranée teinté de touches roms et balkaniques, comme une « mare nostrum » sans frontières. Un album d’une très grande beauté avec trois virtuoses des cordes comme sur « Ola se thimizoun ». Une formation étonnante à découvrir. Contact Fresch touch Chloé Housseau 06 03 37 46 13. Courriel : chloe@fresch-touch.com Site : www.fresch-touch.com
JOHN MAYALL IS BACK ! Le pape du british blues boom des sixties qui aura 89 ans cette année sort un nouvel album The Sun is Shining Down. Celui que j’ai eu le bonheur de voir au théâtre Jean-le-Bleu à Manosque dans les années 90 – avec les amis de Back Door en première partie – et qui a découvert les plus grands talents du rock britannique (Eric Clapton, Peter Green, Mick Taylor…) a fêté ses 88 printemps en novembre 2021. Visiblement toujours en forme, il sort un nouvel album et continue même de jouer sur scène avec déjà plusieurs dates au printemps. Après son précédent opus Nobody told me, sorti il y a 3 ans, John Mayall revient avec la même recette qui a fait ses preuves : du blues, encore du blues, toujours du blues, et avec pléthore d’invités de marques. On retrouve en effet aux côtés de cette légende de l’histoire du rock plusieurs musiciens qui lui doivent tant : Mike Campbell, l’ex-guitariste de Tom Petty & the Heartbreakers ; Marcus King(guitare) dont les trois premiers disques ont déjà fait sensation ; Buddy Miller songwriter présenté comme une « icône américaine » ; Scarlet Rivera (violon) qui avait participé à la légendaire Bob Dylan’s Rolling Thunder Revue ; Melvin Taylor, guitariste pilier de la scène blues à Chicago ; Jake Shimabukuro, virtuose du Ukulélé ;et la section rythmique fidèle qui accompagne John Mayall depuis plusieurs années ; Greg Rzab (basse), Jay Davenport (batterie) et la guitariste Carolyn Wonderlan. L’album a été enregistré dans le studio Horses Latitudes de Robby Krieger avec le producteur Eric Corne, nommé aux Grammy Awards. The Sun is shining down est le cinquième disque de John Mayall chez Forty Below Records, une collaboration qui a débuté en 2014 avec A Special Life. Depuis bientôt 60 ans, celui qui est considéré comme le père du British Blues continue de jouer et enregistrer avec la même passion qu’à ses débuts.
LE BLUES-ROCK-ÉLECTRO de BOOGIE BEASTS : UN SON DE OUF ! Des rythmes obscènes, un slide hypnotisant et un harmo hurlant ; le quartet belge Boogie beasts (2 Flamands et 2 Wallons) sonne comme Howlin Wolf jadis ou Nine Bellow dans les années 80. Avec un son très personnel. Reliant les époques. Imaginez-vous : les Black Keys « boeufant » avec John Lee Hooke, Morphine se payant un trip avec Little Walter, ou encore RL Burnside accompagné par les jeunes Rolling Stones dans l’arrière-salle d’un juke joint du Mississippi. Energie contagieuse, son crade et irrésistible, Boogie beasts nous fait découvrir son single « Like a Snake »extrait de « Love me some », nouvel album de la formation chez « L’autre distribution ».
ARIEL BART CHROMATISE LE JAZZ. - De l’harmonica dans le jazz ? Oui ! On connait quelques-uns avec Olivier Ker’Orio et le génial Belge Toots Thielemans, célèbre pour les notes introductives du western « Il était une fois dans l’Ouest », voire Rachel Plas qui avec ses Golden Mélody diatoniques touche à tout ce qui vibre. Mais il faut reconnaître que les harmonicistes ne sont guère légion dans cette spécialité jazzy. À seulement 23 ans, Ariel Bart chamboule donc les codes. Soliste du « Jérusalem east & west orchestra », reconnue pour ses collaborations avec la scène New-Yorkaise (Andrew Cyrille, William Parker, Steve Swell...) ou la chanteuse Noa, Ariel se distingue avant tout par la qualité de ses compositions. Des qualités qui n’ont pas échappées au label RopeaDope, un des étendards du nouveau son US, maison de Christian Scott, Yazz Ahmed… sur lequel est paru cette année « In Between », un premier album aux envolées oniriques.Ariel Bart sera en tournée en 2022 avec un trio 100% féminin d’une grande élégance (harmonica, piano, violoncelle). Mayu Shviro, l’autre étoile montante de sa génération, au violoncelle, et spécialiste des modes orientaux sera son alter-ego sur scène. * Contact In Vivo, 32 place aux herbes, 30700 Uzès. * Site : http://invivo.agency/
SAME PLAYER SHOOT AGAIN HOMMAGE A ALBERT KING
En 2018, ce jeune groupe formé par la crème des musiciens parisiens se décide à enregistrer un hommage au roi des guitaristes de blues Freddie King . « Our King Freddie » remporte un vrai succès avec un Prix au Cahors blues festival 2019 et une très belle tournée dans la foulée. Cette année, c’est un hommage à un autre King du blues : Albert King ! Same Player Shoot Again a été créé par Romain Roussouliere (guitare) et Max Darmon (basse). Le groupe s’est étoffé ensuite avec Vincent Vella (chant), Florian Robin (claviers), Steve Belmonte (batterie), Jérome Cornelis (sax alto) et Loic Gayot (sax tenor).
“LET IT SHINE”. JESSIE LEE & THE ALCHEMISTS.
Le groupe emmené par Jessie Lee et Alexis Didier était notre invité au festival Blues & Polar en 2014. Juste après le beau parcours de Jessie Lee coachée par Garou à The Voice où elle avait impressionné par sa version dingue du « Move over » de Janis Joplin. Après de nombreuses tournées et concerts, un album s’imposait enfin. C’est désormais chose faite, même si le Covid a retardé l’affaire ! Le duo explosif est entouré de Laurent Cokelaere (basse), Stéphane Minana-Ripoll (batterie) et Laurian Daire aux claviers. Et ça envoie du bois avec notamment ce somptueux « Sometimes » à découvrir sur YouTube, extrait de « Let It Shine ». Lien : https://dixiefrog.lnk.to/JLTA-Sometimes Brillantissime !
LE CLIP DE WAITING FOR TINA
- L’écrivain Jean Azarel et le guitariste Hérold Yvard nous offrent un bel hommage poétique à Tina Aumont « égérie des seventies ». Un clip annonciateur de lectures futures à déguster à Manosque et ailleurs, comme un bon polar de derrière les fagots… Un verre de Château de Clapier en main et masques tombés !
La collaboration musicale et poétique entre Hérold Yvard du K’Fé’Quoi à Forcalquier (04) et l’écrivain Jean Azarel existe de longue date déjà… Elle vient de donner lieu à une récente mise en ligne de leur dernier ouvrage consacré à la mystérieuse et fantasque comédienne franco-américaine Tina Aumont (fille de l’acteur Jean-Pierre Aumont) décédée en 2006, après une vie très destro, hippie et rock’n’roll, en attendant de pouvoir interpréter ces textes à nouveau auprès du public. En effet, Jean Azarel a publié l’an dernier un ouvrage « Waiting for Tina » qui se lit comme un road movie aux allures d’enquête policière afin de retrouver des traces de cette égérie des Seventies au destin similaire à celui de Romy Schneider, dont la mère s’appela Maria Montez grande actrice dominicaine des années 50. Belle à se damner, mais en proie aux démons de l’alcool et des shoots, elle n’a pas eu la carrière cinématographique à laquelle elle aurait pu prétendre, allant jusqu’à tourner des films très hot pour gagner sa vie… J’ai eu le plaisir de photographier Tina Aumont en 1977 avec Macha Méril pour Télémagazine alors qu’elle participait au tournage du téléfilm « Emmenez-moi au Ritz » avec Maurice Ronet, jouant une veuve dans le palace parisien de la Place Vendôme. Hérold Yvard avec sa guitare magique à sons multiples a illustré musicalement ce livre insolite devenu une lecture passionnante. Et qu’on est impatient de découvrir en public. La première devrait avoir lieu à Manosque. »
Jean-Pierre Tissier
* Blues & Polar vous offre le clip de présentation de leur dernière réalisation : « Waiting For Tina - À la recherche de Tina Aumont ». Voici les liens sur lesquels vous pouvez cliquer :
Waiting For Tina - À la recherche de Tina Aumont from Hermon de Vinon on Vimeo.
* L’intro et la fin du clip sont très polar… L’utilisation d’un casque ou système hi-fi stéréophonique est recommandée pour une écoute musicale optimale". * À écouter également : l’intégrale de leurs ouvrages : Jean Azarel-Hérold Yvard https://soundcloud.com/jahy1
POP-ROCK. PINK FLOYD “LIVE AT KNEBWORTH 1990”
Sortie le 30 avril chez Warner. La performance historique du Silver clef awards winners à Knebworth en 1990 est disponible pour la première fois en CD, double-vinyle et sur toutes les plateformes digitales. Avec notamment : Comfortably numb, The Great gig in the sky et Wish you were here. Le concert monumental des Silver Clef Award Winners à Knebworth incluait Pink Floyd en tête d’affiche d’une programmation all-stars incluant Paul McCartney, Dire Straits, Genesis, Phil Collins, Mark Knopfler, Robert Plant (avec Jimmy Page), Cliff Richard, Eric Clapton et Tears For Fears. Près de 120 000 fans ont assisté au spectacle donné par ces géants du rock sur l’imposante scène de Knebworth, en soutien à l’organisation caritative Nordoff Robbins et dont les bénéfices ont été reversés à la BRIT School. Le concert avait été retransmis par MTV.
MES DISQUES COLLECTOR (la bibliothèque)
ISLE OF VIEW des PRETENDERS
(enregistrement live en studio à Londres en 1995). Mon CD collector de la semaine, est un monument de délicatesse et d’émotion. Isle of view c’est avant tout la superbe voix de Crissie Hynde fondatrice des Pretenders associée pour une émission TV à Londres, au quatuor Duke en 1995. Et avec la talentueuse Louisa Fuller au violon sur Sens of purpose. On y trouve aussi Private life avec cet incroyable son de guitare acoustique semblant cirer la voix de Crissie Hynde comme pour la transformer en bijou serti d’or. Tout comme I hurt you et Isle of view qui donne son nom àl l’album. Bref, un album incroyable et merveilleux - parmi mes préférés de la nuit des temps - où toutes les chansons sont belles tout simplement et empreintes d’émotion. Car il y a un esthétisme fou dans la voix de Crissie qui nous prend aux tripes comme lorsqu’on est amoureux. Tout est parfait. Génial pour la route, seul , au volant, le soir au couchant…. J.-P.T PS : Si vous avez l’album en vinyle, il atteint les 200€.
GWENDAL Mon Joli scooter (1977)
- Quelle arrivée tonitruante dans le paysage musical français – mais d’abord breton - que celle de Gwendal, groupe nantais de fusion jazz-rock, aux accents celtiques au cœur des années 70. Comme du Pink Floyd qui aurait croisé le barde Glenmor, puis tapé le bœuf avec le violoniste Jean-Luc Ponty pour transformer les vieilles légendes de Cornouailles en musique. D’ailleurs, la magnifique couverture du 33 tours est signée Henki Bibal – pointure mondiale de la BD aujourd’hui - et on y voit tous les mystères de la lande bretonne avec ces vieilles en coiffe se baladant courbées, entre des dolmens et menhirs pris dans le brouillard. C’est cette atmosphère que Bruno Barre (violon), Youenn Leberre (flûtes & bombardes), Jean-Marie Bernard (guitare), Roger Schaub (basse), Ricky Caust (mandoline) et Arnaud Rogers (batterie) restituent dans leur discographie. A découvrir !
J.-P.T
666 APHRODITES CHILDS (double 33ts - Vertigo)
- Nous sommes en juin 1972. Quel choc ai-je eu lors de la sortie de ce double album baptisé 666 relatant l’Apocalypse de Jean, composé par Vangélis Papanathassiou, avec la voix extraordinaire de Demis Roussos portant les paroles de Yannis Tsarouchis (en grec) et de Costas Ferris (en anglais), la batterie de Lucas Sideras, la guitare de Silver Koulouris ; bref les Aphrodite’s childs interprètes du célèbre It’s five a clock qui résonne toujours dans le monde entier. Mais ce sera leur 3ème et dernier disque. On ne retrouvera plus ensemble ces belles voix planantes haut perchées, mélodiques et magnifiques, célestes et provocantes par moment… Mais pour l’occasion de ce disque devenu légendaire, quelques guests de haut niveau avaient été invités à l’image du violoniste-saxophoniste de Zoo Michel Ripoche, et de l’extraordinaire actrice-chanteuse Irène Papas dont le fameux vocal Infinity simulant un orgasme sur fond de percussion ferait toujours rougir aujourd’hui. 666, c’est un mix de morceaux très différents des uns des autres allant du hard rock au psychédélique avec un zeste de référence au diable. Ce qui valut à l’album d’être censuré dans certains pays. Mais bien plus que le diable, c’est la jouissance vocale jubilatoire d’Irène Papas qui aura gêné les bien-pensants… Un disque qui n’a pas pris une ride !!!
Jean-Pierre Tissier
CROSBY, STILLS, NASH & YOUNG : 4 A WAY STREET
- Cet album de légende n’est pas un simple 33 tours d’époque, comme les autres, mais bel et bien deux 33 tours « historiques » enregistrés en public au Fillmore East de New York le 2 juillet 1970, au Chicago auditorium le 5 juillet 1970, et au Forum de Los Angeles le 26 juin 1970. David Crosby, Stephen Stills, Graham Nash et Neil Young, malgré des tensions entre eux, et une séparation temporaire du groupe, sont alors à l’apogée de leurs talents vocaux… et politiques. On retrouve ainsi le merveilleux et éternel morceau magnifique qu’est « Ohio » empreint de gravité et d’émotion, car ce titre écrit par Neil Young, est inspiré de la fusillade de Kent State University où quatre étudiants ont été tués par des policiers lors de la répression d’une manifestation le 4 mai 1970. Si vous n’avez jamais entendu ce double album, partez à sa découverte, car c’est toute l’histoire des Etats-Unis en 1970 qui s’y déroule, comme un prolongement de mai 68 en France, et trouve encore un prolongement navrant et triste aujourd’hui, avec l’assassinat de George Floyd par un policier à Minnéapolis. Ce double 33 tours « A Way Street » est incontestablement celui que je prendrais avec moi sur une ile déserte, s’il n’en fallait qu’un !
Jean-Pierre Tissier

LÉO FERRÉ & ZOO « LA SOLITUDE » (1971).
En janvier 1970, à l’Olympia à Paris, (c’était mon premier reportage photo pour Télé Magazine) Léo Ferré était venu voir les Moody Blues dans le cadre du festival 333 réunissant de nombreux participants du festival de Woodstock dont Richie Heavens, Rory Gallagher & Taste, Renaissance, Family, Yes… et les Moody Blues, alors N°1 des ventes avec Nights in white satin. Après bien des incidents techniques, il était 1 heure du matin quand ces derniers sont montés sur scène, devant un Léo fatigué comme tout le public, mais qui avait une idée derrière la tête… Et il l’évoque d’ailleurs dans son titre C’est Extra avec la laconique phrase « Les Moody blues qui s’en balancent… ». Incontestablement, l’éventuel projet avec les auteurs du légendaire « Nights in white satin » ne verrait jamais le jour et c’est avec le formidable groupe français Zoo - sans leur chanteur habituel Joël Daydé – que Léo Ferré se lancera dans la pop-music en 1971 pour un 33 tours qui n’a pas séduit les puristes de l’époque. Mais moi, amateur de fusion des genres, OUI ! Car il y avait, outre les textes magnifiques de Léo Ferré, des musiciens de très haut niveau dans ce Zoo là avec Michel Hervé (basse), André Hervé (orgue, guitare électrique et piano), Christian Devaux (batterie), Daniel Carlet (saxs, flûte et violon électrique), et le très éclectique violoniste Michel Ripoche qui avait la particularité incroyable d’avoir été sélectionné en équipe de France de football lorsqu’il était junior et évoluait au FC Nantes. Il avait le choix entre passer pro ou devenir musicien pro ! Et il a choisi la musique. D’où le début d’une courte amitié avant qu’il ne parte au Brésil rejoindre pour un temps Clayton Thomas fantastique chanteur de Blood, sweat & tears pour y marier futbol et musique. Et pour avoir eu le plaisir de voir Ferré à la Mutualité à Paris pour le concert de la fédération anarchiste, et Zoo en concert sous d’autres cieux plus rock, permettez-moi d’écrire : quelle belle époque !
J.-P.T
THE BEATLES
Sorti en 2013. Les Fabulous four de Liverpool ont participé à de nombreux shows à la BBC de mars 1962 à juin 1965. Ce double CD propose pas moins de 63 titres sur les 88 qu’ils ont proposées aux auditeurs de la plus célèbre radio du monde. Celle qui a propulsé les Kinks, les Who,les Stones.. mais aussi les Monty Phyton. On retrouve, outre leur répertoire, les voix de John, Paul, George et Ringo entre les morceaux. Un vrai document !
J.-P.T
JOHNNY RIVERS et son légendaire titre de 15 minutes John Lee Hooker enregistré en 1965 en public au Whisky a gogo à Los Angelès (USA).
- Sûr que là, je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître… C’était pile-poil le mien, quand ce disque de Johnny Rivers a mis le feu et le frisson chaque soir dans les boites bretonnes pendant l’été 1969 dès que les premières notes d’égrenaient sur la platine. Un rythme de blues lent qui petit à petit grandissait avec de faux-airs du Baby please don’t go de Van Morisson et des Them, et du Satisfaction des Stones, à la façon d’un titre précurseur du Rock’collection de Laurent Voulzy… 30 ans plus tard ! Car Johnny Rivers était parfaitement inconnu en France, hormis du ceux qui avaient eu la chance de le découvrir en 1965 à l’Olympia à Paris, en première partie des Kinks. Mais c’est le Ricain véritable juxe-box des tubes rock, blues, et rythm’n’blues de l’époque qui avait supplanté Ray Davies et ses succès comme All day and all the night ou You really got me… On a dansé comme des fous là-dessus, le temps d’un été, car un titre de 15 minutes sur une radio française, ça ne passe jamais. Mais de temps à autre, un DJ inspiré ou un beau-frère lors d’une soirée festive ressort le 33 tours collector… et ça marche toujours !
J.-P.T
NINE BELOW ZERO LIVE AT THE MARQUEE CLUB
Né en 1979 en prenant pour nom de scène celui d’un titre de Sonny Boy Williamson, Nine below zero est alors composé de Dennis Greaves (guitare), Peter Clark (basse), Mickey Stix Burkley (batterie) et de l’extraordinaire harmoniciste-chanteur Mark Feltham. Ils écument alors pubs et clubs en Angleterre en électrifiant ce blues qu’ils apprécient tant. Le disque enregistré en public au mythique Marquee club est un étendard de la musique anglo-saxonne des années 80. Mélangeant punk, rock et blues. Dans la lignée de Doctor Feelgood, avec en plus la virtuosité animale de Mark Feltham à l’harmonica ; champion du monde du genre Toutes catégories pour moi. Mon idole, quoi ! 40 ans plus tard, ils sont toujours là. En version acoustique ou électrique, c’est toujours un très grand moment. Pour avoir pu les écouter il y a une quinzaine d’années à la cave de Font-Robert à Château-Arnoux, et les interviewer ensuite aux côtés des musiciens locaux de Dirty Water qui avaient assisté à leur concert au Paradisio à Amsterdam dans les années 80, je peux vous assurer qu’il y a eu de l’émotion et de la fraternité musicale en coulisses. C’est ça le rock quand il rejoint le blues.
J.-P.T
MICHEL PETRUCCIANI BOTH WORLDS (1997) Véritable météore du piano jazz, Michel Petrucciani est mort à New York le 6 janvier 1999, à l’âge de 36 ans. Il souffrait depuis sa naissance de la « maladie des os de verre ». Sa carrière musicale et discographique n’aura duré que 19 ans, mais dix-sept albums enregistrés en studio et sept en « live » témoignent de son énergie incroyable, du plaisir qu’il avait sur scène, et de ce toucher délicat sur ce clavier qu’on pensait toujours bien trop grand pour lui, mais qu’il parcourait en s’y allongeant presque parfois, comme pour faire corps avec les notes.. Cet album Both worlds sorti en septembre 1997, et dont je ne me lasse jamais est un événement dans sa carrière car pour la première fois, c’est un groupe dans toute son entité qui est sur scène. Même s’il en est le leader, il ne joue pas les leaders, et se mêle dans l’ensemble comme Blood, sweat and tears dans les années 70. Il est donc entouré de Steve Gadd (batterie), Anthony Jackson (guitare), Bob Brookmeyer (trombone), Flavio Boltro trompette) et Stefano Di Battista (saxophone). Et c’est cette joyeuse troupe que l’on a pu voir au festival Jazz à Manosque d’Ollivier Gérard à cette époque, et quelques années auparavant à Château-Arnoux au Festi-Jazz de Robert Pasquier. Both worlds nous entraine dans un tas d’émotions très différentes comme un voyage musical dans le monde entier avec notamment Petite Louise et le savoureux Guadaloupe.
Le képi de Manosque
Mais Michel Petrucciani, c’est aussi pour moi un souvenir extraordinaire vécu lors de sa venue à Manosque, alors que nous dînions avec ses musiciens tardivement après le concert sur la Place des marchands. La Police est passée pour faire une observation, à la dizaine de personnes présentes – dont votre serviteur JPT - car quelques riverains avaient émis auprès du commissariat une certaine gêne due au bruit des conversations qui en toute honnêteté ne devaient nullement dépasser la norme. C’était encore l‘époque où les policiers avaient un rigide képi. Et Michel Petrucciani du haut de ses 91 centimètres a expliqué, droit dans les yeux, au policier venu demander de baisser d’un ton « qu’il faisait la collection des chapeaux et qu’il lui manquait un vrai képi de la Police Nationale ». Stupeur et silence du groupe qui s’est demandé s’il y avait là de l’ironie provocante ou de la sincérité derrière tout ça… Le policier manosquin ne connaissant pas Michel Petrucciani, je suis allé lui expliquer qui était ce grand pianiste…. Et un quart d’heure plus tard, à ma grande surprise, le policier est revenu sur la Place des marchands pour offrir à Michel Petrucciani le képi de ses débuts dans la Police Nationale. Un instant très fort ! La photo a été immortalisée aussitôt et est parue dans Le Provençal le lendemain. Un immense souvenir !
J.-P.T
ROY BUCHANAN LIVE STOCK
Enregistré en public au Town hall de New York, le 27 novembre 1974. - Bluesman blanc et guitariste virtuose mort bien trop jeune à l’âge de 49 ans en 1988, Roy Buchanan a été un référence du blues teinté de rock dans les années 70. Son jeu de guitare tonitruant et délicat à la fois, fait penser aux accents toniques ou lyriques que pouvaient avoir Alvin Lee de Ten years after, Rory Gallagher de Taste ou Johnny Winter. Ce disque enregistré en public résume parfaitement bien l’émotion qu’il dégageait. Un CD collector empreint d’âme, de spleen et de rêve. Bien dans l’air du temps actuel où la musique fait parmi de nos remèdes au confinement.
J.-P.T
LE CONCERT DE DR FEELGOOD AVEC LEE BRILLAUX ET WILKO JONSON au Southend Kursaal à Canvey island en novembre 1975.
C’est sur cette île de 18,5 km2 au nord de la Tamise qu’est né le nouveau rock anglais. C’est là que Dr Feelgood, mais aussi Gary Brooker et Procol Harum, ont amené ce nouveau son (le Pub rock) qui a remué bien des foules. Ce DVD auquel je suis très attaché retrace un concert de 1975 de Dr Feelgood, avec les historiques fondateurs du groupe que sont Wilko Johnson et le regretté Lee Brilleaux qu’on avait pu voir au festival Jazz à Manosque en 1993, sur le parking de la Villette, un an avant sa mort, avec – excusez du peu - Paul personne et les Blues Brothers le même soir ! Une programmation de l’ami Olivier Gérard à l’époque. Les temps ont bien changé depuis… Au sein de Dr Feelgood, Robert Kane a remplacé Lee Brilleaux au chant et à l’harmonica à la mort de ce dernier, et Steve Walwin en a fait de même peu après pour Wilko Johnson. Depuis plus de 25 ans, avec Phil Mitchel (basse) et Kevin Morris (batterie), le groupe compte donc la même force et pour les avoir vus et interviewés pour Le Provençal à Avignon, Marseille, Gap, Arles… il y a toujours la même énergie sur scène. Un groupe sympa, attachant dont le guitariste Steve Walwing effectue chaque année un tour de l’Angleterre à vélo afin de récolter des fonds pour les enfants handicapés. Il avait d’ailleurs été très étonné que je connaisse cet aspect privé de son personnage, lors d’un après-concert autour d’une bière à Gap. Et cela m’avait valu un très beau moment de journalisme loin des questions habituelles sur le riffs de guitare dont il a le secret sur Down by the jetty. Un DVD empreint de souvenirs et d’humanité.
J.-P.T
LA MUSIQUE DU FILM DE LOUIS MALLE ASCENSEUR POUR L’ÉCHAFAUD PAR MILES DAVIS. Enregistrement édité par Fontana.
« Ce CD a été enregistré en décembre 1957 à Paris dans l’amphithéâtre de la Sorbonne, comme me l’a raconté au dans les années 70, le comédien Maurice Ronet, partenaire de Jeanne Moreau dans le film, lors d’une séance photo à son domicile parisien pour Télé magazine. Le film était projeté sur grand écran dans l’amphithéâtre et Milles Davis accompagné par Barney Wilen (sax), René Urtreger (piano), Pierre Michelot (basse) et Kenny Clarke (batterie) jouait en improvisant sur les scènes qui défilaient devant lui, en noir et blanc. C’était la nuit, et l’ambiance était très détendue. Jeanne Moreau était là. A un moment, Miles Davis - lors de la séquence « Diner au motel « - a perdu un petit morceau de peau de sa lèvre supérieure. Et ce bout de peau s’est coincé dans l’embouchure de sa trompette. Néanmoins, il a continué à jouer avec ce vibrato inattendu… Il a même demandé à Louis Malle s’il voulait qu’on recommence pour que ce soit plus propre, mais ce coup du sort s’est transformé en coup de génie. On est resté sur cette prise. » Un disque toujours aussi magique à écouter.
Il existe aussi – toujours chez Fontana – un vynile 33 tours consacré au Jazz sur l’écran sur lequel on trouve face A Ascenceur pour l’échafaud avec dix morceaux choisis parmi les 26 séquences musicales du film. Et sur la face B, des extraits de bandes originales de deux films d’Edouard Molinaro : Des femmes disparaissent enregistré par Art Blakey et les Jazz Messengers et Un témoin dans la ville avec une BO composée par Barney Wilen.
L’ambiance y est autant blues que jazz, et j’ai eu le grand plaisir de pouvoir me faire dédicacer ce disque par Art Blakey lui-même sur un coin de table de La Bonne Etape, le beau restaurant étoilé de la famillle Gleize à Château-Arnoux, lors d’un déjeuner fantastique en tout petit comité aux côtés de mon « modèle », le regretté André Francis, mythique journaliste créateur de « Pour ceux qui aiment le jazz » sur Paris Inter. C’était quelques heures avant le concert d’Art Blakey à FestiJazz, le très grand festival imaginé dans les années 80 à la Ferme de Font-Robert par Robert Pasquier et sa bande.
Jean-Pierre Tissier
« BLUE & LONESOME » OU L’ADN DES STONES DE WILLIE DIXON À HOWLIN WOLF
- Ce n’est certes pas le plus connu de leurs albums, mais c’est peut-être celui dont ils rêvaient juste pour eux seuls, comme une brioche qu’on s’enfile au petit matin entre potes parce qu’on en a envie tout simplement, et les férus de blues, dont nous faisons partie. « Le blues est notre ADN affirment depuis longtemps Keith Richard et Mick Jagger, et avant eux, le regretté Brian Jones qui tape le bœuf depuis longtemps assis sur un nuage avec Robert Jonson, BB King, John Lee Hooker, Willie Dixon, Muddy Waters, et tant d’autres. Tous ceux qui sont - avec les voix de Bessie Smith, Sarah Vaughan, ou Billie Holiday – aux racines du blues et de la condition des noirs aux USA. Et il suffit de revoir le très beau film qu’est Greenbook pour comprendre tout ce que cette musique à de chair de poule et de frisson dans son sang. Au travers de ce CD réalisé en trois jours à la mi-décembre 2015, les Stones - car Ron Wood et Charlie Watts étaient là-aussi - n’auront pas occupé la tête des charts, mais se sont souvenus qu’en 1962 à leurs débuts, ils jouaient du Chicago blues. Et que cette musique- là n’a pas besoin des grands stades ras de public jusqu’à la gueule pour exister. Une cave, des grattes, quelques bonnes bières, une voix plutôt dirty , quelques harmonicas (Eh oui, ça change parfois de tonalité pour les diatoniques !) et des potes ; c’est ça le blues ! Entre espoir et mélancolie, entre amour et tristesse. La vie quoi !
J.-P.T
BLUES & POLAR RIME AVEC GALLIMARD CHEZ BUE NOTE
Avec le temps libre dont on dispose actuellement, contraint et forcé, via notre confinement, il suffit parfois de soulever quelques piles de livres ou de vieux CD pour dénicher une perle. Ainsi cette édition spéciale du label Blue Note alliant Blues & Polar (avec l’esperluette) qui a inspiré notre logo il y a 18 ans. Cette initiative géniale est née de l’esprit jazzy du journaliste-écrivain-épicurien ancien de Nice-Matin et amateur de bon vin, Patrick Raynal, directeur de la Série noire chez Gallimard de 1991 à 2004. Pour ce CD compilation célébrant les 60 ans du label Blues Note fondé en 1939 par Alfred Lion - émigré allemand fuyant l’Allemagne nazie et passionné de jazz – on retrouve Miles Davis et Cannonball Adderley dans « Les feuilles mortes » enregistré en mars 1958, T-Bone Walker et son « Stormy Monday » (version originale de 1947), Memphis Slim, Muddy Waters, John Lee Hooker, Herbie Hancock, Dexter Gordon, Art Blakey, John Coltrane dans « Blue train » enregistré en 1957, et aussi Jimmy Rogers pour un « That’s allright » qui nous met tous d’accord. 72 mn et 34 s de bonheur absolu entre joie et mélancolie ; mais surtout espoir !
J.-P.T
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« Mourir m’indiffère parce que je ne me lasse pas de vivre ». Le philosophe Edgar Morin qui vient d’avoir 102 ans
« Dans la vie, c’est un gros avantage de ne rien y connaitre. L’important c’est de ne pas en abuser. » Jean d’Ormesson
« Le rêve, c’est la voie royale pour l’accès aux rêves de l’inconscient. » Sigmund FREUD
« La musique, c’est une thérapie douce ; une façon de donner et de recevoir. » Souad MASSI
« Toute ma vie je me suis fait une certaine idée de la France ». Le général de Gaulle.
« Je crois à la victoire du oui sur le non, du plus sur le moins… Je suis un positif. » (Claude Lelouch cinéaste )
« Sans parole, il n’y a plus d’humanité. » Roger Pol-Droit (philosophe)
« Si vous voulez que vos enfants soient intelligents, lisez-leur des contes de fées ». Albert Einstein
« La démocratie, c’est quand quelqu’un se présente à votre porte à 6 heures du matin et que vous êtes sûr que c’est le laitier... » Winston Churchill.
« C’est difficile d’expliquer aux gens que le soleil se lèvera demain, qu’on perde ou qu’on gagne » Lionel Scaloni sélectionneur de l’équipe d’Argentine de football.
« On prend la nature comme des Toilettes » Antonio Guttieres Secrétaire général de l’organisation des nations unies (ONU) depuis 2017
« Je ne suis pas un écrivain de l’imagination. » Sylvain Tesson
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. » Albert Londres, journaliste grand reporter référence de la profession.
« S’émerveiller, c’est ne jamais s’habituer ». L’écrivain et penseur Christian Bobin auteur de « Le Très bas » chez Gallimard disparu le 24 novembre 2022.
« La poésie, c’est de l’huile essentielle de sens. » Philippe Torreton (comédien auteur de L’anthologie de la Poésie française)
« Dans un cimetière, il y a autant d’histoires que de tombes. » Alain Mabanckou (écrivain)
« Un homme ça s’empêche. » Albert Camus.
« Il ne suffit pas d’être un grand homme, il faut l’être au bon moment » Georges Pompidou.
« Résister, c’est exister ! » Germaine Tillion (1907-2008) Résistante entrée au Panthéon le 27 mai 2015 en même temps que Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Jean Zay et Pierre Brossolette
« La seule arme que je tolère c’est le tire-bouchon ». Jean Carmet, comédien
« Le présent est un immense souvenir... Une vague carnivore dévorant jusqu’à l’au-delà et que tout homme en état de manque peut connaître ». Michel Ivonio, poète
« J’ai un rapport à la fois de conflit et d’amour avec les mots parce que j’ai toujours peur de les utiliser à mauvais escient ». Roxane Arnal, chanteuse
« Je crois aux actes et non aux grands mots » Antoine de Saint Exupéry
« La peau de l’agrume, c’est le sourire du parfum » Jean-Claude Ellena nez d’Hermès.
« Sans présomption d’innocence il n’est plus de justice. Ce serait le retour du pilori du Moyen âge de triste mémoire. » Alain L’hôte Avocat au Barreau de Marseille.
« Le parfum n’est pas un luxe, ou alors il est le plus indispensable des luxes ! » Jean Giono extrait de « De Certains parfums ».
« Quand le talent parle, il n’y a ni journalistes ni romanciers. Il y a des écrivains" Joseph Kessel
« La France est un pays de gens heureux qui adorent se sentir malheureux. » L’actrice iranienne Zar Amir Ebrahimi Prix d’interprétation au festival de Cannes, pour Les Nuits de Masshad d’Ali Abbasi, exilée en France depuis quatre ans car menacée dans son pays par les intégristes et le Régime.
« Si on veut comprendre la France, il faut aller sur le terrain ; pas voir des films ! J’ai réalisé une fiction. » Cédric Jimenez réalisateur du film Bac Nord.
« Plus vous avez de racines, plus vous ouvrez les bras ! » (I Muvrini).
« Nos racines sont-elles des démons dont on ne peut se débarrasser ? » Blues & polar
« Vous verrez qui je suis quand je n’y serai plus » Victor Hugo
« La vie est une bulle de savon. » Sylvain Tesson
« L’humanité qui perd sa mémoire est condamnée à mourir de froid » Pierre Schoenderfer
« Un pilote ne meurt jamais, il s’envole juste et ne revient pas. » Antoine de Saint Exupéry.
« Douter de tout ou tout croire sont deux solutions également commodes qui, l’une comme l’autre, nous dispensent de réfléchir. » Poincaré
« Quand le monde va mal, on fait avec ce qu’il reste de meilleur… » Sting (Police). « On compare parfois la cruauté de l’homme à celle des fauves, c’est faire injure à ces derniers. » Fédor Dostoïsevski
« La vérité doit s’imposer sans violence » Léon Tolstoi
« Le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre. » Nelson Mandela"
« J’aime les gens fêlés car ils laissent passer la lumière » Michel Audiard
« Continuer à rêver même en étant adulte, c’est le propre de l’artiste. » Youssef Hadji acteur
« Il faut être intransigeant sur les valeurs, mais il faut vivre avec son voisin » Albert Camus
« La fiction est le bras armé des idées » le cinéaste Robert Guédiguian
« Le piano ça permet de vous embarquer ; c’est comme une invitation au voyage » la pianiste Anne Queffélec
« Pour devenir centenaire, il faut commencer jeune » René de Obaldia mort à 103 ans le 27 janvier 2022
« Le disco correspond à nos envies de fête » Rebecca Manzoni dans Pop & Co sur France Inter
« La musique exprime ce qui ne peut être dit et sur quoi il est impossible de rester silencieux » Victor Hugo
« Les prévisions sont difficiles, surtout quand elles concernent l’avenir. ». Pierre Dac
« Ah ! Que de volumes n’écrirait-on point, si l’on voulait dénoncer les ravages causés par la connerie absolue. » Boris Vian (manuel de Saint-Germain-des-Prés)
« Je viens d’une île où les hommes ne coupaient jamais un arbre sans faire le signe de croix ; et quand ils en coupaient un, ils en plantaient trois. » Jean-François Bernardini, voix du groupe corse I Muvrini.
« Se rendre compte qu’on est vieux, c’est entendre Nirvana sur Radio Nostalgie. » Un auditeur de France Inter
« On est tous frères quand on fait de la musique. » Bernard Lavilliers.
« La nostalgie, c’est ce qui fait avancer. » Régis Debray.
« Quand on prête l’oreille ; tout s’entend ! » Augustin Trapenard
« Quand les types de 130 kg disent certaines choses, les types de 60kg les écoutent. » Michel Audiard
« Je viens d’une île où les hommes ne coupaient jamais un arbre sans faire le signe de croix ; et quand ils en coupaient un, ils en plantaient trois. » Jean-François Bernardini, voix du groupe corse I Muvrini.
« Aujourd’hui, les footballeurs sont devenus de la chair à canon. Un chanteur qui se fait traiter d’enculé pendant tout son concert, continuerait-il à chanter ? » Eric Di Méco ancien international et joueur de l’OM, consultant radio-TV.
« Les mots sont une caresse ; mais un cerveau seul s’appauvrit, on a besoin de l’autre pour progresser. » Boris Cyrulnik, neuropsychiatre.
« Marcher à la baguette n’est pas vraiment dans le tempérament français et jouer à l’unisson ferait injure à leur liberté d’expression. Il serait peut-être urgent de consentir à accorder nos violons » Jean-Louis Piétri, ex-policier auteur de polar.
« La laïcité résiste au temps et c’est pour cela que les religions doivent s’y adapter et non le contraire. » Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire de la laïcité.
« Pour redonner envie aux gens de venir dans les restaurants, il faudra arrêter l’esbrouffe et être dans le partage » - Dominique Frérard, chef étoilé du restaurant des Trois Forts au Sofitel Marseille.
« L’art peut exalter le changement. J’espère qu’il le fera ». Robert Guédiguian, cinéaste.
« ’Ecrire,c’est se rappeler du temps qu’il faisait... de l’odeur de son cou...Il faut tout se rappeler . Il faut toujours écrire. »- Amy Winehouse chanteuse de rythm & blues morte le 23 juillet 2011
« Ecrire, c’est envoyer une bouteille à la mer. L’écrivain ne sait qui le lira, ni quand il sera lu. A l’inverse, parler c’est dédier sa parole à ceux qui vous écoutent ici et maintenant dans l’instant du discours. » - Bertrand Périer, avocat au Conseil d’Etat et coach du film A Voix haute.
« Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait ! » Mark Twain
« Juger, c’est déjà ne pas comprendre. » - André Malraux, écrivain, ministre de la Culture.
« Il n’y a rien qui ne puisse nous faire baisser les yeux, plier les genoux, et lâcher le crayon ! » - Pierre Bergougnoux, professeur d’histoire de la création littéraire aux Beaux-Arts de Paris.
« L’avenir, c’est le désir ; pas la peur ! » - Patrice Chéreau, metteur en scène.
« Pour moi, la vie est une larme de toutes les couleurs et de tous les états. » - Arno, chanteur belge.
« La vraie foi, c’est modeste, c’est silencieux, et ça fait pas de bruit. » - Éric-Emmanuel Schmitt, écrivain-auteur de pièces de théâtre.
« Les mélodies améliorent la vie. » - Erik Truffaz, trompettiste.
« J’ai reconnu le bonheur au bruit qu’il a fait en partant. » - Jacques Prévert, poète.
« On ne peut pas vivre heureux avec la peur. Et contre la peur, il n’y a que l’espoir ! » - Kheiron, humoriste.
« Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde ! » - Albert Camus, écrivain. (Phrase initiée par la pensée de Brice Parrain sur une philosophie de l’expression 1944).
« Le blues est un frisson convulsif qui touche le bas-ventre. » - Robert Johnson, bluesman.
« Sans les livres, on ne serait pas ce qu’on est ! » - Elisabeth Brami, écrivain-psychologue.
« Je n’ai pas la foi : j’ai l’espérance. » - Jean D’Ormesson, écrivain.
« Les épices sont à la cuisine, ce que la ponctuation est à l’écriture et à la littérature. » - Olivier Roellinger, chef cuisinier.
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DOROTHEE OLLIERIC grand reporter France 2 & JEROME LOUBRY auteur de thrillers |

MARS 2023
DOROTHÉE OLLIÉRIC Grand reporter à France 2, Dorothée Ollliéric vient de publier « La Guerre au féminin » aux éditions Tallandier. Un parcours étonnant et une évocation plus que méritée de toutes ces femmes combattantes dans tous les sens du terme. Elle est mon invitée en cette Journée internationale des Droits des femmes. Elle repart en Ukraine le 3 avril. Sois prudente Dorothée !
1. BLUES & POLAR. “La Guerre au féminin » sorti le 1er mars 2023 aux Editions Tallandier est un livre consacré aux femmes combattantes dans les divers corps d’Armée. Qu’est-ce qui a suscité l’écriture de ces nombreux hommages et pourquoi un livre quand on travaille déjà avec les images pour la Télévision ? DOROTHÉE OLLIÉRIC “ Tout d’abord, ça fait très longtemps que je croise des femmes sur les nombreuses guerres que j’ai couvert pour France 2 et j’ai eu envie de raconter leur histoire car - comme moi – il y en a beaucoup qui sont mères de famille. Et même si certaines sont dans des fonctions logistiques de transports divers allant de la cuisine aux munitions, elles sont susceptibles de tomber dans des embuscades en terrain hostile. Et là, elles peuvent se muer en vraies combattantes. Je voulais donc aller plus loin avec elles avec ces différents portraits. Je voulais par exemple savoir s’il y avait du harcèlement envers elles dans un monde militaire encore terriblement masculin ? Elles se sont livrées en toute sincérité car le stress post-traumatique ça existe et ça fait du bien d’en parler. J’avais déjà fait en 2020 un Documentaire sur le Régiment du Train voué à la logistique qui descendait sur Gao au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane, et il y avait des femmes qui avaient toutes eu une vie avant. Certaines travaillaient dans des cantines scolaires en France et je suis donc allée les interviewer pour ce livre, après chez elles, sur place. Et j’ai tout enregistré et pris des notes sans aucune caméra. J’ai décidé de les faire parler en écrivant à la première personne, mais j’aurai pu écrire dix livres. C’est vertigineux quand on commence à rédiger, car la télé c’est autre chose, mais ça devient agréable au fil des lignes. Ce livre je l’ai fait pour elles ! »
2. BLUES & POLAR. Comment es-tu arrivée à être Grand Reporter sur les guerres et conflits du monde entier pour France 2 et te souviens-tu de ton premier reportage sur un front ?
DOROTHÉE OLLIÉRIC. « Je suis arrivée très jeune à la Télévision. C’était en 1990 pour un stage d’été. Et je suis restée. Mais en 1992, je suis allée voir la Direction pour solliciter un poste au Service Etranger du Service Public. A l’époque, il n’y avait as les chaines d’info en continu, et je n’ai pas eu à batailler pour y arriver. Il y avait beaucoup d’hommes évidemment et Marine Jacquemin, et j’ai tout appris sur le terrain ! Avec les vieux de la vieille qui avaient de l’expérience car on travaille en équipe, toujours. Mon premier contact avec les conflits c’est au Cambodge pour la relève des Casques bleus français dans le cadre du processus de paix. Mais mon premier terrain difficile c’était juste après avec l’Angola. Alors parfois on a des idées noires sur place, mais il faut vite les chasser. Pendant longtemps, il n’y avait rien pour l’après-mission en reportage. Et surtout pour les filles qui sont aussi des mères de famille et voient des horreurs. Mais depuis une quinzaine d’années, il y a régulièrement des suivis psychologiques même pendant la mission. On a un numéro psy qu’on peut joindre 24 h sur 24 par SMS pour toute l’équipe. On se soucie beaucoup plus du retour désormais. Je n’y ai jamais eu recours pour l’instant, car mon psy c’est maman. Elle a 82 ans et elle m’écoute comme quand je faisais le mur, gamine, pour sortir. »
SES PHOTOS DU FRONT EN UKRAINE : 1. Seule dans une tranchée dans le Donbass. 2. Avec son équipe dans les tranchées. Devant Oksana Meuta (fixeuse). Derrière : Regis Mathé (cameraman), Dorothée Olliéric et à droite Orest (officier ukrainien). 3. Avec Olga, l’artilleuse.
3. BLUES & POLAR. Hubert Beuve-Méry fondateur du quotidien Le Monde disait qu’un bon journaliste « c’est avoir le contact et la distance ». Toi, en revanche tu nous a touchés et émus aux larmes sur France 5 avec cette petite fille afghane de 13 ans à qui tu as évité un mariage forcé avec un homme bien plus âgé. C’est ta manière de pouvoir rester indemne devant tant de folie ? DOROTHÉE OLLIÉRIC « Prendre beaucoup de distance sur les reportages, c’est très dur pour moi. J’ai besoin de donner confiance aux personnes que j’interviewe, pour avoir de la sincérité dans les propos tenus par ces femmes, ces enfants, et des hommes aussi. Mais il y a beaucoup de larmes quand même. Tu sais Jean-Pierre, il faut être forte pour encaisser tout ça. Moi ça me déchire le cœur pour les enfants ces situations de mariage forcé en Afghanistan ; d’impossibilité d’étudier à l’école pour les filles… Mais la beauté de ce métier c’est que l’on fait des rencontres extraordinaires. On a donc des échanges très forts, et pour obtenir ça, je ne me blinde pas ! Au contraire, il faut de l’empathie, aimer les gens… Pour sauver cette petite fille promise à un vieux ça nous a demandé beaucoup d’énergie, mais on a réussi grâce à l’association « Too young, to wed » (Trop jeune pour se marier) qu’il faut soutenir et aider. »
La Question + Le Blues pour toi, c’est une musique ou un état d’âme ? DOROTHÉE OLLIÉRIC « Les deux mon général ! Ca me fait penser à la saudade du Cap-vert... Mais ça me rappelle surtout quand j’étais en reportage à Nashville aux Etats-Unis. Il y avait de la musique comme ça partout. J’aime mais je ne connais pas vraiment les noms des artistes. En revanche, le blues on l’a parfois quand on est en reportage. Là, j’ai le Blues de l’Ukraine d’où je suis arrivée il y a une quinzaine de jours, et j’y repars le 3 avril. Je viens d’avoir mon fixeur là-bas. Tout est réglé. »
Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier
FÉVRIER 2023 JÉROME LOUBRY

Auteur de thrillers haletants et passionnants (Les Chiens de Détroit, Le Douzième chapitre, Les Refuges, De Soleil et de sang, Les Sœurs de Montmorts) il vient de sortir « Le Chant du silence » son sixième roman chez Calmann-Lévy. Déjà venu au festival Blues & Polar à Manosque, il est mon invité du mois pour l’Interview en 3 questions.
1. BLUES & POLAR. Jérôme, tu es déjà à ton 6e thriller, comment ce Chant du silence a-t-il pris corps ? C’était une idée qui trottait depuis longtemps dans ta tête ? Jérôme LOUBRY. « C’est effectivement mon sixième ouvrage et toujours chez Calmann-Lévy. Mais je suis parfaitement entouré dans cette maison d’édition, et je m’y sens bien. Néanmoins, cette fois-ci, il s’agit plutôt d’un roman noir. Je parle notamment des silences qui s’installent parfois pendant l’adolescence entre parents et enfants, et qui peuvent créer des choses graves pour la suite. Et dans ces cas-là, il faut toujours un coupable. Là, c’est un ado qui justement déteste son père, et doit se rendre à ses obsèques. Et une fois sur place, il réalise autre chose. C’est une histoire qui m’est venue naturellement car j’ai un fils de 14 ans et je me suis souvent posé la question « Comment me perçoit il ? » Et ça m’a donné envie d’écrire sur cette perturbation que tout le monde ressent. J’aborde aussi des aspects sociétaux sur les villes portuaires et l’environnement. Et j’évoque un problème dont la Presse a parlé il y a peu : les fameuses « larmes de sirènes » ces billes de pastilles microscopiques qu’on retrouve dans l’estomac des poissons. J’avais envie de me poser un peu dans la manière d’écrire, de dépasser le polar, d’être plus mature, de rentrer dans la psychologie de personnages. De mieux écrire en fait. Car moi, je n’ai pas d’inspecteur ou de commissaire héros menant l’enquête. On est trop vite pris au piège. »
2. BLUES & POLAR. Es-tu toujours un adepte de la fiction totale ou t’inspires-tu du réel au moment d’écrire une histoire ? Jérôme LOUBRY. « Franz Kafka a écrit « Les sirènes ont un pouvoir encore plus fort que leur chant ; c’est leur silence ! ». Moi je préfère être libre de A à Z et j’ai choisi la fiction totale jusqu’à présent, sauf pour « De Soleil e de sang » où j’ai parlé de la situation des enfants prisonniers de la guerre des gangs en Haïti. J’invente tout, et d’ailleurs quand je suis en train de finir un bouquin, j’ai toujours les prém »ices de l’autre qui se profilent… Le cerveau interfère. »
3. BLUES & POLAR. Comment écris-tu ? Tu es un adepte de l’ordinateur ou du carnet avec un crayon de papier comme René Frégni ou moi ? Jérôme LOUBRY. « Non, j’écris à l’ordinateur sans plan et sans note. Je visualise mon livre comme un film et je m’installe. Ça peut être n’importe quand et à n’importe quelle heure. Mais j’écoute toujours de la musique pour me mettre dans l’ambiance et adaptée à la situation. Classique quand c’est plutôt calme, mais ça peut aller au rap ou au hard-rock, si ça va bouger. Mais j’éteins pour écrire dans le silence. »
LA QUESTION +. Tu écoutes quoi en ce moment ? Jérôme LOUBRY. « De tout ! Mais vu ce que je prépare, on est plutôt seventies avec les Doors et Jefferson Airplane. »
Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier
JANVIER 2023 AGNÈS NAUDIN

Capitaine de police et porte-parole du syndicat FSU Intérieur, auteure de plusieurs ouvrages sur les dysfonctionnements au sein de l’institution policière et présente au 18e festival Blues & Polar à Manosque pour ses enquête sur les enfances perdues, les affaires de famille, d’ados, et celle sur les disparitions ces fameux « cold case » toujours non-résolus en France, Agnès Naudin met une nouvelle fois « les pieds dans le plat » telle une lanceuse d’alerte avec son nouvel ouvrage « Police : la loi de l’omerta » co-écrit avec son collègue Fabien Bilheran.
Six policiers issus de différents services y témoignent à visage découvert et dévoilent les défaillances et les infractions commises au sein de l’institution (racisme, harcèlement, violences, corruption, faux en écriture publique…). Ces témoins révèlent en particulier les mécanismes mis en place par l’administration pour tenter d’étouffer les affaires et isoler ceux qui s’insurgent contre certaines pratiques.
1. BLUES & POLAR. Avec ce nouveau livre « POLICE : la loi de L’Omerta » est-ce que tu deviens officiellement une « lanceuse d’alerte » au sein de l’institution ? Agnès NAUDIN. « Pas encore ! Mais j’ai fait une demande officielle en ce sens auprès du Défenseur des Droits car on a commencé à me chercher des « noises ». En pratique, j’ai toujours eu envie de quitter Paris pour vivre à la campagne dans les Alpes-de-Haute-Provence. J’ai donc formulé une demande en son temps, car je dépends toujours de Paris et j’ai effectivement déménagé l’année dernière. Mais récemment - étrangement le jour de la sortie du livre - j’ai reçu une note qui rendait un avis défavorable à mon déménagement. Et comme je dépends toujours de Paris, je suis passive potentiellement de mesures disciplinaires. Et je vais devoir aller au Tribunal administratif pour ça, si jamais il y a une procédure. »
- 2. BLUES & POLAR. Quel statut aujourd’hui ? Es-tu toujours capitaine de Police en fonction ou en disponibilité ? Agnès NAUDIN. « Je suis toujours en fonction. Et j’ai un boulot de syndicaliste à l’échelon national au sein de la Police. Je suis Porte-parole du syndicat FSU Intérieur qui représente tout le monde, tout corps et tout grade, mais c’est un petit syndicat plus connu dans le monde enseignant. En fait, c’est mon dernier livre sur l’omerta au sein de la Police qui gêne. On savait bien sûr qu’on n’allait pas se faire des copains, mais on a eu avec Fabien Bilheran une démarche transparente. Ce que l’on dénonce, c’est le fait que des infractions soient commises par des policiers (brutalités, racisme, sexisme…) et qu’on s’en prenne à ceux qui dénoncent. » « JE PENSE QUE C’EST MON DERNIER LIVRE SUR LA POLICE » - 3. BLUES & POLAR. Quand tu as écrit « Affaires de famille » ton premier bouquin, est-ce tu te doutais que très rapidement tu aurais déjà 7 livres et une BD à ton actif ?
Agnès NAUDIN. « Oh non ! Rien n’était calculé. Mais là, je pense que c’est le dernier ! J’ai tout dit sur le sujet et c’est un choix ! Cependant j’ai toujours un Polar sous le coude que j’avais commencé il y a quelques années ; mais la fiction, inventer, c’est plus difficile ! »
- LA QUESTION + DE BLUES & POLAR. Je sais que tu as l’oreille musicale et plutôt bon goût, mais qu’est-ce que tu écoutes comme musique en écrivant tous ces bouquins ? Agnès NAUDIN. « Tu vas être déçu. J’écoute beaucoup de mantras, des chants chants indiens ou africains qui vont bien avec le Pays de Forcalquier. Et j’écoute beaucoup Deva Premal, une musicienne et chanteuse allemande connue pour sa musique méditative et dévotionnelle. » Ecoutez-là ! https://youtu.be/qG5ee6Ob6fY
Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier
DÉCEMBRE 2022
L’HARMONICISTE RACHELLE PLAS
Blues & Polar l’a rencontrée à Marseille au Non-Lieu où elle participait au Festival d’accordéon. Elle est l’invitée de l’Interview « 3 Questions à… » du mois de décembre sur le site www.blues-et-polar.com
1. BLUES & POLAR. Rachelle, après cette longue période de confinement angoissante, tu retrouves enfin le public dans les salles et les festivals. Qu’est-ce que tu ressens ? Est-ce pareil qu’avant ?
RACHELLE PLAS. « Non, ce n’est pas pareil. On a du mal à faire revenir les gens dans les salles, mais en revanche, il y a de plus en plus de petits lieux atypiques comme le Non-Lieu à Marseille où l’on est aujourd’hui dans le cadre d’un festival d’accordéon vraiment très ouvert et jazzy. Et là, on retrouve une ambiance conviviale en lien avec le public. Car même si on oublie vite les périodes difficiles, il y a toujours des convaincus qui développent une grosse énergie pour faire des choses. Et d’ailleurs on a joué autant dans des grands festivals que dans des petits lieux très chaleureux. »
2. BLUES & POLAR. Il y a peu de filles harmonicistes, même si ça commence à bouger en Europe et aux USA. Est-ce toujours un combat pour faire connaître ce petit instrument diatonique qui tient dans la poche et qu’on n’enseigne pas au Conservatoire, sauf exception du chromatique, peut-être ? RACHELLE PLAS. « On vient de jouer aux USA, en Allemagne et à Birmingham (Angleterre) dans le cadre du Festival UK d’harmonica. Car là, il y a une école privée qui certifie et délivre un diplôme « Rock School » à des professionnels afin qu’ils puissent rentrer à l’Université de musique où ils pourront étudier la musicologie. Personnellement, je vais dans les écoles fréquemment et je propose – étant ambassadrice Hohner dans le monde entier – des animations autour de l’harmonica de la Maternelle au Collège. Car l’harmonica pourrait être un point commun entre les élèves plus adapté que la flute, mais aujourd’hui c’est le chant choral qui est développé – et c’est très bien – pour retrouver une unité entre les élèves. Mais il faut quand même savoir qu’en 1920, il y a eu un harmonica qui a « défoncé la baraque » et s’est vendu à 19 millions d’exemplaires dans le monde. C’était le « Piano pocket » et on découvre tout ça en allant au Musée Hohner à Trossingen en Allemagne. Cependant il y a eu des femmes qui dans années 20 aux Etats-Unis jouaient déjà de l’harmonica en chantant le blues. Il existe des affiches au musée de Trossingen. Big mama Thornton (photo ci-contre) était la plus célèbre de toutes ces chanteuses-harmonicistes dans les années 50. » Découvrez Big Mama Thornton en « live » avec Aretha Franklin en 1980. Superbe !
_ https://www.youtube.com/watch?v=QoNQHf8x6L8 Et en 1971 pour un « Rock me baby » de folie. https://www.youtube.com/watch?v=LjF-ysKN41Q
3. BLUES & POLAR. Quel est ton morceau préféré à l’harmonica ; celui que tu kiffes toujours malgré le temps qui passe ? RACHELLE PLAS. « J’en ai deux : Isn’t she lovely de Stevie Wonder sorti en 1976 et Orange blossom special de Charlie Mc Coy qui date de 1973. » LA QUESTION + DE BLUES & POLAR. Je crois savoir que tus as un joli projet qui débute sur les ondes de la Radio nationale ? RACHELLE PLAS. « Exact Jean-Pierre ! Dans le cadre du programme jeunesse de France Musique et de l’opération de découverte des instruments via l’émission Les Zins’trus, je vais faire découvrir l’harmonica à la comédienne Emma De Caunes. C’est chouette ! » * Ce podcast jeunesse produit par Saskia de Ville est disponible depuis le 23 novembre sur le site et l’appli Radio France * Nouveauté ! Les Zinstrus sont proposés en son immersif à écouter avec un casque. * Autour de Rachelle Plas d’autres instruments seront proposés à la découverte avec un musicien et un comédien. Ainsi le clavecin avec Benoît Poelvoorde et Jean Rondeau. La voix, avec Laura Felpin et Lucile Richardot Le saxophone, avec Virginie Hocq et Thomas de Pourquery, et le ukulélé, avec Barbara Schulz et Agathe Peyrat. #FranceMusique #Musique #Podcast #LesZinstrus #RadioFrance
Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier
NOVEMBRE 2022
MARINE MAZEAS
La journaliste Marine Mazeas grand reporter à Marianne, spécialiste des faits divers et de la Justice depuis 20 ans vient de publier « L’Aimé meurtrier » aux éditions du Rocher. Un premier livre consacré aux femmes de criminels et de voyous. A ces couples pas comme les autres qui s’aiment à en perdre la raison, 8 femmes ayant cédé à la tentation témoignent. Un livre étonnant où se mêlent romance et drames et où l’écrit est au cœur de ces correspondances incroyables.
1. BLUES & POLAR. Marine, comment vous est venue cette idée de consacrer un livre - explicitement bien nommé « L’Aimé meurtrier » Femmes de criminels et de voyous - à des femmes qui tombent amoureuses de détenus prisonniers et comment les avez-vous découvertes ? MARINE MAZEAS. « Ce premier livre, c’est pour moi la concrétisation d’une année de travail, mais un livre ça n’a rien à voir avec les articles de Presse que j’écris depuis des années sur les faits divers, la Justice ou la société. Et puis un livre, ça a une durée de vie très longue… Ce sujet est venu au fil de ma carrière journalistique, dans le cadre d’articles et dossiers réalisés à Marianne et qui ont suscité de l’intérêt. J’avais déjà réalisé un reportage sur la détention en prison avec deux femmes de détenus. Mais on a tous des à priori sur ce sujet et je voulais, un jour, en savoir plus. Car je savais que ça existait des femmes qui tombent amoureuses de détenus. Puis petit à petit j’ai entendu parler d’histoires qui circulent dans les prétoires, les tribunaux, auprès des avocats, procureurs, juges… et dans la Presse. Et j’ai pu établir une liste de femmes que je pouvais peut-être contacter. Et puis j’avais interviewé la compagne de Patrice Allegre le meurtrier de Toulouse qui a souhaité rester en prison… tout en étant en couple ! Mais elle ne figure pas dans ce livre, car c’est un cas sensationnel bien trop connu. Je voulais des histoires plus ordinaires mais qui sont quand même des sacrées histoires de vie pour ces femmes. »
2. BLUES & POLAR. Ces femmes – dans votre livre - travaillent en prison ou passent par des associations de correspondances aux détenus ? Y-a-t-il l y a encore d’autres schémas ? MARINE MAZEAS. « Ces huit femmes dont je parle dans ce livre ont toutes obligatoirement rencontré leur compagnon par le biais de la prison, car ils étaient emprisonnés. Et elles ont toutes un lien avec la prison du fait de leur fonction (gardienne ou infirmière) et l’une d’elle était jurée au procès de celui qui allait devenir son amour fou. Elles ont de 30 à 70 ans aujourd’hui. Et l’histoire commence par l’écrit toujours, par une correspondance. Cela permet de se découvrir et l’écrit reste, et on peut relire autant de fois que l’on veut. Ça permet d’avoir la personne en face de soi. Et on se livre autrement que par un téléphone portable, qui bien qu’interdit est dans la poche de presque tous les détenus… »
3. BLUES & POLAR. Ces histoires d’amour finissent plutôt mal en général. Mais est-ce qu’il y a néanmoins des exemples de réussite ? MARINE MAZEAS. « Elles ne finissent pas toutes mal, car sur les huit, seules deux se sont séparées vraiment de leur compagnon. Et une autre a vécu 40 ans avec son compagnon détenu. Les deux qui se sont séparées d’avec leur compagnon n’éprouvent cependant ni ressentiment, ni regret, car elles ont aimé ces hommes. Pour celle qui correspondait avec un détenu emprisonné dans le couloir de la mort aux USA, puis qui est partie le rejoindre, c’est son choix ! Elle sait qu’il est condamné à mort et qu’il ne sortira jamais. C’est carrément une vie sacrificielle, mais cet homme-là est son âme-sœur. Elle est très déterminée et a conscience de la situation. Elle est désormais installée aux Etats-Unis, elle travaille beaucoup… et tous les week-ends elle est au parloir avec lui ! »
LA QUESTION PLUS. Le Blues pour vous. Musique ou état d’âme ?
MARINE MAZEAS. « Pour moi, c’est surtout une musique qui a de l’âme et de la poésie aussi. Je suis plus rock et jazz, mais j’aime beaucoup Eric Clapton et Neil Young ; surtout l’album « Harvest ». C’est un peu blues quand même ?"
Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier
OCTOBRE 2022
DAVID CORONA et PATRICIA TOURANCHEAU.
Après un repos bien mérité en septembre Blues & Polar reprend sa route des Interviews mensuels avec deux invités. La journaliste Patricia Tourancheau auteure de nombreux ouvrages sur les faits-divers en France a démasqué « Le Grêlé » (Le Seuil), ce sérial-killer bon père de famille et gendarme à la fois qui a tué pendant pendant 35 ans, avant de se suicider sachant qu’il était découvert et David Corona ancien négociateur de crise du GIGN à l’œuvre pendant les attaques de Charlie hebdo en 2015 et du Super U de Trèbes en 2018, auteur de « Négocier » (Grasset).
DAVID CORONA
Natif de Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence) où il a grandi, David Corona y est devenu spécialiste des sports de combat avant d’intégrer le GIGN (son rêve de gosse) où il a occupé le poste délicat de négociateur, notamment lors des attaques de Charlie Hebdo en 2015 et du Super U de Trèbes en 2018. Après douze années au sein du GIGN, il est aujourd’hui chef d’entreprises pour aider les sportifs et les sociétés. Son livre « Négocier » qui vient de paraître chez Grasset retrace son parcours particulier. Car si négocier reste la première et la dernière chance face à la violence, c’est aussi l’art subtil de la parole face aux armes.
1.BLUES & POLAR. Négocier, cela veut dire quoi très précisément David ? Que tout est permis pour arriver à ses fins et qu’il n’y a pas de limite ? DAVID CORONA. « Oui ! On pourrait très bien se contenter de l’usage de la force ; mais la négociation sert à ce qu’une personne puisse se rendre. Mais elle permet aussi savoir où elle se trouve, et d’arriver à distraire son attention par des moyens autres. Négocier, c’est une voix qui s’ouvre par la parole face à la violence. Néanmoins on négocie aussi en hauteur, c’est-à-dire jusqu’au plus haut niveau de l’Etat selon les circonstances. A mon sens tout est permis quand il s’agit de sauver des vies. Je me souviens d’un mois d’août, en période de pleines vacances où à la suite d’un risque d’explosion d’un hôtel situé en bordure d’Autoroute, j’ai réussi à faire fermer l’Autoroute A7 - celle du soleil - en forçant le Préfet du département en question à en ordonner la fermeture. Car c’est lui seul qui a ce pouvoir. Ça n’a pas été facile du tout, car les préfets n’aiment pas trop les vagues, et là sûr que les médias allaient en parler à la télé… Mais j’ai réussi à le convaincre et cela a créé évidemment un bouchon de 50 km. Mais si jamais l’hôtel avait explosé avec la circulation intense de l’A7 à proximité, cela aurait été dramatique. Néanmoins, après discussions, les autorités nous font confiance et se rangent derrière notre expertise. »
2. BLUES & POLAR. Est-ce que l’on négocie dans tous les pays du monde et est-ce que négocier est le signe d’un pays vivant en démocratie ? DAVID CORONA. « Oui, on négocie dans tous les pays du monde et même dans les dictatures. Mais en Corée du nord ou autre régime du même style par exemple on ne négocie pas avec le pouvoir. La responsabilité descend jusqu’au chef de la situation présente… Et puis la dictature ne s’immisce pas partout non plus. Néanmoins on peut dire que plus il y a de négociations, plus on est en démocratie. Remarquez les manifestations de rues en France où certains tiennent une pancarte « On est en dictature » ce qui est bien la preuve qu’on n’y est pas ! »
3. BLUES & POLAR. Quelles sont les négociations heureuses et malheureuses qui vous ont le plus marqué ? DAVID CORONA. « La négociation heureuse, c’est quand j’ai fait libérer une enfant de deux ans, fille d’un chef d’entreprise français, enlevée en Côte d’ivoire. La malheureuse, c’est en 2018 à Trèbes lors de la prise d’otages au Super U, par un Islamiste. Là, je me dis toujours qu’on n’a pas placé assez de fusibles autour du colonel Beltrame qui s’est sacrifié pour libérer la caissière du magasin. On aurait dû s’y attendre à ce qu’il soit capable d’échanger sa place contre celle de l’ôtage. Je lui avais parlé avant sur la conduite à tenir, mais venant d’un militaire de carrière ça semblait impensable dans la stratégie en cours. Et pourtant, il l’a quand même fait et au détriment de sa vie… Si je devais refaire le match, je dirais au militaire en responsabilité de ne rien tenter. Mais aucune situation ne se ressemble. Négocier ce n’est jamais pareil et il n’y a pas forcément les mêmes réponses ou stratégies selon que l’on soit dans la Police ou la Gendarmerie. Les formations aux missions ne sont pas les mêmes. Négocier au GIGN, c’est la Gendarmerie et ça concerne surtout les situations en campagne, alors que négocier au Raid, c’est plus en milieu urbain, dans les grandes villes avec un environnement totalement différent. En revanche, il n’y a pas de négociateur dans les régiments de combat qui sont des soldats formatés pour la guerre. » LA QUESTION +. Le Blues pour vous, c’est une musique ou un état d’âme ? DAVID CORONA. « J’aime bien cette musique et je l’apprécie quand j’en entend. J’en ai même joué quand j’apprenais la guitare au Conservatoire de Digne-les-Bains, mais ce n’est pas un courant musical que je suis. Je suis plus jazz façon Django Reinhardt ou Louis Amstrong… »
Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier
PATRICIA TOURANCHEAU
Journaliste spécialiste de la police, du grand banditisme, des criminels et des Faits divers depuis 35 ans, à Libération notamment, Patricia Tourancheau a écrit plusieurs ouvrages sur de grandes affaires criminelles comme « Grégory, la machination infernale » (Seuil), « Le Magot » sur l’affaire Fourniret (Seuil) et « Guy Georges, la traque » (Pluriel). Elle a aussi co-réalisé récemment pour Netflix, la série documentaire très bien documentée sur le petit « Grégory » et le film « Les Femmes et l’assassin » sur le serial-killer Guy Georges. Elle a été à la Une de l’actualité en mars 2022 lors de la sortie du livre « Le Grêlé, le tueur était un flic » où à l’issue d’un travail de fourmi mené depuis 1990, elle a réussi à identifier ce tueur et violeur en série de fillettes et d’adultes, ayant sévi à Paris de 1986 à 1997 sans jamais être arrêté. Car François Vérove était flic après avoir été dans la Garde Républicaine dans les années 80. Insoupçonnable, jamais fiché, bon père de famille, ce Nordiste venu s’installer dans le Sud s’est suicidé le 27 septembre 2021. Il avait 59 ans.
1. BLUES & POLAR. Patricia, d’où vient cette appétence et cette passion pour les faits divers ? Car cela va semble-t-il au-delà du métier de journaliste ? PATRICIA TOURANCHEAU. « C’est une passion effectivement, mais pas une fascination. Et elle va aussi, c’est vrai, au-delà du journalisme, car la vie personnelle y est inévitablement très liée. Mais ce sont les faits-divers qui me sont tombés dessus en mai 1985 alors que j’effectuais mon premier stage à Libération à la rubrique Infos générales, Société… On m’envoie alors à La Courneuve pour une descente de Police concernant de la drogue qui se trouvait dans les petits du Mac Do. Et le lendemain, chez un vieux papy, retraité de la Banque qui avait le syndrome de Diogène, c’est-à-dire sans hygiène corporelle et domestique ajoutée à une accumulation d’objets hétéroclites. Et il avait 8 tonnes de faits-divers en coupures de journaux. Ce sont les services de la Ville de paris qui nous avaient alertés. J’ai donc écrit là-dessus et à Libé ils ont trouvé ça bien ; d’autant que ce n’était pas vraiment la tasse de thé des journalistes de Libération qui ont toujours eu du mal à travailler avec la Police. Mais si on traite les faits divers, on est bien obligé de prendre les renseignements où ils sont. J’ai continué mon stage et le 19 décembre 1985, à Nantes où j’étais en train de m’installer j’entend à la radio qu’il y a une prise d’otages au Tribunal en pleine Cour d’assises. C’était le procès du braqueur Georges Courtois et de ses deux complices (Abdelkarim Khalki et Patrick Thiolet) jugés pour 18 braquages par la Cour d’assises de Loire-Atlantique dans l’ancien palais de justice de Nantes. J’alerte Libé et on me dit de suivre l’action. J’étais à proximité et j’ai pu suivre ce qui se passait, car il y a eu des otages libérés au compte-gouttes. Néanmoins, cela a duré 36 heures. Il s’agissait aussi de la première intervention du RAID commandé par les commissaires Broussard et Mancini, en France. Mais le trio avait des exigences et Courtois voulait un avion. Ils sont donc sortis – image hallucinante - enchaînés à trois juges de la Cour d’assises et se sont adressés en direct au gouvernement et au grand public via les caméras de télévision en faisant le procès de la Justice. Finalement, ils seront arrêtés à l’aéroport de Nantes, le soir du 20 décembre, non sans s’être adressés une dernière fois aux journalistes. Vous comprendrez Jean-Pierre, qu’après toutes ces affaires j’étais vaccinée aux faits divers pour longtemps. Et ça me plait toujours ! Car ça me poursuit. Cinq jours après mon départ de Libé en 2015, la voiture des frères Kouachi qui venaient d’anéantir et massacrer la rédaction de Charle-Hebdo a fini sa course avec son pare-brise brisé, juste devant chez moi, dans un plot de la rue de Meaux. Il y avait encore un chargeur de Kalachnikov dans la voiture. Je suis retourné pour 15 jours travailler à Libé et comme on y accueillait les journalistes survivants de Charlie-Hebdo j’ai pu interviewer la dessinatrice Coco que les frères Kouachi ont obligée à ouvrir la porte de l’immeuble. Les faits divers, c’est une passion que je n’ai pas cherchée ; mais j’ai trouvé ça relativement simple et j’ai continué comme ça !" »
2. BLUES & POLAR. Quel est le fait divers qui vous a le plus marquée ? PATRICIA TOURANCHEAU. « Ce sont les dessous de la société que l’on traite. Et c’est compliqué parce qu’on a affaire à des victimes et parfois à des gens qui ont franchi la ligne jaune. 30 à 50 affaires m’ont marquée, mais celle des victimes de Guy Georges - dont la traque a duré très longtemps - où j’ai vu les photos, ça m’a marquée profondément, car c’est vraiment violent. D’ailleurs, j’ai fait un livre sur la correspondance étonnante entre Guy Georges et Anne Gautier la mère d’Hélène Frinking, violée et égorgée en 1995. Elle avait alors décidée de faire une co-enquête de son côté pendant deux ans, avec l’accord de la Police, qui lui avait demandé de garder cela secret. Mais c’est après un nouveau crime qu’elle se dit « Et basta, le secret ce n’est plus possible ! » D’où un portrait-robot diffusé dans la Presse et la traque sui commence. C’est quand Guy Georges a été identifié et arrêté qu’elle a voulu comprendre ce type. Et elle lui a écrit pour expliquer que c’est compliqué de pardonner, et Guy Georges lui répond en donnant des explications sur le jour où il a tué sa fille… Tout ça, c’est dur et ça marque ! »
3. BLUES & POLAR. Patricia, vous écrivez des articles de Presse, est-ce que l’écriture est le support le plus adapté pour relater tous ces faits divers ? PATRICIA TOURANCHEAU. « Je continue à écrire bien sûr, mais plus d’articles de Presse. Je bosse beaucoup avec Netflix pour qui j’ai fait « Grégory » qui a fait un tabac car on a retrouvé rushes sur l’affaire qui n’avaient pas été utilisés et de nouvelles pièces au dossier. Et c’est vrai que l’image amène avec sa force côté émotion. J’ai également fait un podcast de 8 épisodes de 22 mn sur « Le Grêlé » en 2019. J’aime bien prolonger l’écrit et il y a beaucoup de possibilités techniques aujourd’hui. Ainsi « Le Grêlé » va être adapté en série Docu-fiction de 4 épisodes pour la plate-forme CYBER avec des intervenants et du son enregistré in-situ. Il y a aussi « Le Magot » sur l’affaire Fourniret qui est en fin d’adaptation sur Canal +
LA QUESTION +. Le Blues pour vous, c’est une musique ou un état d’âme ? PATRICIA TOURANCHEAU. « Je suis désolée Jean-Pierre, mais c’est une musique que je ne connais pas. »
Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier
JUILLET- AOÛT 2022
« Antoine » dernier roman de Christian Blanchard (**** pour notre comité de lecture) est un des sept « Coups de coeur Blues & Polar/Comtes de Provence 2022 ».
L’écrivain qui habite à Brest sera parmi nous pour trois jours et le public aura l’occasion de le rencontrer très facilement.Nous sommes ravis de l’accueillir car ses romans - loin de l’enquête policière classique - traient plutôt de nos questions de société les plus diverses. Et ils nous questionnent bougrement... Christian Blanchard participera à la rencontre littéraire du samedi 27 août à la chapelle de Toutes-aures à Manosque dans le cadre du 18e festival Blues & Polar consacré à nos « Racines ».
1. BLUES & POLAR. Nous avons découvert - et unanimement apprécié - vos deux derniers romans « Tu ne seras plus mon frère » et « Antoine » grâce aux conseils d’Anaïs Morel votre attachée de Presse chez Belfond. Et je la remercie. Mais un constat s’impose : vos histoires finissent mal, voire très mal. D’où vient ce goût du roman noir qui nous entraîne d’ailleurs, bien au-delà très souvent ? Y aurait-il du vécu derrière tout ça ?
CHRISTIAN BLANCHARD. « J’ai quand même dans mes romans antérieurs des histoires qui finissent bien. Mais très souvent, elles ne peuvent pas finir autrement. Pour « Tu ne seras plus mon frère » je me suis reposé sur ce qui se passe avec la Syrie et les jeunes - Français ou non – qui sont partis combattre là-bas pour faire le Djihad. Et je me suis interrogé aussi sur les « snipers » ces tireurs d’élite qui ne sont pas des militaires comme les autres… Entre les sportifs de très haut-niveau et le combattant solitaire. Ça m’a toujours interrogé pour ne pas dire fasciné. C’est très étrange… Pour « Antoine » en revanche, j’ai vécu une enfance pas malheureuse, mais un peu comme lui, car timide et introverti. Et à l’adolescence, j’ai connu la transformation de Dieppe en Normandie, ville portuaire, ville de pêcheurs, ville de transit vers l’Angleterre, ville de tourisme et industrielle aussi. Mais en quelques années beaucoup d’usines ont fermé, engendrant du chômage, des plans sociaux, du désespoir aussi ; et Bertrand l’éducateur du roman, j’aurais pu être lui. Alors oui, il y a un peu de vécu dans ce parcours. »
« Ce qui me trouble, me perturbe et me questionne aussi, c’est l’origine des méchants. » Christian Blanchard
2. BLUES & POLAR. L’enfance et l’adolescence sont au cœur de ces deux derniers romans. Cette période charnière avant de devenir adulte, est-ce les fondations de votre écriture ?
CHRISTIAN BLANCHARD. « Oui ! Pratiquement tout ce que j’écris vient de cette période. Très vite, très jeune, des interrogations m’ont habité et j’ai trouvé des raisons à cela. Ce qui me trouble, me perturbe et me questionne aussi, c’est l’origine des méchants. Dans tous mes autres bouquins, c’est comme ça. Car on ne naît pas tous sous la même étoile et avec avec la même chance. Et il y a des moments où on ne peut plus rien faire pour inverser le cours des choses… Alors que pourtant, il y a des gens qui tendent la main ! Mais mon écriture n’est pas « happy end » ! Je suis fan et ami maintenant de Karine Giebel que j’admire beaucoup. Son écriture aussi n’est pas du style « Ils furent heureux et eurent beaucoup d’enfants… » à la fin. J’ai adoré son dernier « Glenn Affric ». Je suis fan aussi de R.J Ellory. »
« Je suis aussi le correspondant local du quotidien Ouest-France à Plougastel-Daoulas » Christian Blanchard
3. BLUES & POLAR. Comment vous est venue l’envie d’écrire ? Par plaisir ou par nécessité ?
CHRISTIAN BLANCHARD. « Quand j’étais ado, j’écrivais des bricoles, et j’inventais des histoires. Ça me plaisait. C’est pendant la canicule de 2003 que j’ai été repéré par les éditions bretonnes Phalémon. Celles-là même, pour qui écrit Pierre Pouchairet pour sa série des « Trois Brestoises ». J’ai pas mal bossé mon écriture à ce moment-là, et maintenant c’est devenu une nécessité. Mais je suis aussi le correspondant local du quotidien Ouest-France à Plougastel-Daoulas et je fais bien 35 articles par semaine. Ça me plaît, j’aime cette proximité des gens avec la Presse locale, et maintenant, écrire, je ne pourrais pas faire autre chose ! Je ne peux pas m’ennuyer en écrivant. Car quand j’attaque un livre, c’est toujours différent. Mais c’est toujours du plaisir, même si parfois ça peut être compliqué. Inventer, c’est ça qui est intéressant, mais mon éditrice chez Belfond m’apporte son regard et du recul. « Antoine » c’est une histoire et un roman qui me titillaient depuis longtemps. « Tu ne seras plus mon frère » qui évoque deux frères partis en Syrie ; l’un pour faire le Djihad, l’autre pour défendre son pays, c’est un reportage de France 2 sur les repentis de Daech et les enfants de djihadistes qu’un mec voulait tous tuer, qui m’a inspiré ce livre. Auparavant, j’ai écrit un roman sur le Cambodge « Ang Karg » après y avoir visité un camp d’internement qui m’a beaucoup ému. Et j’ai mis une femme pour personnage central. L’enquête policière basique, je ne sais pas faire. Je suis plutôt dans le roman noir. »
« Le Blues, c’est la musique de toutes les émotions.
La Question Plus : Le Blues pour toi (on finit toujours par se tutoyer à Blues & Polar) c’est une musique ou un état d’âme ? « Ha, Ha ! Bonne question ! Quand j’écris je vais chercher des compils sur Internet et je mets souvent du blues. Car ce n’est pas n’importe quelle musique. Quand j’écoute du blues, j’ai aussitôt des images qui viennent. En revanche, je suis nul pour les noms des interprètes. Mais c’est la musique de toutes les émotions. Et j’écris toujours en musique, et ça va du blues à Pink Floyd en passant par le Heavy métal. »
Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier
BONUS
MA DERNIÈRE RENCONTRE AVEC PIERRE MAGNAN
C’était au château de Sauvan à Mane, près de Forcalquier au cœur des Alpes-de-Haute-Provence, le samedi 26 avril 2008. On s’était assis avec Pierre Magnan sur les marches du grand escalier du Château, pour une rencontre rapide avec l’auteur qui dédicaçait son dernier livre Chronique d’un château hanté dont l’action tourne autour de cette superbe bâtisse du Pays de Forcalquier. C’était la dernière fois que je verrais vivant Pierre Magnan parti peu de temps après vivre à Voiron en Isère avec Françoise sa dernière épouse. C’est là qu’il y est décédé le 28 avril 2012. Je l’aimais bien cet écrivain plutôt bourru au premier abord, mais épicurien bon teint, amateur pointu de grands crus, d’amanite des Césars et de truffes, gourmand des mots, inventeur du Commissaire La Violette incarné par Victor Lanoux, et qui m’avait fait découvrir peu avant une Toussaint, le cimetière minuscule d’Aubenas-les-Alpes où il avait trouvé sur de vieilles stèles parfois usées par les années et les intempéries, les prénoms anciens de certains de ses romans. Reposez en paix Pierre ! Pierre, vous écrivez toujours dans un univers passéiste qui va du Moyen-Age au début du XXème siècle. Pourquoi ? « La période actuelle je ne pourrais pas écrire dessus. Esthétiquement d’abord, mais plus sûrement parce que j’ai 86 ans aujourd’hui. Ce qui ne m’empêche pas d’avoir internet et de répondre à mes mails. N’empêche Jean-Pierre, que mon site a été visité par 75 000 personnes du passé ! Mais dans le passé que j’utilise, il y a une musique des mots, un tempo, une certaine musicalité. Giono le disait d’ailleurs, voilà une trentaine d’années. « Il faut du recul pour écrire sur une époque. » Alors, oui l’action débute en 1348 à Manosque, mais ensuite on va jusqu’à 1910 avec le tremblement de terre de Lambesc. Mais je reviens vite à Forcalquier et ses environs. La pierre d’achoppement de ce livre, c’est justement ce vieux château de Sauvan à Mane, que j’ai visité en pleine guerre en 1944. Tout y était cassé ! La pièce d’eau aujourd’hui majestueuse était vide avec plein de détritus dedans et une quantité de roseaux en masse. L’idée du roman, je l’ai eue il y a vingt ans avant le tournage à Sauvan, du film « La Maison assassinée » de Georges Lautner avec Patrick Bruel. J’ai rencontré à cette occasion les frères Allibert, nouveaux propriétaires du château de Sauvan, et ça m’a donné l’idée de ce livre. Il a mûri pendant quinze ans car je n’avais pas le lien pour démarrer une histoire. Puis un jour, j’ai rencontré un ami bûcheron qui m’a amené dans une forêt où il y avait un chêne de 650 ans. Et ce vieux chêne est devenu le catalyseur du roman. Tout ce qui est écrit est autobiographique collectivement. Mais Manosque qui est au cœur de mon histoire n’a plus rien de poétique aujourd’hui. Néanmoins, le Canal est toujours chargé d’histoires locales tout comme les amandiers de la Montée vers Saint Pancrace. Quand on monte par le col de la Mort d’Imbert et qu’on va vers Dauphin, on oublie Manosque. Ça n’a pas beaucoup changé d’ailleurs. Mais le paysage urbain oui. Moi, je regrette de mourir car je voudrais bien connaître la suite… » Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier pour La Provence
JUIN 2022

BARBARA ABEL
vit à Bruxelles où elle se consacre à l’écriture et à ses chroniques culturelles diffusées sur Arte Belgique. Prix Cognac avec L’instinct maternel, puis sélectionnée par le prix du Roman d’Aventures pour Un bel âge pour mourir, son œuvre est aujourd’hui adaptée à la télévision et traduite en plusieurs langues. Son dernier roman Les Fêlures paru chez Plon, nous a définitivement convaincus sur ses talents de maitre du thriller avec ses phrases-choc inattendues qui arrivent comme un uppercut en pleine mâchoire au moment où on ne s’y attend pas… Blues & Polar se fait une joie de la recevoir le samedi 27 août aux côtés des six autres « Coups de cœur Blues & Polar/Comtes de Provence 2022 » pour son 18e festival consacré à « L’Ame de nos racines » aux côtés de Maud Tabachnik, notre invitée d’honneur. En attendant, Barbara Abel qui rentre tout juste de New-York est notre invitée du mois pour l’Interview 3 QUESTIONS A…
 BARBARA ABEL a écrit sa première pièce de théâtre L’Esquimau qui jardinait, à 23 ans. Celle-ci a été montée sur des scènes bruxelloises et au Festival de théâtre de Spa (Belgique). Son premier roman, L’instinct maternel, a été lauréat du Prix du roman policier de Cognac. Ses récits de suspense évoquent souvent des milieux familiaux étouffants où germent délits et folie. Son roman Un bel âge pour mourir, paru en 2003, a été adapté pour France 2 avec Marie-France Pisier et Émilie Dequenne dans les rôles principaux. Le film Duelle adapté de son roman Derrière la haine est en cours de remake aux Etats-Unis avec Jessica Chastain et Anne Hataway dans les rôles principaux. Les Fêlures est son quatorzième roman.
1.BLUES & POLAR. Barbara, vous rentrez de New-York ; est-ce que les voyages lointains de ce type peuvent être une inspiration pour vous ? BARBARA ABEL. « Oui bien sûr ; mais dans le sens où tout est source d’inspiration. Néanmoins, mon principe - comme beaucoup d’écrivains d’ailleurs - c’est de mettre des gens ordinaires dans des situations extraordinaires. Là, aller à New-York ce n’est pas mon quotidien et ça peut devenir une source d’inspiration, mais en fait les lieux ne sont pas importants pour moi. Et je le fais exprès ! Ça peut être en France, en Belgique ou dans un autre pays… Ainsi chaque lecteur s’approprie le lieu et cela donne une proximité aux choses. »
2.BLUES & POLAR. Dans vos deux derniers ouvrages « Et les vivants autour » et « Les Fêlures », vous évoluez dans l’univers hospitalier, la maladie et dans le thriller psychologique. Est-ce un sujet récurrent ? BARBARA ABEL. « C’est vrai mes deux derniers romans sont ainsi. Et il y a une corrélation entre les deux mais ce n’est pas récurrent chez moi. C’est le hasard qui est en cause car j’aborde bien d’autres thèmes… »
3. BLUES & POLAR. Etes-vous une lectrice et une mélomane ? BARBARA ABEL. « Oh oui ! Je lis – pas autant que je le voudrais – mais je suis incapable de m’endormir sans avoir lu quelques pages d’un livre ou plus. Et je lis de tout. La Presse, des polars, des thrillers, la littérature blanche aussi et des entretiens. Et j’ai plaisir à lire mes collègues d’écriture comme ma grande amie Karine Giebel. Je lis aussi Olivier Norek, Pierre Michon, Arnaud Rozan, Roman Gary, Jim Harrison… Côté musique, là-aussi je suis très éclectique. J’aime le jazz, la pop-rock, la chanson française et francophone et internationale aussi. Ça va d’Edith Piaf à Pink Floyd en passant par le blues de Billie Holiday. Et puis j’ai grandi avec nos chanteurs belges. Jacques Brel, Arno que l’on pleure aujourd’hui tout comme Julos Beaucarne et son éternelle ritournelle qu’est « La belle Petite gayolle », sans oublier Stromae… »
La Question + Le Blues pour vous, c’est une musique ou un état d’âme ? BARBARA ABEL : « Oh ça reste une musique très intense et prenante. On connait bien les morceaux mais très souvent sans pouvoir les nommer tout comme les chanteurs ou chanteuses, car c’est une musique qu’on entend peu sur les radios. Je suis impatiente de découvrir ça à Manosque. »
Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier
Les romans de Barbara Abel. L’Instinct maternel, Éditions du Masque, Un bel âge pour mourir, Éditions du Masque, Duelle, Éditions du Masque. La Mort en écho, Éditions du Masque, 2006. Illustre Inconnu, Éditions du Masque, 2007. Le Bonheur sur ordonnance, Fleuve noir, 2009. La Brûlure du chocolat Fleuve noir, 2010. Derrière la haine, Fleuve noir, 2012. Après la fin, Fleuve noir, 2013. L’Innocence des bourreaux, Belfond, 2015. Je sais pas, Belfond, 2016. Je t’aime, Belfond, 2018. Et les vivants autour, Belfond, 2020. Les Fêlures, Plon, 2022.
MAI 2022
FRÉDÉRIC POTIER
Préfet, essayiste, ancien conseiller à Matignon il a été délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT. « La Menace 732 » est son premier roman. Un thriller politique en droit-fil de l’élection présidentielle qui vient de réélire Emmanuel Macron via une fiction qui conjugue le futur au présent avec un coup d’Etat à la clé. Etonnant ! Sortie aujourd’hui jeudi 19 mai. Un récit qui fait froid dans le dos ! Voir notre compte-rendu de lecture sur le site www.blues-et-polar.com Onglet : ON A LU. 3 étoiles à l’arrivée.
1. BLUES & POLAR. Vous y allez fort pour un premier roman ! Votre fiction « La menace 732 » qui parait aujourd’hui 19 mai aux éditions de l’Aube à La Tour d’Aigues, conjugue et invite le présent. Quelle idée aviez-vous derrière la tête, vous qui côtoyez le monde politique au plus haut niveau du pouvoir en France ? FRÉDÉRIC POTIER « L’idée principale, c’était de faire connaitre le danger des groupuscules violents d’Extrême-Droite et d’Extrême-Gauche en France et le danger qu’ils représentent pour la démocratie française. Un essai de plus n’aurait pas touché le grand public, alors que le choix du polar me paraissait plus adapté et adéquat, avec les élections présidentielles en ligne de mire. Car ces groupuscules qui prônent la violence et la révolution armée, c’est un sujet qui reste cantonné à un petit cercle d’experts, alors qu’ils sont très dangereux ! Ils sont très présents – surtout entre eux – sur les réseaux sociaux, et sans que l’on connaisse leurs noms.
La DGSI a arrêté plusieurs de ces personnes mais c’est toujours très discret. Mais ils s’apprêtaient à commettre des attentats. Je trouve que l’on est dans une ambiance très noire, et en fait, j’ai inventé très peu de choses dans ce livre. Même s’il y a une part d’imaginaire. Néanmoins, c’était volontaire de coller au moment et d’expliquer les coulisses du pouvoir car les hommes et les femmes politiques ne sont pas des supers héros ! Dans la vraie vie – pas dans le roman - l’élection a eu lieu mais pas les les Législatives. Et les tensions ont toujours lieu. Dans mon livre, je prédis un coup d’Etat le 15 août et je l’attends de pied ferme car l’actualité internationale et nationale nous gâte, avec en plus des ingérences extérieures sur les réseaux sociaux. La réalité dépasse parfois la fiction. Moi je suis un fan des séries télé et souvent elles ont un temps d’avance. Dans 24 heures chrono, il y a un président de la République qui est noir, et c’était bien avant Obama. La République, Jean-Pierre, n’est pas si solide que ça. La Tribune des militaires parue dans Valeurs actuelles on n’avait jamais connu ça, et on doit la regarder en face. J’ai eu beaucoup de plaisir à écrire ce livre et à en parler. »
2. Etes-vous un lecteur de polars ? FRÉDÉRIC POTIER. “Oui ! Je suis un boulimique de polars. J’adore Fred Vargas, Giacometti Ravenne… et je viens de lire « Les Loups » de Benoit Vitkine qui est le correspondant du Monde à Moscou. C’est très visionnaire. C’est une femme Olena Hapko qui vient d’être élue à la tête de l’Ukraine. Mais c’est une oligarque au passé violent et dont la Russie souhaite se débarrasser en attisant des révoltes populaires. Avec pour seules armes sa férocité et sa connaissance de la politique ukrainienne, Olga Hapko entend survivre à cette tentative de déstabilisation… Je suis persuadé de ce récit formidable."
3. Le Blues pour vous ? Musique ou état d’âme ? FRÉDÉRIC POTIER. « Désolé, je suis beaucoup plus jazz. J’aime beaucoup le trompettiste Ibrahim Maalouf. Et ce que j’adore c’est chanter Johnny en voiture à tue-tête avec mes enfants. »
Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier
AVRIL 2022
FABRICE PAPILLON
Journaliste scientifique, producteur de nombreux documentaires, Fabrice Papillon est l’auteur d’ouvrages de vulgarisation scientifique avec d’éminents savants dont Axel Kahn. Le Dernier Hyver (Belfond, 2017) a reçu le prix du Meilleur Polar 2018 des lecteurs de Points et Régression a été récompensé par le prix Méditerranée Polar en 2020. Alienés (**** pour Blues & Polar) est son 3e roman. Fabrice Papillon raconte en 450 pages, le premier meurtre d’un cosmonaute américain dans l’espace à l’intérieur de la station spatiale internationale. L’action - se passe en mai 2022. Une fiction très proche. 1. BLUES & POLAR. Votre dernier roman sorti en juin 2021 est une fiction qui se passe… en mai 2022 – c’est à dire dans 15 jours – à bord de la Station spatiale internationale avec un cosmonaute américain retrouvé assassiné et massacré, mystérieusement. Aujourd’hui, avec la guerre en Ukraine, la présence de cosmonautes russes et américains à bord de la sation spatiale internationale et avec arrimage de la navette d’Elon Musk à l’ISF avec 4 personnes non-cosmonautes à son bord actuellement, qu’est-ce que cette situation vous inspire ? Auriez-vous peur d’avoir été visionnaire sans le vouloir ?
FABRICE PAPILLON. « Oui un petit peu, et je croise les doigts pour que la fiction reste une fiction. Mais quand on est journaliste scientifique de métier et que l’on lit, croise, et écoute bien plus d’informations que le commun des mortels sur ce sujet devenu crucial - et même privé, avec la fusée d’Elon Musk - on arrive à sentir les choses. Bien avant cette Guerre en Ukraine, on savait que la Station spatiale internationale allait devenir un enjeu d’importance pour certaines nations et la surveillance du ciel et de l’espace. Mais je ne le pressentais pas à ce point. Comme tous les observateurs, j’entends gronder la menace Poutine mais sa radicalisation ne m’a pas trop surpris. Et la Station spatiale n’est pas le seul sujet épineux. Dans les mois à venir, les grandes recherches de pétrole menées notamment par la Russie en Arctique seront-elles-aussi un sujet de conflit également ? Je ne suis donc pas surpris, mais je n’aurai pas imaginé à ce point. J’ai d’ailleurs entendu parler d’une série TV française qui sort bientôt, inspirée d’un polar qui débute dans la station spatiale internationale. Ça prouve bien que ce sont des thématiques qui portent… Moi j’ai pour habitude d’écrire avec une action qui se situe dans un avenir proche, toujours ! Cela donne plus de crédibilité à l’anticipation. Jules Verne a eu des intuitions incroyables sans ses romans. J’espère quand même que cela restera de la fiction… »
2. BLUES & POLAR. Polar et Espace, c’est un bon cocktail pour écrire ? Les braquages de banque, les enquêtes de terrain sur des meurtres en série avec des mecs qui se flinguent dans des bars enfumés, ce n’est pas votre tasse de thé ? FABRICE PAPILLON. « Exactement ! Les trois polars que j’ai écrits sont tous des polars historiques et scientifiques qui sont mes deux formations d’études. Et tout cela est né de mon travail de journaliste scientifique. « Alienés » je l’ai fini en juin de l’année dernière et je me suis reposé plusieurs mois. Là, je suis prêt à réattaquer et je ne vais pas tarder. Ce sera un polar avec beaucoup de science et de neuro-sciences. Mon angle de travail et d’attaque, c’est « Le Cercle des 9 cerveaux » avec des phénomènes extrascientifiques voire ésotériques. Il devrait être prêt pour fin 2023-début 2024."
3. BLUES & POLAR. Etes-vous un lecteur et un amateur de musique ? FABRICE PAPILLON. Le polar classique, j’aime bien le lire. J’aime beaucoup Jean-Christophe Grangé, Bernard Minier, Frank Thilliez, Karine Giebel… mais les technosciences, c’est vraiment plus mon truc. Ça permet d’agrandir l’imaginaire… mais j’ai un cursus très classique à l’origine. Et pour ce métier de journaliste scientifique j’ai lu de nombreux documents et principalement écrit des essais avec Axel Kahn notamment. Côté musique, j’adore le jazz et d’ailleurs je vais aux concerts au Duc des Lombards à Paris. J’aime beaucoup Miles Davis et ma sonnerie de téléphone c’est la musique de « Ascenseur pour l’échafaud ». Et puis l’oncle de ma femme est le pianiste jazzman Manuel Rocheman qui a d’ailleurs joué pour notre mariage… »
* LA QUESTION + Le Blues pour vous ; c’est une musique ou un état d’âme ? FABRICE PAPILLON. « Je n’ai eu beaucoup d’occasions d’écouter du blues dans ma vie. C’est une musique que je connais moins que le jazz. »
Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier
MARS 2022

RENÉ FRÉGNI
Son 20ème roman « Minuit dans la ville des songes » vient de sortir chez Gallimard dans la célèbre « Collection banche ». Ce roman est le récit d’une vie d’errance et de lectures, aussi dur que sensuel, aussi sombre que solaire. Le chaos d’une vie, éclairée à chaque carrefour périlleux par la découverte d’un écrivain. René Frégni, conteur-né, ne se départit jamais de son émerveillement devant la beauté du monde et des femmes. Fugueur, rebelle, passionné de paysages grandioses, qui restent pour lui indissociables des chocs littéraires. Un homme qui marche un livre et un cahier à la main. René Frégni parrain historique du festival Blues & Polar ne pouvait manquer en cette période cataclysmique de répondre aux 3 Questions de l’Interview de mars. Un mois où les giboulées ne sont pas seules au rendez-vous...
1. BLUES & POLAR. Le réchauffement climatique qui ne cesse de provoquer des catastrophes et des déplacements de populations, puis la pandémie du Covid 19 et ses millions de mots, la prise de pouvoir des Talibans en Afghanistan, et voilà maintenant la guerre avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie de Poutine. Pour un écrivain comme toi, est-ce que ces événements sont une source d’inspiration ou est-ce plutôt la colère d’un citoyen du monde avant tout ? RENÉ FRÉGNI. « Tu sais Jean-Pierre, l’humanité malheureusement ne sait pas rester en paix plus de dix ans, et a de plus en plus besoin d’obscurité. Sinon, les télévisions et autres médias d’information en continu qui tournent 24 heures sur 24 nous serviraient autre chose. Un monde avec plus de douceur et de tendresse. Mais non ! C’est le Covid ou la Guerre en permanence et je deviens de plus en plus révolté. Je relisais ce matin « Refus d’obéissance » de Jean Giono paru en 1934, et qu’il a écrit pour la Revue Europe, après la boucherie de 14-18 qui l’a traumatisé durant toute sa vie. Il disait après avoir relu Paul Valéry « La Guerre c’est des gens qui se massacrent et ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas ! » Je suis moi-aussi dans cette pensée pacifique. S’il y a un conflit mondial et nucléaire avec la Russie, c’est la fin de l’humanité ! Et je mets sur le même plan la Russie que les Etats-Unis, car au moment de la guerre en Irak refusée par Jacques Chirac d’ailleurs, l’Irak ne nous avait pas agressé. Il y a eu 500 000 morts là-bas... Mais si je condamne absolument Poutine, je trouve quand même que Georges Bush a commis le même crime en 2003 en Irak. Là, j’ai envie de pousser un cri de rage entre toutes ces puissances militarisées jusqu’à la gueule « Désarmez-vous toutes !!!! »
2. BLUES & POLAR. “Minuit dans la ville des songes » c’est le joli titre de ton dernier roman qui vient de sortir chez Gallimard. Justement, à quoi rêve-t-on à Minuit dans la Ville des songes, et comment est né ce roman ? RENÉ FRÉGNI. « Quand j’allume ma petite lampe pour écrire, je pars ailleurs et je m’évade. Et c’est fondamental pour moi. On n’arrive plus à faire face à la pollution de la Terre, on en crève, et voilà qu’on se fait la guerre maintenant… Quand j’écris, je suis protégé par les mots. L’écriture me permet d’écarter la mort. J’avais commencé à écrire un roman noir mais je bloquais un peu dessus. C’est en parlant avec Marilou ma fille que j’ai trouvé une autre voie. Elle m’a dit « Papa parle de ta bascule dans les livres, car jusqu’à 19 ans tu étais un illettré insouciant qui n’allait pas à l’école parce qu’il ne voyait pas clair et ne voulait pas être surnommé « Quat’zyeux ». Tu étais renvoyé des collèges et des lycées… » Et c’est là que j’ai eu la trame d’un autre livre. Je suis revenu sur cet enfant rebelle que j’étais, et j’ai retrouvé un ancien minot Ange-Marie Santucci qui après deux ans de prison s’était métamorphosé avec la lecture. C’était un autre homme devenu intellectuel grâce aux livres. Donc ce rêve m’a permis de raconter l’histoire de mes deux vies. Avant et après la lecture. Depuis, j’ai toujours un livre sur moi, en permanence. »
3. BLUES & POLAR. René est-ce que tu as le blues en ce moment ? RENÉ FRÉGNI. “Non je n’ai pas le blues. Je suis pessimiste comme Giono, mais enthousiaste de la sensualité de la vie. Je trouve cette planète exceptionnelle mais toutes les nouvelles sont noires. Une planète qui n’est pas capable de se désarmer court au désastre. Je me sens heureux dans la nature et j’y oublie ce que nous sommes. Ce que nous avons en Haute-Provence est miraculeux. Les Gorges du Verdon, la Montagne de Lure, les collines près du Vaucluse, la Vallée de l’Ubaye… Je n’arrive pas à croire que l’homme soit assez bête pour détruire ce paradis, qu’il transforme chaque jour en enfer alors qu’on a juste besoin de douceur et de beauté. Albert Camus disait : « La Paix est le seul combat qui vaille d’être mené. »
Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier
FÉVRIER 2022 JUAN CARMONA
- Je l’ai connu à Salon-de-Provence peu avant l’avènement officiels des radios libres, en 1981. C’était dans une barre HLM du quartier des Canourgues, où le génial Jean-Pierre Polin créateur de Radio Centuries avait invité deux guitaristes – jeunes mais déjà hyper talentueux – l’Aubagnais Juan Carmona et le Marseillais Jean-Félix Lalanne. Je les avais interviewés pour Le Provençal à l’époque, et Juan que je ne connaissais que depuis une heure était venu avec moi à la fin de l’émission, pour jouer un morceau de flamenco à 100 mètres de là, à la paroisse de Salon-de-Provence où un prêtre-ouvrier formidable partait rejoindre le fameux Père Jaouen en Bretagne pour travailler avec lui auprès des drogués, sur un bateau, en pleine mer. Une aubade inattendue qui avait beaucoup touché la nombreuse assistance. Et Juan Carmona et Jean-Félix Lalanne sont revenus le 31 mai 1984 à Salon-de-Provence – à ma demande – pour la journée solidarité de la Croix-Rouge française dont le but était de récolter des fonds pour financer l’opération à Londres par le professeur Yacoub de la petite Aurore (âgée de 8 ans) qui avait besoin d’une greffe cœur-poumons qui ne se pratiquait pas alors en France. De nombreux joueurs de l’OM, Martigues et Istres étaient également présents pour jouer bénévolement sous les couleurs de la Croix-Rouge. On s’est revus ensuite de temps à autres, à Dauphin, Manosque et Forcalquier où Pierre Bonnet avait créé les Rencontres flamenca, jusqu’au jour où Juan Carmona m’a confié qu’il allait partir à Jerez pour se perfectionner in situ dans cette Andalousie de feu, terre de naissance du flamenco. Là, pendant 9 ans, il s’est imprégné du savoir gitan dans la pure tradition flamenca, en côtoyant et accompagnant les plus grands noms du flamenco : Joaquín Grilo, Agujetas, Duquende, Antonio Canales, Chano Domínguez … Il enregistrera alors ses premiers albums et remportera des prix internationaux de guitare dont le Concours International de Jerez, la Union de Cordoba (finaliste) ou le grand prix Paco de Lucia. Quarante ans plus tard, alors qu’il est devenu une référence mondiale du flamenco, quel bonheur d’avoir Juan Carmona au téléphone pour cette interview coïncidant avec la sortie de son magnifique album « Zyriab 6.7 ».
Jean-Pierre Tissier
« Le flamenco, c’est une musique de toutes les émotions comme le blues et la guitare reste l’instrument du gitan. » Juan Carmona
1. BLUES & POLAR. Juan, quelle est pour toi la définition du flamenco ? Est-ce que cette musique connue dans le monde entier a une signification et un sens bien particuliers ? Est-ce qu’elle serait proche du blues dans ses racines profondes ?
JUAN CARMONA. « Le flamenco c’est un art de vivre, une philosophie, une façon de penser, liée au monde gitan et andalou, en marge de la société. Et quelque part c’est lié à 500 ans de discrimination des gitans. Et là, oui, ça rapproche du blues dans la souffrance. Car jouer et chanter le flamenco, c’est le monde gitan qui existe et vit. Et chez nous, il n’y a pas besoin forcément d’une fête pour jouer. Le flamenco, c’est la plainte du peuple andalou. On appelle ça la « Queya », c’est un moyen de s’exprimer avant tout. Le flamenco, c’est une ville (Carthagène) et une tonalité : le fa dièse mineur ! Et on n’en bouge jamais ! Bref, c’est une musique de toutes les émotions et la guitare reste l’instrument du gitan. »
2. BLUES & POLAR. A l’image de l’album « Zyriab » réunissant le guitariste Paco de Lucia et le pianiste jazz Chick Coréa en 1990, ton dernier album « Zyriab 6.7 » vient de sortir et il porte le nom d’un compositeur du IXème siècle, véritable référence dans le monde du flamenco. Peux-tu nous parler de sa musique et de son influence, car pour cet album tu t’es entouré de « pointures » comme le trompettiste Ibrahim Maalouf ou le joueur de zarb Bijan Chemirani qui habite près de Manosque, et a accompagné Sting et Amina Allaoui. C’est dans la logique des œuvres de Zyriab ?
JUAN CARMONA. « En 2015, l’Unesco m’a remis le Prix Zyriab récompensant un guitariste flamenco et j’ai été le premier Européen à le recevoir. Auparavant, c’était des musiciens d’Amérique du sud la plupart du temps. Et j’ai décidé de me pencher sur ce monsieur qui au IXème siècle a eu l’idée d’ajouter une 5ème corde à son oud. Car Zyriab était un poète très talentueux dont le prof de oud était jaloux de lui au point de le virer un jour de son cours. Zyriab est donc parti pour un long voyage et fini par se poser à Cordoba (Courdoue). Et c’est là qu’on découvre en cherchant un peu sur internet, qu’il a inventé plein de choses très diverses mais géniales, comme Léonard de Vinci. Tiens, le geste de trinquer avec un verre par exemple, c’est Zyab ! Ça n’existait pas avant. C’est hallucinant ! J’ai donc décidé de lui rendre hommage car il a aussi créé la musique arabo-andalouse. Et c’est dans cet esprit que j’ai invité un musicien de chaque pays arabe pour ce disque. J’avais ce projet en tête depuis longtemps, mais ça a mis du temps car le Covid est passé par là. Néanmoins, la pandémie m’a donné plus de temps qu’habituellement, ayant des concerts dans le monde entier. J’ai donc contacté Bijan Chemirani référence mondiale du zarb iranien avec son père Djamshid qui habitent près de Manosque, puis le trompettiste Ibrahim Maalouf, le guitariste andalou El Pele… C’est un disque de rencontre et de partage et c’est une production vraiment « chiadée » ! Ce n’est pas du collage. J’ai composé pour tous ces musiciens pour qu’on soit tous à l’aise. »
3. BLUES & POLAR. Est-ce que tu écoutes d’autres musiques que le flamenco et aimes-tu jouer avec des musiciens d’autres univers musicaux, à l’image des guitaristes John Mac Laughin ou Al Di Méola ?
JUAN CARMONA. « « Bien sûr ! Toute ma vie, j’ai joué avec plein d’artistes différents. A 14 ans, je jouais avec Baden Powel ; après j’ai joué avec Larry Corryel qui a interprété – à sa manière jazzy – le Boléro de Ravel et qui m’a fortement influencé pour arriver à lire des partitions. La musique du film « la Belle histoire » de Claude Lelouch en 1992, c’est Francis Lai et moi ; l’an dernier, j’ai joué en Australie à l’opéra de Sidney avec le Sidney symphony orchestra. Alors tu sais Jean-Pierre, je ne connais toujours pas le solfège malgré la pression que me faisait chaque fois Larry Corryel… et pourtant je fais le tour du monde. J’ai amené le flamenco au Bolchoï à Moscou avec Chick Coréa avant sa disparition. Et dans deux mois, je joue avec le grand guitariste Aldi Méola. »
LA QUESTION + Le polar ça te parle ? JUAN CARMONA. « Je suis ouvert à toutes les cultures, mais malheureusement je consacre chaque jour 8 à 9 heures à mon instrument et je n’ai vraiment pas le temps de lire. Une chanteuse star de la musique égyptienne vient de m’appeler pour que je compose et joue pour elle. En fait, je suis gitan et je m’adapte à tout ! »
Propos recueillis par J.-P.T
DELPHINE IWEINS
« En procédant de façon si originale, par des portraits inattendus, la journaliste juridique Delphine Iweins brise des préjugés simplistes et révèle l’utilité sociale d’une profession aux multiples visages qui participe, sans toujours le savoir, à une mission de réinventer la grammaire des échanges économiques, pour qu’elle soit plus respectueuse et plus durable. » (Préface de François Zimeray, Avocat au barreau de Paris. Références : « L’influence insoupçonnée des avocats d’affaires Printemps arabes, lutte anti-corruption, lobby, intelligence artificielle… » Un Tour du monde à la rencontre de ces acteurs est paru chez Enrick B. Editions en mars 2020.
1. BLUES & POLAR. Un peu de pédagogie pour nos lecteurs Delphine. Quelle est la définition et la vocation d’un avocat d’affaires ? Comment le devient-on ? Quel est le cursus ? Y-a-t-il un serment ? DELPHINE IWEINS. « En effet, prenons les choses par le début ! Un avocat d’affaires est avant tout, tout simplement, un avocat. Généralement, après plusieurs années d’études (au moins un master 1 en droit ou une équivalence) et après avoir été diplômé du certificat d’aptitude à la profession d’avocat (Capa), il prête serment. Une fois le serment prêté, il s’inscrit au tableau du barreau où il souhaite exercer, rejoint un cabinet ou créer le sien. Les premières années, habituellement, il devient collaborateur d’un cabinet d’avocats dans une spécialité qui l’intéresse et qu’il a pu étudier durant son cursus universitaire. Ce serment constitue le socle de l’éthique professionnelle de l’avocat : « Je jure comme avocat d’exercer mes fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité ». Il s’oblige ainsi à respecter un certain nombre de règles juridiques et morales dans sa pratique et dans ses relations professionnelles : ainsi que des principes d’indépendance, de loyauté et de confidentialité, du respect du secret professionnel, du devoir d’information, de conseil et de diligence. Cette déontologie est la garantie de pratique professionnelle rigoureuse et protectrice des intérêts qui lui sont confiés. S’ils ne les respectent pas, il peut être disciplinairement sanctionné par les instances représentatives de la profession d’avocat et radié du barreau. Le grand public a souvent deux images qui lui vient à l’esprit lorsqu’il entend parler d’un avocat : celle d’un avocat pénaliste ou celle d’un spécialiste du droit de la famille (notamment du divorce). L’expression « avocat d’affaires » apparaît en France dans les années 1960. Elle désigne les conseils des entreprises et au fil des années ceux des dirigeants. Certains plaident durant des procès, d’autres non. Le droit des affaires regroupe en fait, un grand nombre de spécialités du droit tels que le droit fiscal, les fusions-acquisitions, le droit bancaire, le droit social, le droit de la concurrence, le droit des nouvelles technologies, le droit de l’environnement, les restructurations d’entreprises, le droit public, l’anti-trust, le droit aérien, le marché de capitaux, la protection des données, le droit de la franchise, le droit commercial, le droit de la compliance, le droit pénal des affaires, le droit immobilier, le droit de la construction, etc. »
2. BLUES & POLAR. Vous parlez de leur influence insoupçonnée dans votre livre, évoquant printemps arabes, lobby… Cela va jusqu’où, Jusqu’à la ligne rouge qui serait la loi ? On est dans quels domaines pour être précis : économie, code du Travail, politique, business, football ? Bien des politiques de premier plan deviennent Avocat d’affaires….
DELPHINE IWEINS. « Le périmètre d’exercice des avocats d’affaires ne se résume pas à leur rôle/influence économique. Même si toutes les robes noires sont tenues universellement par une déontologie qui les honore et fait leur force, la pratique, elle diffère d’un pays à l’autre. Durant deux ans, je suis allée à la rencontre, dans le monde entier, d’avocats d’affaires, de juristes d’entreprise, de professeurs de droit, d’étudiants pour essayer de comprendre le poids que toutes ces personnes ont dans leur pays. Cette enquête – relatée dans mon livre « L’influence insoupçonnée des avocats d’affaires » – s’est déroulée entre 2012 et 2014 en France, aux États-Unis, en Tunisie, au Brésil, en Russie, à Hong Kong et à Singapour. Tous ces pays étaient à l’époque sous les feux des projecteurs de l’actualité et le sont pour la plupart encore. J’observe tout au long de ce livre que les avocats d’affaires ont aussi une influence politique et sociétale, même s’ils n’en sont pas toujours conscients. En Tunisie, par exemple, ils ont participé à la révolution de Jasmin (qui a marqué le début du mouvement du Printemps Arabe) et ont largement contribué à la réaction d’une nouvelle constitution pour le pays. Ce rôle a valu à Mohamed Fadhel Mahfoudh, président de l’ordre national des avocats de Tunisie lors de notre rencontre en 2013, de recevoir le Prix Nobel de la Paix en 2015 aux côtés de d’autres membres du Quartet du dialogue national. Certains avocats d’affaires après la chute de Ben Ali ont aussi voulu s’engager plus amplement dans la vie associative ou locale de leurs pays avec plus ou moins de succès. Il n’est pas toujours simple d’établir une stricte limite entre engagements personnels et activités professionnelles. Au Brésil – je m’y suis rendue deux mois avant la Coupe du monde de football de 2014 et aux débuts des mouvements de protestations contre la politique de la présidente Dilma Rousseff qui mèneront à sa destitution et à l’élection de Jair Bolsonaro –, certains avocats d’affaires tentaient de participer à la lutte anti-corruption à leur échelle dans leur exercice quotidien, en faisant preuve d’imagination juridique. De leurs côtés, en Russie, les avocats d’affaires étrangers sont régulièrement sollicités par le Parlement pour moderniser les mécanismes juridiques pour une économie plus compétitive. Enfin, plus récemment, à Hong Kong, les avocats d’affaires ont pris part aux mouvements pro-démocratie craignant la main-mise du régime chinois sur cet état. Un fait suffisamment rare pour le souligner. Sans succès malheureusement, on connaît la suite. En France, les passerelles entre avocats et politiques ne sont pas nouvelles. La France République des avocats L’Hexagone est d’ailleurs surnommée la « République des avocats ». La tendance des hommes et femmes politiques intégrant des cabinets d’avocats d’affaires ou inversement a pu s’intensifier ces dernières années, signe avant tout que le droit dispose d’un poids économique et géopolitique non négligeable. Rappelons que l’avocat, comme tout citoyen, est bien évidemment tenu au respect des lois et des règlements de la République. A ces règles de bonne conduite sociale viennent s’ajouter, pour lui, le respect de ses règles déontologiques, dès lors qu’il commet une infraction à l’une ou l’autre de ces règles, il peut être disciplinairement sanctionné selon le degré de gravité de cette faute. »
3. BLUES & POLAR. Est-ce qu’on peut basculer des Affaires au polar ; car dans le grand banditisme, les voyous ont toujours de grands avocats ; y-a-t-il des avocats d’affaires parmi eux ?
« Il faut demander cela à John Grisham ! Bon ok je vous l’accorde, l’auteur américain a plus été un avocat pénaliste, mais les intrigues dans les cabinets d’avocats d’affaires ont fait son succès. Dans un autre style (pas si différent), dans le roman judiciaire « La loi de Lasko » de Richard North Patterson, l’avocat Christopher Paget siège dans une commission sénatoriale sur les crimes économiques à Washington. Plus sérieusement, tout dépend de ce que l’on désigne par « voyou ». Aujourd’hui, par exemple, la justice s’intéresse de plus de plus de près aux comportements fiscaux, économiques, mais aussi sociétaux (respect des droits humains, respect de l’environnement, etc.) des entreprises et de leurs dirigeants. Ces personnes – morales et privées – sont notamment conseillées par des pénalistes d’affaires, c’est-à-dire des avocats d’affaires connaissant bien les arcanes de la procédure pénale et du système judiciaire. »
LA QUESTION + : Le blues pour vous c’est un état d’âme ou une musique ? Lisez-vous des polars ? « Le blues est un état d’âme et une musique. L’un ne va pas sans l’autre, même si cette musique a tendance à améliorer cet état d’esprit. Je dois l’avouer, je suis une grande amatrice de polars. J’ai un faible pour Patricia Cornwell et sa médecin légiste Kay Scarpetta. Je me délecte aussi, notamment, des enquêtes de l’inspecteur Harry Hole de Jo Nesbø. » * Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier.
JANVIER 2022
RACHELLE PLAS
- Elle joue autant le blues que le jazz avec ses fameux harmonicas Golden Mélody de chez Hohner si typiques et arrondis comme les notes bleues qu’elle distille avec passion et fougue, tant sur un vieux blues que sur le fantastique « Orange blossom spécial » des Spoutniks…. L’harmoniciste Rachelle Plas qui prodigue son savoir jusque dans les écoles primaires et collèges de France est ma dernière invitée de 2021 pour l’Interview Blues & Polar en 3 Questions. 
1. BLUES & POLAR. Tu participes régulièrement à des séances de découverte de l’harmonica dans les collèges et écoles primaires. Comment est née cette belle aventure originale, malgré la pandémie de Covid 19 et les inconvénients d’un instrument de bouche ? RACHELLE PLAS. « Ce sont les directeurs d’école, les professeurs ou les instituteurs qui décident de m’inviter pour faire découvrir la musique à leurs élèves dans le cadre du modèle « Concert à l’école ». Je viens donc en classe, seule en général, et c’est moi qui démarche personnellement et via les réseaux sociaux. Cependant, il y a des critères sanitaires à respecter et le Covid a considérablement compliqué les choses. Mais c’est grâce à la marque Hohner que ce projet est né. Car je suis présente en qualité d’harmoniciste jazz-blues sur le packaging des harmonicas Golden Mélody avec lesquelles je joue. Ils ont donc créé des harmonicas d’entrée de gamme en plastique pour débutants, les « Happy colors » avec des couleurs vives accordés en Do. Dans les écoles qui m’accueillent, un partenariat est signé entre Hohner et l’Education nationale et les enfants reçoivent chacun un harmonica qu’ils conservent après la séance. J’en ai fait une trentaine cette année. Ma dernière expérience remonte à octobre à La Tour du Pin et c’était formidable. Tu sais Jean-Pierre, les enfants sont très curieux du son de l’instrument car très souvent ils ne le connaissent pas. « Pas de solfège, ni de technique au programme des master-class. Il faut s’amuser et jouer ! » Pour eux aujourd’hui, la musique c’est surtout le numérique. Ils sont plutôt rodés au rap et cherchent un son sur You Tube ; et ils ont ça tout de suite. Là, l’harmonica ça fait référence à quelque chose de très ancien pour eux, mais ils sont émerveillés des sons que l’on peut sortir d’un si petit instrument… Ça leur plait beaucoup et le principe c’est d’arriver à faire un suivi en classe avec leurs professeurs. Et dernièrement, une soixantaine d’élèves m’a rejoint sur scène lors de mon dernier concert de l’année, à Limours. C’était super ! Mais je ne les embrouille pas ; car ils ont bien vu que j’ai une mallette pleine d’harmos de différentes tonalités pour les concerts, car je joue sur des diatoniques. Donc j’axe cette expérience sur le fait de comment bien tenir un harmonica, comment souffler et surtout aspirer car c’est nettement le plus sur un diatonique. Et on arrive rapidement à quelque chose. Là, pas de solfège, ni de technique. Il faut s’amuser et jouer ! Et apprendre à débuter et à s’arrêter. Finalement, ça les surprend et ça les intrigue. »
2. BLUES & POLAR. Qu’est-ce que ce petit instrument qui tient dans la poche, qu’est l’harmonica représente pour toi ?
RACHELLE PLAS. « Tu sais, j’ai débuté à souffler dans un harmonica à 5 ans, et je n’ai jamais plus arrêté. C’est mon compagnon, je le respecte et il est magique ! Quand je joue c’est comme une seconde nature. D’ailleurs je ne connais plus le stress, même pour des projets importants comme récemment avec la grande organiste Rhoda Scott sur une répertoire Duke Elllington. Mais je travaille énormément en amont. En fait, l’harmonica, c’est une partie de moi. C’est aussi naturel que ma langue maternelle. On appuie sur « On » et c’est parti ! Mais une des grandes difficultés de l’harmonica diatonique – car je ne joue pas de chromatique, ayant ruiné le mien – c’est d’explorer d’année en année tous les sons que l’on peut en tirer. Même des notes qui n’existent pas… Là, avec la pandémie, j’ai joué tous les jours chez moi, à distance, en visio avec plein de musiciens. Et c’était génial même s’il n’y a pas le parfum de la scène et du public. Malgré tout, j’ai joué sur des concerts qui étaient en direct et retransmis en France ou à l’étranger devant un public. C’est un vrai saut périlleux car tu es toute seule chez toi, mais devant plein de monde ! Pour revenir au chromatique c’est vraiment un autre instrument dont j’adore le son, mais je n’y arrive pas ! »
3. BLUES & POLAR. Demain soir c’est Noël, et on approche du changement d’année. Quel serait ton vœu pour 2022 ? RACHELLE PLAS. « Qu’on puisse enfin revivre pleinement des myriades de concerts avec un vent de liberté soufflant partout. Aller jouer partout, pour que la musique live existe, car c’est tellement important pour la vie. Je ressens d’ailleurs beaucoup de solidarité de la part des acteurs de la Culture. »
* La Question + Es-tu une lectrice de polars ? RACHELLE PLAS. « J’adore les polars et pendant toute ma jeunesse j’en ai lus énormément, notamment Agatha Christie que j’ai littéralement dévorée. Actuellement j’en lis moins, mais je lis régulièrement. En ce moment, je suis dans le livre « On vient te chercher » consacré à Gilbert Bécaud co-écrit par Claude Lemesle et Jacques Plessis. C’est passionnant ! » * Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier.
NB : à l’issue de cette longue interview téléphonique avec Rachelle Plas, car on ne se connaissait que par mails depuis des années, Rachelle m’a joué une petite impro jazz & bluesy pour « Blues & Polar » via son Iphone. Sympa pour finir l’année en musique !
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2021 PIERRE POUCHAIRET

Il était venu à Manosque en 2013 - à notre invitation - pour son roman « Une Terre pas si sainte » paru chez Jigal polar, la maison d’édition marseillaise de Jimmy Gallier. Et Pierre Pouchairet avait tout de suite aimé ce festival manosquin simplie, humble et génreux, et la bande de bénévoles à toute épreuve qui savait transformer le parc de la Rochette en véritable auberge espagnole.
Depuis, Pierre Pouchairet a tracé son sillon littéraire et a ainsi reçu en 2017, le Prix du 36 Quai des orfèvres des mains de Christian Sainte nouveau grand patron de la PJ pour « Mortels trafics » paru chez Fayard. Le dernier Prix remis dans le site historique du 36, avant le grand déménagement de l’Ile de la cité vers la Porte Clichy. Mais cette semaine, nous avons appris, via La Provence, que « Mortels trafics » était adapté en film par Olivier Marchal pour Amazon prime vidéo. TV. L’occasion de retrouver Pierre Pouchairet enfin de retour en France, en Bretagne précisément, après quatre années passées au Cameroun où son épouse était directrice du Centre culturel français à Yaoundé.
1. BLUES & POLAR. Comment s’est décidée cette adaptation de ton roman « Mortels trafics » par Olivier Marchal ?
PIERRE POUCHAIRET : "Ecoute, là je suis face à la mer du côté de Loctudy dans le Finistère sud, c’est très beau et je savoure le paysage... On a passé le confinement en Afrique où la majorité de la population est très jeune et où le Covid n’était pas très présent. J’ai donc écrit tranquillement… Pour cette adaptation, ce genre de choses se passent entre producteur et éditeur. Amazon et Gaumont ont donc acheté les droits de mon livre et c’est donc Fayard qui m’a prévenu. Et c’est juste du bonheur ! Il y avait une option pendant un moment pour « Une Terre pas si sainte » afin d’en faire une série, mais ça ne s’est pas fait. Là, je suis aux anges parce qu’Olivier Marchal j’ai travaillé avec lui à la PJ de Versailles en 82-83. On était ensemble à la Brigade criminelle ; moi j’y étais depuis 1981. J’avais 24 ans ; on était des jeunots. On s’était croisé une fois depuis, mais là, c’est un pur hasard. Ce qui est marrant aussi c’est que le scénario du film tiré de Mortels trafics a été mis au point et écrit par Olivier Marchal et Christophe Gavat, actuel chef de la Brigade de répression du banditisme de Marseille (BRB) qui avait été mis en garde à vue et en examen – puis innocenté au procès – dans l’Affaire Neyret. Il a d’ailleurs remporté le Prix du Quai des orfèvres 2021 avec « Cap Canaille ». Et Olivier Marchal a réalisée en 2015 le film « Borderline » inspiré d’un autre livre de Christophe Gavat « 96 heures » sorti en 2013. Tu sais, dans le monde du Polar, il y a 50% de professeurs de Français et 50% de flics. Depuis cette nouvelle, on s’est rencontrés avec Olivier Marchal. Tout est entre ses mains, mais on échange. Dans la mesure du possible je vais venir sur le tournage pour me remplir les yeux. C’est une aventure extraordinaire qui m’arrive. Je n’aurais jamais pu penser à ça en débutant dans l’écriture… "
2.BLUES & POLAR. Après « La Consule assassinée » qui vient de sortir récemment aux éditions Filature(s) et que nous avons apprécié à Blues & Polar, as-tu d’autres projets ?
PIERRE POUCHAIRET. « J’ai un livre de la série des Trois Brestoises qui est sorti cette semaine aux éditions Palémon. C’est un serial-killer qui s’en prend à des écrivains de polar et notamment à ceux qui ont remporté le Prix du 36 Quai des orfèvres. Et nos trois Brestoises flic, psychologue et médecin légistes qui sont aussi des musiciennes de rock-blues dans les pubs bretons mènent l’enquête. C’est mon clin d’œil depuis un moment déjà à Blues & Polar. Ça me permet de pouvoir parler un peu de mes groupes favoris dans mes bouquins mais je n’ai pas vu de vrais concerts en livre depuis longtemps… Petite précision pour info, dans la vraie vie, « La consule assassinée » » c’était UN consul ! »
3. BLUES & POLAR. Tu as séjourné pendant quatre années 2006-2010) en Afghanistan à Kaboul comme responsable de la Sécurité intérieure auprès de l’ambassadeur de France. Que penses-tu du départ des forces américaines et du chaos qui semble régner là-bas avec l’arrivée au pouvoir des Talibans ?
PIERRE POUCHAIRET. « Tu sais, je vois ça sans grande surprise. Il faut comprendre qu’en dehors de Kaboul qui est une sorte de Disneyland, une bonne partie du pays était déjà sous contrôle des talibans. Et que la majorité du pays est pro-talibans. Il y a très peu de femmes occidentalisées et l’immense majorité revêt la burka. L’Aghan est très religieux et d’ailleurs si Kaboul est tombée si vite, c’est pour ça. Les gens ont une forme de paix actuellement dans la mesure où ils adhèrent aux idées des Talibans. Maintenant la lutte est entre Daech et les Talibans. Et si Daech est expansionniste et veut islamiser le monde entier, les Talibans eux, sont comme Trump, ils veulent l’Afghanistan d’abord et rien que l’Afghanistan ! Ils ne feront pas d’attentats en France. Et puis, la Culture des Afghans (c’est dur à entendre) mais elle bien plus proche de celles des Talibans que de la nôtre. Kaboul est à la marge… »
Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier
PHILIPPE TORRETON
Invité de la librairie Le Bleuet" à Banon, le week-end dernier, le comédien de théâtre et acteur de cinéma Philippe Torreton est aussi depuis quelques années, un écrivain à part entière. Avec son sens du verbe et de la mâche des bons mots, il réincarne véritablement ses personnages via sa plume alerte et vive. Que ce soit sa grand-mère d’abord, puis son père, et là avec « Une Certaine raison de vivre » paru chez Robert Laffont, un Jean qui a tout de Giono à qui il voue une belle admiration. Et le compliment de Sylvie Giono lui disant « Mon père aurait beaucoup aimé votre livre » lui est allé droit au cœur.
1. BLUES & POLAR. Comment est né dans votre esprit ce livre « Une Certaine raison de vivre » qui redonne vie à Elzeard Bouffier, héros de « l’Homme qui plantait des arbres » ce petit livre de Jean Giono parmi les plus lus au monde ?
PHILIPPE TORRETON : « Bien évidemment, tout part de ce livre « L’Homme qui plantait des arbres » qui est devenu pour moi, un vrai livre de chevet, qu’on feuillette souvent, et qu’on relit fréque6 avant le grand déménagement mment. M6 Quai des orfèvresdais je me suis demandé ce qu’on pourrait faire avec ce livre ? Il y avait déjà un film d’animation de Frédéric Back avec la belle voix de Philippe Noiret ; et j’ai pensé à une lecture et à film. J’ai même écritle scénario d’ailleurs. Mais adapter cette histoire avec de vrais acteurs, je ne suis pas sûr qu’on arrive à obtenir l’impact du roman. C’est après avoir fait des recherches et découvert que « L’Homme qui plantait des arbres » était une fiction, que les portes se sont ouvertes pour moi, et j’ai commencé moi-aussi à inventer une histoire. C’est vraiment la première fois que je fais ça, car mes précédents livres concernaient mes propres souvenirs de famille. Là, c’est mon premier vrai roman de fiction. Et bizarrement, c’était fluide à écrire. Je suis parti d’une base commune avec d’abord la Guerre 14-18 d’où mon personnage revient profondément choqué, et je l’ai prénommé Jean en hommage à Giono, avec des références à son travail dans une agence bancaire du CNEP à Manosque. Et à partir de là j’ai tout inventé. »
2. BLUES & POLAR. Ecrire, c’est un besoin, une envie, un plaisir ou une difficulté parfois ?  PHILIPPE TORRETON : « On peut dire que c’est une difficulté choisie. Moi je ne vis pas ça comme une difficulté car jusqu’à présent j’ai écrit des livres différents sur ma grand-mère, mon père… Là c’est mon premier roman de fiction ! Et ça m’a vraiment plu ! Autrement que mes joies de comédien. C’est comme une joie envahissante où l’on fait corps avec les mots. C’est une stimulation intellectuelle incroyable. Et inventer des personnages, ça c’est merveilleux car il y a des logiques de comportement, et ils peuvent nous échapper, comme s’ils existaient vraiment et vivaient leur propre vie. On ne découvre ça qu’en écrivant ! D’ailleurs, pour la première fois, quand j’ai terminé ce livre, je n’ai pas sauté de joie en me disant « Ça y est j’ai terminé mon roman ! » Au contraire, j’étais un peu triste que l’aventure soit finie. Je me suis senti comme abandonné et mélancolique. »
3. BLUES & POLAR. Lisez-vous des polars, Philippe ? PHILIPPE TORRETON : « Ça m’est arrivé évidemment, mais je suis tout de même très soumis au travail qu’on me propose et que je dois lire et apprendre. Donc, je n’ai pas vraiment beaucoup de temps. Le dernier polar dont je me souvienne remonte à deux ans. C’était pour le film de Nicolas Boukhrief inspiré du roman de Pierre Lemaître « 3 jours et une vie » (*) dans lequel je joue le rôle du docteur Dieulafoy. Sinon, j’ai lu « Territoire » d’Olivier Norek que j’ai rencontré par la suite. Un type super sympa avec qui j’ai bien discuté. » * On est fin décembre 1999, à Olloy, dans les Ardennes belges, un enfant disparaît. Tout le monde dans le village se met alors à suspecter son voisin de la disparition. Ce sera sans compter sur un événement inattendu et dévastateur qui va tout chambouler.
LA QUESTION + BLUES & POLAR. Le blues pour vous, c’est une musique ou un état d’âme ? PHILIPPE TORRETON : « C’est intimement lié. Mais je pense qu’on ne peut pas être réceptif au blues si on n’est pas un peu mélancolique. J’écoute beaucoup de blues qui correspond à ce critère ; c’est à-dire le blues roots ; celui des racines et des esclaves dans les champs de coton, et aussi des Spirituals.
J’écoute souvent Woodie Guthrie ce blanc qui chantait la lutte des opprimés, et aussi Doc Reed. Sinon dans les voix actuelles j’aime bien la chanteuse norvégienne Ane Brun et l’américaine Billie Eilish. »
Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier
OCTOBRE 2021
MICHAEL JONES
1. BLUES & POLAR. Pourquoi ce besoin de témoigner dans un livre aujourd’hui ? C’était prévu de longue date ou est-ce que le confinement et la pandémie ont joué un rôle ?
MICHAEL JONES. « La pandémie a peut-être joué un rôle, mais il y a dix ans j’avais fait un reportage avec le journaliste Stéphane basset (co-auteur du livre) qui ramenait les artistes sur leur lieu d’origine pour les interviewer. Et on était allés au Pays de Galles où je suis né. Il s’en est souvenu et il m’a envoyé sous word, une proposition de livre qui m’a rafraichie la mémoire. J’ai réécrit et corrigé des passages car des fois on mélange les dates à 70 balais… Et à la 3eme relecture, j’ai dit OK ! Même s’il y aurait encore à revoir des moments où le you anglais et le tu français se mélangent les pinceaux ; mais ça s’entend plus que ça se lit. En fait, on se vouvoie tout le temps dans la langue anglaise, et c’est l’intonation qui apporte la familiarité du tu. Bref, je me suis dit si ça peut donner des idées à des jeunes, allons-y ! Mais c’est l’histoire d’un mec banal, né dans une famille banale et qui a eu tous les avantages - mais pas la pression - d’un artiste connu comme Jean-Jacques Goldman. En fait j’ai eu plein de chances, d’où le titre du livre qui est parfait. »
2. BLUES & POLAR. Le Blues semble beaucoup compter dans votre vie. Qu’est-ce qu’il représente au juste pour vous ? MICHAEL JONES : « J’ai vécu le boum du blues anglais de très près dans les années 60. Mais le blues ce n’est pas qu’une musique ; c’est la convivialité. Car on n’est pas obligé d’être un grand technicien de la musique pour faire un bœuf. On peut jouer très longtemps comme ça. Le blues, c’est une philosophie qui réunit beaucoup de choses à la fois. On peut aller vers le jazz et le rock en passant par le blues. Il faut y ajouter les Celtes qui ont amené le côté folk en plus. Et cela a donné la country music. Cependant, dans le blues, l’émotion peut passer la musique mais aussi par le texte. Tu écoutes « Confidentiel » de Jean-Jacques Goldman c’est un blues dans l’esprit du blues ! J’aime écouter les vieux bluesmen tu sais. Récemment quand j’étais en train de tourner Héritage Goldman, il y avait un vrai disquaire plein de vinyles juste à côté. Je suis allé acheter un disque de Robert Johnson et un de Muddy Waters. »
3. BLUES & POLAR. Etes-vous un lecteur de polars ? Si oui, qui ? MICHAEL JONES : « Moi j’ai appris le français avec Lucky Luke et avec Astérix. Puis avec Frédéric Dard et San Antonio. C’est dire que j’ai un florilège de gros mots en tête. J’ai adoré ça parce que Frédéric dard était très anglophile. Et je comprenais bien son argot. En revanche, je lis peu de polars français. Sinon j’ai tout lu de Dan Brown, et j’aime Ken Folette ; et aussi Philippe Kerr qui est policier en Allemagne avant-guerre et pendant la 1ère guerre mondiale. J’adore Bernard Cornwell qui écrit des polars historiques mais j’ai du mal avec Stephen King. En fait, je lis en Anglais pour conserver mon Anglais, car j’ai perdu mon Gallois. C’est mort, fini ! Si tu ne pratiques pas, tu perds tout ! Regarde ; le guitariste de Statu Quo qui est italien de naissance, il a tout perdu. Je lis pas mal sur e-book aussi car c’est plus pratique dans les voyages. »
LA QUESTION + Dans ce livre, vous écrivez que le rock ne se vit pas seul, et qu’être en groupe, c’est la vraie nature du rock. Bref, la vie sur la route, ça marque vraiment pour toujours ? « Ça c’est certain ! Mais il y a du bon comme du mauvais. Je m’en rends compte aujourd’hui.  Néanmoins, dans ces tournées comme dans la vie, la bouffe compte aussi et pendant le confinement, ma femme et moi on a eu l’idée de créer une émission sur You Tube qui rassemble la cuisine et la musique. On a appelé ça « Confiture jam » parce qu’en anglais confiture c’est jam, et que jam en français, c’est un bœuf chez les musicos. On a pensé à ça au moment de la Fête de la musique du 21 juin 2020 qui n’a pas eu lieu. Ça paraissait inconcevable pour moi et le 21 juin j’ai fait un concert en streaming avec des potes et on a filmé ça au Hard rock café de Saint-Priest près de Lyon devant 50 personnes. On ne pouvait pas en accueillir plus avec les conditions sanitaires. Désormais on continue à un rythme irrégulier en raison des financements difficiles à obtenir auprès des mécènes et sponsors. Le prochain « Confiture jam » réunira Claudio Capéo et le chef Thomas Parrizini. Auparavant, on a eu Thomas Dutronc et le chef étoilé Marc Veyrat. »
Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier
ARNAUD ROZAN
 Son premier roman « L’Unique goutte de sang » paru chez Plon début septembre évoque l’Amérique noire du sud dans les années 1920-1930 et l’inimaginable comportement des blancs de l’époque – par ailleurs chrétiens fervents mais Protestants - qui traitaient les noirs de tous âges comme du bétail ou de simples meubles de maison. Avec justesse et force, Arnaud Rozan nous entraine dès les premières pages au cœur de la terrifiante scène qu’est le lynchage d’un couple noir et de ses jeunes jumelles. Un moment qui hérisse le poil et donne l’envie de vomir… Un livre coup de poing écrit avant le meurtre de Georges Floyd étouffé de longues minutes par le genou d’un infâme policier blanc, mais dont la scène filmée sur un simple téléphone a fait le tour du monde et des télés. Elle résonne aujourd’hui en écho à la chanson « Strange fruit » de Billie Holiday ; ces « fruits étranges » accrochés aux branches des arbres, pendus par des blancs ayant amené leurs enfants dans ce lieu indigne, comme pour un spectacle….
J.-P.T
1. BLUES & POLAR. Pourquoi avoir fait ce choix de la ségrégation raciale aux Etats-Unis dans les années 1920-1930 avec ce cortège d’atrocités innommables sur la population noire, pour écrire votre premier roman ? ARNAUD ROZAN : « Je ne me suis pas réveillé un matin avec ce sujet en tête ; c’est plutôt le hasard. Au départ, étant passionné de peinture, au point de poster fréquemment des tableaux m’ayant touché et inspiré sur Instagram, je voulais écrire un jour, sur l’histoire de ce tableau parmi les plus connus du XXème siècle - mais aussi le plus détourné au monde - qu’est « American gothic » peint par Grant Wood. Il représente un fermier tenant une fourche à trois pointes et sa fille célibataire, l’un à côté de l’autre dans le Middle West des années 30, et il figure au générique de l’émission « d’Art d’Art » consacrée aux Arts plastiques et présentée par Adèle Van Reeth sur France 2. A partir de cette image, j’ai imaginé une histoire dans l’Iowa avec ce couple. Et à un moment - dans mon esprit, ils croisent un jeune noir… Et cela a été le point de départ de la scène de lynchage qui ouvre le livre. J’avais déjà vu des documentaires à la télévision sur ce sujet, mais je ne pensais pas que cela pouvait arriver à ce point. Car on n’est plus là dans un « dérapage ». Et de là, je me suis laissé prendre par cette folie avec notamment des photos d’époque retrouvées sur Internet. Je ne suis pas historien, mais quel choc ! Je revenais aussi d’un séjour à Harlem, et cela a dû jouer. C’est pour ça que j’ai choisi de débuter pendant le 1er tiers du livre sur ce massacre perpétré par des gens qui viennent en famille avec leurs enfants assister à cette horreur absolue. Car c’était un vrai cérémonial qui pouvait durer heures. Je tenais à montrer ce consentement de la population ! Mais, en fait c’est la peinture qui m’a fourni le stylo pour écrire. »
2. BLUES & POLAR. Votre roman évoque - sans la nommer - la chanson de Billie Holiday « Strange fruit », ce poème anti-raciste écrit par Lewis Allen professeur de lycée et juif, qu’elle a chantée pour la première fois au Café Society à New-York en 1939. Et vous évoquez aussi la grande chanteuse noire Bessie Smith morte des suites d’un accident parce que les noirs n’étaient pas admis dans les hôpitaux, ni soignés par des blancs. Le Blues, c’est la B.O de votre roman ? ARNAUD ROZAN : « Je ne suis pas un spécialiste du blues, mais à un moment il est bien présent dans mon roman avec le personnage de Bessie Smith, car elle est de Chattanooga comme le jeune Sidney qui est le héros du livre. Et quand il entend Bessie Smith chanter, ça lui réveille le cerveau et des choses qu’il avait oubliées. Mais c’est vrai que toutes les chanteuses de blues, même encore aujourd’hui, évoquent les traumatismes de cette époque. Il y a une transversalité entre la musique et mes personnages. Et le blues, s’il avait une couleur, ce serait le bleu ! Celui des bleus à l’âme ! »
3. BLUES & POLAR. Vous avez un autre projet d’écriture, après ce premier bon accueil reçu par ce premier livre ? ARNAUD ROZAN : “Oui ! Quand j’ai terminé « L’Unique goutte de sang », j’avais déjà envie de m’y remettre. C’est bon signe. J’ai une idée qui tourne toujours autour de la question noire, mais dans une époque plus contemporaine. Je pense notamment aux formes d’esclavage qui perdurent dans le monde aujourd’hui. Mais avec une intrigue, car ce sera toujours un roman. »
Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier
AOUT 2021
LE DUO ZOPPA
Kalliroi Raouzéou (piano) et Sylvia Paz (chant) sont deux artistes aux racines grecques et espagnoles dont les voix portent le blues de cette Méditerranée avec toutes les émotions qu’il peut contenir selon le contexte et le temps qui passe. Zoppa, leur duo est issu de cette mélancolie qui leur colle à la peau, car sous le soleil de « mare nostrum » tout n’est pas rose et les combats pour les femmes, sont nombreux, ici plus qu’ailleurs ; et la période actuelle en est l’illustration. Mais femmes fortes elles sont et demeurent. Le blues qu’elles évoquent est aussi fait de joies profondes et de sens.
1. BLUES & POLAR. Comment est né Zoppa ? KALLIROI RAOUZEOU ET SYLVIE PAZ : « Ce duo est né d’une rencontre heureuse et surprenante avec la Cie Rassegna dont je suis une des chanteuses explique Sylvie Paz. Kalliroi (prononcez kalliroïe) était invitée à ce concert et on s’est découvert un langage commun de par la sonorité de son piano. D’où l’idée de se rencontrer à deux, simplement. Nos deux voix avec piano et moi chant-percussions, ça suffisait pour un nouveau projet. » « C’était parfait précise Kalliroi. On est allées assez rapidement vers une forme de jazz méditerranéen avec nos propres compositions complexes et mélodieuses. Et ça permettait aussi d’étoffer le duo, car avec ce type de musique on peut aller jusqu’à être dix sur scène. Et comme nous sommes toutes deux des fanas de littérature et de mathématiques (discipline cérébrale qui compte beaucoup dans ce style musical) ça nous permet de raconter notre Histoire et celle de la Méditerranée. »
2. BLUES & POLAR. Une pianiste grecque, une chanteuse espagnole, vous habitez Marseille toutes deux. La Méditerranée, vous colle vraiment à la peau ? KALLIROI RAOUZEOU ET SYLVIE PAZ : « Oh oui ! Si la Méditerranée est un langage, elle est aussi une forme de vie. Avec le soleil, l’huile d’olive, la menthe fraiche, l’anis, le poisson, les pois chiches, l’intérêt pour les poètes, les jeunes femmes féministes blogueuses dans tous les pays autour de la Méditerranée…. Tout ça c’est notre bleu du ciel, même si on s’expatrie parfois. Il y a comme un Esperanto de notre culture et ça permet de parler du Vivre ensemble. Pour nous, cette musique s’imposait dans notre envie de duo. Car il y a aussi à l’intérieur, du blues, de la mélancolie et une façon de poser les mots dans nos notes et nos chants. »
3. BLUES & POLAR. Votre CD sera-t-il le 28 août à Blues & Polar ? KALLIROI RAOUZEOU ET SYLVIE PAZ : « Non ! Il y a eu des retards avec le virus. Il va donc être fabriqué en octobre via une opération de crowfunding dont Blues & Polar s’est d’ailleurs fait le relais. Et il va être en autoproduction. Tu sais, on a une structure et des amitiés musicales via Arts et musiques en Provence dirigé par Claude Freissinier et avec la Cité de la Musique de Marseille. On a donc constitué une grande équipe, un peu à contre-courant de l’époque en prenant notre temps pour réaliser ce disque. On l’a laissé vieillir comme un bon vin et on s’est entourées de superbes musiciens plutôt jazz comme Pierre Fenichel, Cédric Bec, Fred Pichot… et le public de Blues & Polar pourra découvrir quelques-unes de ces compositions. On a hâte d’être avec vous à Manosque. »
Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier
JUILLET 2021 : MARIANNICK SAINT-CÉRAN
- Mariannick Saint-Céran promène depuis de nombreuses années sa voix chaude et profonde qui lui permet de toucher à la bossa nova avec talent, grâce au ton suave de ses interprétations. Voyage pour Rio et Copacabana dès les premières notes… Mais c’est le blues teinté de jazz qui lui permet de raconter des histoires ; notamment celles des divas du jazz qui de Billie Holiday à Amy Winehouse ont souvent eu des destins fragiles et douloureux. Ella Fitzgerald, Etta James, Sarah Vaughan… font aussi partie de son répertoire, tout comme la grande Nina Simone à qui elle rend hommage sur scène. Sincère et généreuse, Mariannick Saint-Céran a débuté dans les bars et c’est là que je l’ai découverte à Manosque en 1993 au Cocktail Paradise des frères Bayle champions du monde et de France de motocross. L’OM venait de gagner la Coupe d’Europe contre le Milan AC. Quel groove ce soir-là !
J.-P.T
1. BLUES & POLAR. Comment as-tu vécu cette période totalement inattendue avec confinement, couvre-feu, reconfinement qui nous est tombée dessus depuis mars 2020 ? Mariannick Saint-Céran : “Moralement plutôt bien ! J’étais à Marseille dans un petit appartement, mais dans un quartier aux allures de petit village où tout le monde se connaît. J’ai fait du sport, j’ai lu, j’ai chanté à la maison et j’ai vécu ! Et j’ai eu la chance de pouvoir chanter dès que je pouvais… Professionnellement, c’est autre chose. »
2. BLUES & POLAR. On connait ton répertoire très jazz – blues avec une légère pincée de bossa-nova suivant les soirs. Comment es-tu venue à ces musiques ,à qui tu es restée fidèle malgré le temps qui passe ? Mariannick Saint-Céran : « j’ai commencé à faire de la musique Réunionnaise car je suis née à Madagascar et là-bas mon père était musicien. Puis à 8 ans, on est venus en France. A Marseille. Le jazz j’y suis venu parce qu’un copain de mon frère nous prêtait des disques. Mais j’ai connu le blues étant ado. J’écoutais Nougaro, Janis Joplin, Hendrix, Cream ; Credence Clairwater Revival, John Lee Hooker, mais aussi Bob Dylan, Joan Baez, Arlo Guthrie…. C’était vraiment une belle période où il y avait de vrais messages sur la société. Moi je chantais sur ces disques-là dans mon garage et un jour j’ai rencontré l’association Pulsation avec une copine pour y faire des claquettes. Et il y avait là d’excellents musiciens qui jouaient de la musique brésilienne. Comme j’écoutais aussi beaucoup de jazz en même temps, je me suis retrouvée un jour à choisir entre un boulot dans un resto ou chanter tous les soirs dans le même lieu pendant trois mois. Et j’ai choisi la deuxième option ; ce qui m’a fait chanter par la suite, très longtemps avec Coco Verde. Jusqu’au jour où l’on m’a demandé de remplacer au « pied levé » une chanteuse de jazz à Marseille. Et cela a été ma chance. Car j’ai découvert la vraie passion que j’avais pour le jazz. Mais ça a pris du temps. Etr aujourd’hui je rend hommage aux divas du jazz que furent Billie Holiday, Sarah Vaughan, Etta James, Ella Fitzgerald… et je fais un Tribute to Nina Simone qui me touche toujours beaucoup. »
3. BLUES & POLAR. Es-tu une lectrice de polars ? Mariannick Saint-Céran : « Ah oui ! Mais je n’aime pas les polars « gore » ou trop violents. Je suis beaucoup plus attirée par les classiques, Agatha Christie ou Simenon. Mais récemment ,j’ai lu « La Route de tous les dangers » de Kris Nelscott (éditions L’Aube noire). Cela se passe pendant les jours qui suivent l’assassinat de Martin Luther King. La communauté noire de Memphis est à cran et le détective privé Smokey Dalton pressent le pire quand Laura Hathaway, jeune femme blanche de bonne famille, débarque dans son bureau. Elle voudrait comprendre : comment sa mère a-t-elle bien pu lui laisser une partie de son héritage, à lui, un nègre ? » Mais j’aime bien aussi Fred Vargas… »
La Question + : Mariannick as-tu le blues aujourd’hui ? « Vaste question ! De par ma nature je suis quelqu’un de joyeux, etle blues pour moi ça reste avant tout une émotion. C’est donc plus une musique pour moi, qu’un état d’âme. » Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier
SOPHIE LOUBIÈRE
- Ancienne journaliste et productrice de radio, auteur de romans, nouvelles et de fictions audios, Sophie Loubière est aussi une voix bien connue de la radio (France Inter, France Info, France Culture, FIP…). Son univers littéraire c’est la maltraitance des sentiments, les abimes de l’âme humaine, les secrets coupables de l’enfance… L’Enfant aux cailloux sorti chez Fleuve Noir en 2011 a été traduit en anglais et lui vaut depuis une reconnaissance internationale. À la mesure de nos silences (2015), traitant d’un évènement méconnu de la seconde guerre mondiale, Black Coffee (2013) et White Coffee (2016), où elle passe de la route 66 aux sentiers sinueux et torturés des âmes, ainsi que Cinq cartes brûlées (2020), qui a reçu le prix Landerneau en 2020, sont tous des thrillers passionnants où les addictions se mêlent à la curiosité et appuient là où ça fait mal. Sophie Loubière que l’on suit depuis très longtemps à Blues & Polar est notre invitée de juillet.
1. BLUES & POLAR. Après « Cinq cartes brûlées » qu’on avait beaucoup apprécié à Blues & Polar en y attribuant 4 étoiles, vous venez de publier début juin « De Cendres et de larmes » qui s’ouvre sur l’incendie de Notre-Dame. Seriez-vous inspirée par le feu et les flammes ?
SOPHIE LOUBIÈRE : « « De Cendres et de larmes », c’est le titre qui a été choisi pour ce dernier roman, mais il aurait dû s’appeler « La tige brisée du lys ». Ce qui n’avait vraiment aucun rapport ! Cependant, à la lecture on s’est très vite rendu compte que l’on pouvait mal interpréter la phrase et l’attribuer… à un souci trivial pour Ulysse ! D’où un changement de titre assez rapide qui s’est opéré. Mais peut-être qu’il y a tout de même un rapport entre les deux romans. « 5 cartes brûlées, c’est la phrase prononcée par chaque croupier de casino - dans le monde entier - au début d’une partie de Black jack. On écarte donc cinq cartes au départ, afin d’éviter les tricheries et que l’on mémorise les cartes données, car il y a plusieurs jeux de cartes mélangés. Histoire de ne pas jouer avec le feu… »
2. BLUES & POLAR. Parlez-nous de ce nouveau roman. Comment est-il né ? Et pourquoi en avoir fait une version audio lue par l’auteure ? SOPHIE LOUBIÈRE : « A chacun de mes livres, je créé un blog (*) et on y trouve en détail le résumé du roman, les portraits des personnages avec aussi l’histoire de leur famille. C’est un complément au livre, comme les coulisses d’un roman. Une sorte de best off. Pour la version audio, il faut se souvenir que j’ai longtemps été une lectrice sur les ondes de Radio France, et donc depuis « L’Enfant aux cailloux » je fais des versions audios de mes livres. Mais c’est complètement différent de la radio. Quand on a des auditeurs comme dans ma période France Inter, on s’adresse vraiment aux auditeurs et il n’y a pas de dialogues. En livre audio, on s’adresse à un auditeur seulement et c’est vraiment autre chose. On s’arrête et on réécoute. C’est vraiment comme enregistrer un disque en studio. On fait appel à de la comédie aussi, mais là je n’ai pas le trac du Direct. En revanche, je peux être submergée par l’émotion car on incarne le personnage de manière forte. En radio, je n’ai jamais pleuré ; en livre audio oui ! Ce dernier roman « De Cendres et de larmes » il est né autour d’une situation et d’un lieu bien réels – car je travaille toujours sur des réalités - qui est le cimetière de Bercy à Paris. Avec à l’intérieur – et c’est vrai – une maison de fonction pour le directeur du cimetière. J’ai pensé à une famille qui va emménager dedans et c’est un sentiment d’angoisse qui a guidé mes premières lignes. Car la maison est entourée des murs d’enceinte du cimetière et d’une multitude de tombes. Et la famille va être confrontée à ça. J’ai aussi pensé au film « Shining » avec Jack Nicholson et avec un gardien de cimetière au rôle déterminant. Comme en plus, je n’habite pas loin en Seine Saint-Denis, et que nous étions en plein confinement, j’ai voulu en faire comme une métaphore de cette situation. Ainsi, à cinq minutes de chez moi, il y a la caserne des pompiers dénommée « Nativité » et j’ai pu me documenter auprès d’eux sur certaines situations liées au Coronavirus. Car aujourd’hui, le métier de sauver des gens - comme le font les pompiers - n’est pas plus facile que de veiller des morts. L’action se passe donc en 2019 car j’avais envie de traiter de cette angoisse de mort qu’il y a eu pendant le début de la pandémie. »
3. BLUES & POLAR. DANS TOUS VOS LIVRES, IL Y A DU ROCK, DU BLUES, LA ROUTE 66 AUSSI… QUELLES SONT LES RACINES DE CET AMOUR MUSICAL ? SOPHIE LOUBIÈRE :
« Ça remonte à mon enfance. Mes parents étaient des intellectuels de gauche qui écoutaient de tout. Ça allait du jazz à Léo Ferré, tandis que mon frère était plutôt branché Higelin et Ange. Faut dire qu’on était à Nancy ! Moi, dès mon plus jeune âge, j’ai toujours été subjuguée par les musiques de film des séries télévisées. J’étais totalement hypnotisée par « Amicalement vôtre ». Et comme je jouais du piano, je me suis mise à composer des musiques très influencées par ça. Et je l’ai même fait pour FIP, car j’ai commencé la radio à 15 ans à Nancy, au moment des premières radios libres en 1981. Et d’ailleurs mon générique d’émission de l’époque c’était un extrait du film « Subway » d’Eric Serra. Maintenant j’ai un fils qui m’a fait une play-list extraordinaire sur Spotify et j’écris en fonction du livre sur certaines musiques. »
* On peut trouver cette play-list sur le blog : https://decendresetdelarmes.blogspot.com/
LA QUESTION + DE BLUES & POLAR. AVEZ-VOUS LE BLUES EN CE MOMENT SOPHIE ? SOPHIE LOUBIÈRE : « Ah ouais ! A fond ! Car la sortie d’un nouveau bouquin, c’est de plus en plus dur en ce moment. J’ai eu le Prix Landernau l’an dernier pour « Cinq Cartes brulées » qui n’a pas pu sortir à la date prévue en raison du confinement, et là pour moi qui ne travaille en n’essayant pas d’écrire des séries américaines, je n’ai pas encore eu un seul papier dans la Presse. C’est mon onzième roman, et même si je suis à Quai du Polar à Lyon ce week-end, je suis déçue par ce que deviennent les médias. Il y a de moins en moins de cases Culture à la Télévision où l’on n’invite que des « people ». Et la Presse perd sa curiosité de plus en plus, c’est-à-dire son âme ! »
Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier
JUIN 2021 : AGNES NAUDIN
Après dix années d’activité, Agnès Naudin capitaine de Police à la Brigade territoriale de protection de la famille, a rendu sa carte professionnelle et son arme de service en juin 2019 pour se mettre « en disponibilité ». Le succès de ses deux premiers livres (Affaires de famille puis Affaires d’ados) rapidement médiatisés par la Presse et la Télévision n’ayant pas été du goût de sa hiérarchie directe. Elle répond à nos 3 questions.
1. BLUES & POLAR : Agnès, tu publies presque en même temps deux ouvrages : Avis de recherche co-écrit avec Bernard Vazely et Enfance en danger. Dans ce dernier opus, tu expliques avoir quitté la Police nationale le 28 juin 2019, sans bruit, après dix années de service, en te mettant en « disponibilité ». Pourquoi ? Un sentiment d’impuissance face à la tâche à accomplir ? AGNÈS NAUDIN. « D’abord, je n’ai pas encore démissionné de la Police. Être en disponibilité, ça veut dire que j’ai rendu ma carte professionnelle et mon arme de service, et que je ne suis plus payée. Je ne touche rien et je ne suis rien, mais je peux reprendre du service quand je veux. Pour l’instant, je suis donc dans un entre-deux vis-à-vis de la Police. J’informe mes supérieurs quand je fais des salons littéraires, des télévisions, des radios, des conférences… Ça fait deux ans que je ne suis pas allée au bureau ! Pour l’instant, disons que c’est plutôt la guerre froide. J’ai dit ce que j’avais à dire dans mes livres et je persiste à vouloir continuer d’écrire. Et je l’explique dans Enfance en danger. Mon premier livre Affaires de familles paru en 2018 - et sa médiatisation très rapide - n’a pas plu à ma hiérarchie directe. Il y avait comme de la jalousie et de l’envie aussi. En clair, il ne faut pas sortir du rang ! Car c’est en critiquant ma hiérarchie directe que j’ai eu des problèmes. Mais quand on n’est plus payée, il faut bien manger et je suis mère de famille. Là je vis donc dans la précarité de l’intermittence, via mes livres vendus, en écrivant des scénarios pour la Télévision, et je réalise aussi un travail éditorial pour des maisons d’éditions."
2. BLUES & POLAR : Tu as donc travaillé en dehors de la Police pendant les deux confinements. Où étais-tu, et comment as-tu vécu ces conditions inhabituelles pour vous ? AGNÈS NAUDIN. « Eh bien, c’était formidable. Surtout pour le premier ! Je rentrais d’un voyage touristique et spirituel en Inde, et en apprenant le confinement proche, j’ai quitté Paris et je suis partie en Dordogne. Pour le 2ème, j’ai évité les grandes villes là-aussi et j’en ai profité pour écrire, et faire 5 mois d’école à la maison avec mon petit garçon. J’ai vraiment bien vécu toute cette période isolée en faisant du yoga, de la marche… et je n’avais pas envie d’en sortir. Ce qui m’a manqué, ce sont les bars et les restos. Là, je suis en train d’opérer une grande transition en déménageant en Haute-Provence, à Ongles, non loin de Forcalquier, dans un vieux mas en pleine campagne… pas très loin de * Manosque ! " (* NDLR Blues & Polar n’y est pour rien !)
3. BLUES & POLAR : Avec « Avis de recherche » co-écrit avec Bernard Vazely, tu mets le doigt sur les nombreuses disparitions inexpliquées d’adultes qui ont lieu chaque année en France, et sur ces fameuses « affaires classées » bien que non résolues. C’est là-aussi – comme pour l’enfance en danger – un combat que tu veux mener ? AGNÈS NAUDIN. « C’est le combat de Bernard Vazely depuis de nombreuses années. Moi, je ne connaissais pas cet aspect de la Police et les recherches engendrées. En fait, c’est une analyse du système que nous menons, et on y constate que les victimes ne sont pas prises en considération. On a rencontré et recueilli les témoignages « sur place » de toutes les familles de disparu(e)s dont nous parlons dans ce livre. Elles sont une vingtaine dans le bouquin et à chaque fois on a disséqué la situation. Ça m’a pris vraiment beaucoup de temps à comprendre les problématiques, mais il y a des solutions. Le drame, c’est que ces personnes n’ont pas les moyens de faire leur deuil. Car on s’en fout des gens adultes qui disparaissent…"
LA QUESTION +As-tu le blues en cette période Agnès ? : « Pas du tout ! Tout va bien ; je suis à fond et j’ai hâte qu’e l’on sorte de cette situation. Je prépare l’après, et j’écoute du blues aussi parfois ! » Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier
LENA WOODS
Chanteuse du groupe Nobody’s Cult – après un passage très remarqué avec sa harpe celtique à The Voice 5 - Lena Woods poursuit sa carrière au sein du groupe rock parisien qui sort son premier album le 11 juin. Un rock pop teinté de blues qu’on adore.
1.BLUES & POLAR : Léna, on vous a découverte en 2016 avec votre harpe celtique dans « The Voice 5 » sur TF coachée par Zazie, en même temps que Jessie Lee, votre grande copine coachée par garou, invitée chez nous à Blues & Polar quelques mois plus tard. Que vous a apporté cette expérience ? Des joies ou des regrets, car vous avez été éliminée – contre toute attente – en ¼ de finale ? LENA WOODS. « Je fais partie du groupe Nobody’s cult depuis 2015 et quand on m’a proposé de participer à « The Voice » j’y suis allée sans aucune pression et je me suis dit « c’est le moment de tester quelque chose. » Et finalement ça m’a donné du boulot puisque je suis partie en tournée avec Nolwen Leroy pour l’accompagner à la harpe celtique dans son répertoire breton. Il faut savoir que ma mère est professeure de harpe celtique et classique et que j’ai commencé à apprendre à 7 ans. J’ai ensuite arrêté à l’adolescence et j’ai repris plus tard avec une harpe en carbone qui ne pèse que 5 kg. Mais je suis rock et j’aime triturer le son. Ma harpe électrifiée j’aime l’emmener ailleurs et foutre le bordel, comme des solos de guitare un peu dingue. "
2. BLUES & POLAR : Le rock pour vous, c’est plutôt une histoire de groupe au sein de Nobody’s Cult que de viser une carrière de chanteuse en solo ? LENA WOODS. “Oui ; complètement ! D’ailleurs, Nobody’s Cult ce n’est pas moi qui fait tout. On répète souvent parce qu’on aime ça et c’est une véritable histoire de famille. Une fille qui chante seule sur scène, je pense qu’elle doit au moins jouer d’un instrument pour s’accompagner, sinon c’est très dur de percer. Tu dépens toujours de quelqu’un… Et il ne suffit pas d’avoir une belle voix. Moi, j’écris ma musique et je compose depuis toujours. J’ai débuté le Conservatoire des musiques actuelles en classe de chant à Paris avec Jessie Lee et également Vincent qui joue dans Nobody’s Cult. Là, on sort notre album le 11 juin, le single « Hanover » est déjà en ligne, et on va enfin pouvoir participer à des festivals."
3. BLUES & POLAR : Cette période où l’on s’apprête à sortir du confinement palier par palier, comment l’avez-vous vécue ? LENA WOODS. « J’ai la chance d’avoir le statut d’intermittente du spectacle et on a pu ainsi avoir des autorisations pour répéter afin de se préparer à exercer notre travail. Finalement, je ne l’ai pas trop mal vécue. On était dans une bulle au studio. »
LA QUESTION + Le Blues pour vous, c’est une musique ou un état d’âme ? LENA WOODS. « Bonne question ! Je pense que c’est un langage et une musique qui laisse passer son âme. Quand j’écoute Jessie Lee qui chante plus blues que moi, j’aime beaucoup ! Mais tout le monde aime le blues ! » Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier
MAI 2021 : SANDRINE COHEN
1. BLUES & POLAR. Réalisatrice, scénariste, comédienne, photographe, écrivain… vous venez d’écrire votre premier polar « ROSINE une criminelle ordinaire » aux éditions du Caïman dirigées par l’ami Jean-Louis Nogaro. Vous y faites le choix délicat et douloureux d’une maman qui noie ses deux petites filles pendant leur bain du soir. J’ai longtemps hésité - et même plusieurs jours - avant de commencer ce roman noir qui me pétrifiait. Et puis, votre roman m’a estomaqué via l’enquête de personnalité menée par Clélia, une jeune femme quelque peu punk et déjantée, mais terriblement pugnace qui fait penser à la Lisbeth de Millénium ! Pourquoi ce thème qui nous assaille ? Et cette fin « ouverte », est-elle signe de la suite des aventures de Clélia ?
SANDRINE COHEN : « Vous n’êtes pas le seul à avoir hésité. Mais moi, je n’ai pas prêté attention à ça. En fait, la genèse de ce roman vient de mon attirance pour le documentaire en ayant déjà réalisé quatre sur des criminalités de proximité. Du type, le gamin qui tue sa grand-mère pour lui voler 400€. C’est ça qu’on appelle le crime dit ordinaire. Et je me suis intéressé au « point de bascule » ; le moment où il y a passage à l’acte. Et dans les enquêtes menées sur ce sujet, on constate que ce sont les infanticides en majorité, mais on en parle peu ! De là, j’ai inventé une fiction car ce double infanticide, c’est quelque chose d’intime pour moi. A 9 ans, à l’école primaire au Mans, on avait étalé des journaux sur le pupitre pour le cours de peinture. Et il y avait un article sur une mère de famille qui avait tué ses enfants. Et ça m’est revenu ! Il y a une autre raison aussi à ce polar, c’est celle de valider la façon dont Clélia l’enquêtrice de personnalité – qui n’est pas une policière – pouvait être crédible en France dans ce rôle à part. Car la maman auteure des faits ne nie pas, ne ment pas. C’est donc très singulier au cœur de la Justice française, car chez nous c’est la présomption d’innocence qui compte. Alors que chez les Anglo-Saxons c’est l’inverse ! On doit prouver que l’on est innocent ! Là, Clélia mon héroïne, intervient après l’enquête auprès d’une personne qui est déjà derrière les barreaux et dont le procès en Cour d’Assises va avoir lieu. Et pour la fin, oui, il y aura de prochaines enquêtes menées par Clélia qui a deux grands secrets que je révèlerai au fil du temps. »
2. BLUES & POLAR. Comment avez-vous vécu cette année de confinement et de couvre-feu ?
SANDRINE COHEN : « Moi, très bien ! J’ai adopté une petite fille de 3 ans et au moment de l’annonce proche du confinement, j’ai décidé d’aller vivre dans les Landes en forêt. Et plein de choses se sont déclenchées pour moi pour des projets de télévision. Là, je viens de terminer le scénario de « Cassandre » pour France 3. On a tourné sur le lac d’Annecy et à Lyon, et ça commence par un meurtre pendant des régates. J’ai écrit également un 2ème épisode pour 2022 sur le football féminin. Et j’ai aussi réalisé des épisodes de « Demain nous appartient pour TF1. On a pu tourner normalement pendant ce confinement en observant les mesures sanitaires, les gestes-barrières et en plein ai très majoritairement. En fait, la télé n’a jamais tant tourné car les gens confinés sont très amateurs de séries policières. »
3. BLUES & POLAR. Vous venez de co-écrire avec Priscille Deborah – la 1ère femme bionique au monde – « Une vie à inventer » qui résume le parcours incroyable de cette jeune femme amputée des deux jambes et d’un bras à la suite d’une tentative de suicide, en se jetant sous le métro. On est loin du polar…
SANDRINE COHEN. « Oui, mais la vie est faite de hasard et de rencontres. Priscille Deborah, je l’ai connue personnellement, il y a vingt ans quand elle était directrice de post-production des films pour la télévision. On était très copines, et je l’ai soutenue pendant sa dépression qui a duré très longtemps. Je l’ai vue également à l’hôpital après sa tentative de suicide. On s’est perdu de vue un bon moment, et on s’est retrouvé après la sortie de son premier bouquin « La Peine d’être vécue » sorti aux Arènes. Je l’ai appelée il y a un an ½ avec l’idée de faire un film sur la résilience et elle était en cours d’installation de ses prothèses bioniques uniques au monde. L’éditeur Albin-Michel avait prévu de suivre son évolution au travers de ses deux années de rééducation, et juste avant le 2ème confinement, elle m’a appelée et m’a proposé de participer à la réalisation de son livre. J’y ai mis son style et une écriture romanesque quand même, mais sans cacher ses difficultés de vie. Je trouve que son parcours va permettre de délivrer au monde le message que tout est possible. Car elle a vraiment payé le prix fort. Mais la résilience est un chemin intérieur. Elle est un exemple incroyable et elle est vraiment redevenue l’artiste-peintre qu’elle était auparavant. »
LA QUESTION +. Le blues pour vous, c’est une musique ou un état d’âme ?
SANDRINE COHEN : « C’est plutôt une musique, et que j’adore d’ailleurs ! Dans mon prochain roman, il y aura beaucoup de musique et mon personnage principal écoutera du jazz et du blues à la radio, sur FIP. J’aime le fado, la saudade aussi… ces mots qui filent le spleen, et je ne rate jamais l’émission d’Eva Bexter « Remède à la mélancolie » chaque dimanche matin sur France Inter. J’ai aussi vu deux fois sur scène, à Montparnasse, l’harmoniciste Jean-Jacques Milteau. J’adore l’harmonica ! »
Propos recueillis par Jean-Pierre Tissier
DON BILLIEZ
1.BLUES & POLAR. Saxophoniste de Paul Personne, Alain Bashung, Touré Kunda, Nino Ferrer… tu poursuis depuis plusieurs années une carrière solo. Ton nouvel album qui sort cette semaine alors qu’on commence - depuis le 3 mai - à se déconfiner un peu, est baptisé « Plein soleil ». C’est pour conjurer le mauvais sort qui nous suit depuis 2020 ?
DON BILLLIEZ : « Avant le premier confinement, j’avais composé pas mal de titres, et mon fils Arthur qui possède un studio d’enregistrement à Marseille m’a proposé de mixer ces titres. On l’a fait en septembre 2020, mais la pandémie a tout retardé. Normalement on aurait dû présenter l’album avec un concert au K’Fé’Quoi à Forcalquier, mais tout a été annulé. « Plein soleil » c’est un univers d’images méditerranéennes que j’ai en tête à chaque fois que je regarde ce film de René Clément tourné en 1960 avec Alain Delon, Maurice Ronet et Marie Laforêt. Ça donne une musique ensoleillée par les différents Suds que j’ai en tête, car je suis de toute la Méditerranée. La Catalogne, la Provence, la Haute-Provence, l’Afrique… Mes influences musicales sont là. Donc on retrouve tout ça dans ce disque où je rends hommage aux victimes du drame de la rue de Noailles à Marseille, et j’ai aussi la Louisiane en tête pour le blues. C’est une musique du soleil que je joue, mais avec aussi des zones d’ombre plus graves. Et le sax permet d’évoquer et retranscrire toutes ces ambiances et ces émotions. C’est ça le blues ! Sur ce disque, comme c’est mon habitude, j’ai invité le chanteur montpelliérain Dimoné sur « L’Ame du printemps » qu’il interprète comme un slam et David Carrion également. I l y a un titre qui va te plaire Jean-Pierre, c’est « * Le rayon vert » ! C’est un blues et c’est ce que je vois quand je suis à Cerbère à la frontière entre la France et la Catalogne, assis sur la terrasse de cet immeuble en forme de paquebot près de la gare SNCF qui faisait cinéma jadis. Je suis chez moi, car je suis natif de Port Vendres ; et le soir juste quand le soleil se couche à l’horizon sur la mer, il y a un court instant où l’on voit un rayon vert avant que tout bascule. C’est vraiment magique ! Et comme depuis toujours j’aime le blues, notamment avec mes années passées auprès de Paul Personne, ce morceau-là me va bien ! »
* « Le Rayon Vert » (4’43 mn). Don Billiez (sax ténor) est entouré d’Arthur Billès (batterie), Emmanuel Soulignac (contrebasse) Franck Lamiot (piano Fender -Hammond), et Cyril Person Dehghan (guitare). « Le soleil rouge s’en va prendre un dernier bain, puis dans l’horizon de la mer il disparaît. Un flash de quelques secondes où ne reste que la luisance d’un rayon vert. Un moment suspendu dans le temps. Une pure balade dépouillée, avec des graines de blues dans chaque phrase du sax ténor qui dégage une émotion, un parfum, une mélancolie... Le souvenir d’une fin d’été à Cerbère, là où la montagne se jette à la mer….
2. BLUES & POLAR.COMMENT AS-TU VÉCU CETTE ANNÉE DE CONFINEMENT HUMAINEMENT ET MORALEMENT ?
DON BILLIEZ « Au début du premier confinement, en mars-avril, c’était assez cool, mais quand l’été est arrivé avec une tournée et quarante dates annulées, ça a été très dur ! Et arrivé en septembre 2020, puis Noël en version confinés c’était la catastrophe ! Je ne parle pas d’argent, mais simplement d’exister. Tu sais, je suis resté six mois sans toucher à mon sax ; ce qui n’arrive jamais quand c’est ton métier et ta passion. Alors je me suis réfugié dans la composition … et le jardinage ! J’ai alterné les séjours à Peipin d’Aigues chez moi dans le Vaucluse et à Perpignan d’où je suis originaire. Avec mon épouse qui est metteuse en scène de théâtre on est tous les deux intermittents du spectacle ; moi depuis 22 ans ! Dons ça va avec les indemnités… si on joue ! Mais là, on ne joue toujours pas ! Avec mon fils Arthur qui est aussi batteur on a décidé de ne pas monter de dates avec le groupe de l’album, jusqu’en septembre. Et cet été on a répondre aux opportunités de la petite structure qu’est Lou Jam ; ce sera plus facile ! Car on a annulé deux fois de suite « jazz in Régusse » à Pierrevert et les Arts au soleil à la Tour d’Aigues. Donc on a eu des hauts et des bas, mais on est toujours là, et prêts pour la promotion de ce bel album Plein soleil et plein d’espoir ! »
3. BLUES & POLAR. ES-TU UN PASSIONNÉ DE LECTURE ?
DON BILLIEZ : « Il y a 25 ans oui ; je lisais beaucoup. Là , désolé, mais le confinement ne m’a pas incité à lire. Le dernier polar que j’ai lu remonte à trois ans. C’était un livre d’Henri -Frédéric Blanc qui écrit beaucoup sur Marseille. Là, je repars à Port-Vendres et je vais le reprendre avec moi. En revanche, j’ai écouté beaucoup de musique des grands maîtres du jazz comme Eddy Louiss, Gato Barbieri, Pharoah Sanders… »
LA QUESTION + : LE BLUES POUR TOI, C’EST UNE MUSIQUE OU UN ETAT D’AME ?
DON BILLIEZ : « Houlà !!! Les deux ! Mais dans le blues, c’est l’âme que l’on apprécie avant tout. Je ne suis pas du tout dans le grand amour de ce jazz contemporain où tout le monde joue pareil. J’aime quand on s’envole et que les notes voyagent… »
AVRIL 2021
ALEXIA BARRIER VIENT DE BOUCLER SON 1ER VENDÉE-GLOBE APRÈS 111 JOURS EN MER.
Alexia Barrier, Méditerranéenne bon teint depuis toujours – elle vit à Biot aujourd’hui - navigue depuis son plus jeune âge. Monitrice de voile à 15 ans, elle a travaillé dans le yachting comme co-skipper ou marin, tout en poursuivant ses études en management du sport à Nice. Elle est devenue rapidement navigatrice professionnelle, régatière de niveau mondial en Match Racing et s’est lancée dans les courses au large en solitaire. En vingt ans, elle a déjà parcouru plus de 120 000 milles à travers le monde et participé à quinze courses transatlantiques dont cinq en solitaire. En 2009, elle a créé l’association 4myplanet et est devenue ainsi la première femme à tenter un tour du monde en solitaire au profit de la science en IMOCA avec l’ex UUNET. En cinq mois de navigation et 20000 milles parcourus elle a rapporté plus d’un million de données sur l’eau en surface au bénéfice des programmes européens d’observation des océans qui ont suivi cette navigation en France, à Monaco, en Afrique du Sud, au Brésil, et New-York. C’est pour cela que nous l’avions invitée en août 2010 au festival Blues & Polar consacré à la mer sur le site de Toutes-Aures à Manosque. Côté compétition, elle a navigué aux côtés des meilleurs comme Dennis Conner, Florence Arthaud, Peter Holmberg, ou Andy Beadworth. En 2013, elle remporte la Maxi Transatlantique en équipage, et en 2014 elle finit 3ème de la Transat AG2R la Mondiale. Le mois dernier, elle boucle en 111 jours la Transat en solitaire qu’est le Vendée Globe challenge. Respect Alexia !
J.-P.T
1. BLUES & POLAR. Mars 2020-mars 2021. Voilà une année particulière qui vient de s’écouler avec une pandémie mortelle qui touche le monde entier. Comment as-tu cette période, moralement d’abord, puis sportivement avec ta course autour du monde en solitaire sur le Vendée globe challenge ?
Alexia BARRIER.” J’ai passé la première période du confinement à Biot (Alpes-Maritimes), où j’habite. Mais mon compagnon est médecin et il travaillait sur le Covid à l’hôpital… Je suis donc restée toute seule chez moi, mais bon, sur la Côte d’azur avec une grande maison, tu ne peux pas te plaindre… En revanche j’ai beaucoup d’empathie pour les personnes qui ont connu la détresse sociale avec cette crise. Tout ça a quand même donné un énorme coup de frein à mes préparatifs concernant la course. Néanmoins, étant bloquée, j’ai fait beaucoup de visio-conférence sur les réseaux sociaux avec les écoliers, collégiens et lycéens qui me suivent sur les réseaux sociaux. Et j’ai fait beaucoup de sport aussi. J’aurai pu sortir en bateau malgré tout ; mais avec tous les navigateurs en course pour le Vendée globe, nous avons tous décidé de se mettre solidairement au niveau des gens confinés… et de ne pas naviguer ! Mais c’est pendant cette période que TSE m’a apporté financièrement ce qui me manquait (en partie) pour boucler mon budget. J’ai eu peur deux fois : à Noël et au Cap Horn ! Au déconfinement de juin, ça a été le branle-bas-de-combat. Il a fallu monter en Bretagne pour mettre le bateau en chantier à Port-la-forêt. Et en octobre, on est revenu aux Sables d’Olonne pour le départ du Vendée globe. Je ne m’étais pas trop fait d’idées sur la course ; ce que je voulais c’était naviguer le mieux possible qui est tout de même la plus dure que j’aie jamais faite. J’ai eu peur deux fois : je jour de Noël où j’ai cassé un mât, et au Cap Horn où il y avait des vagues gigantesques de 8 mètres de haut qui déferlaient sur le bateau. Là, il faut rester lucide et se dire que ça va passer. J’ai fait selon ma préparation mentale des projections d’images positives dans ma tête, et ça a marché ! »
2. BLUES & POLAR. Pendant une traversée en solitaire de ce type – en plein hiver – est-ce qu’on a le temps de lire, voire d’écouter de la musique ?
Alexia BARRIER. “Il y a beaucoup à faire sur un bateau de compétition. Mais j’ai réussi à lire une vingtaine de bouquins que j’avais embarqués au départ, dont des polars, Jean-Pierre ! J’ai lu Fred Vargas, Maxime Chattam… le livre de Yann Queffelec sur Florence Arthaud et aussi « Océan de plastique de Nelly Pons. J’ai aussi écouté des livres-audio avec des écouteurs. Sinon, j’avais des enceintes dans le bateau et j’écoutais de la musique ; notamment « Résiste » de France Gall. J’ai même dû le gueuler parfois…
300 écoles et 15000 enfants m’ont suivi avec 4MYPLANET
3. BLUES & POLAR. Tu collabores à de nombreux projets marins ; que prépares-tu en ce moment ? Repos total ou déjà sur la brèche ?
Alexia BARRIER. « Cette semaine, j’ai participé dans le cadre de la Journée mondiale de la météo, à une conférence pour l’UNESCO. Car sur mon bateau j’ai un instrument automatisé qui prélève l’eau de mer à différents niveaux et effectue des analyses. J’ai aussi déposé tout au long du parcours plusieurs bouées « profilers » qui recueillent des infos en surface et à 2000 mètres de profondeur. Pendant toute la course, 300 écoles et 15000 enfants m’ont suivi, via mon association 4MYPLANET et le site formyplanet.org Je cherche aussi des mécènes pour mener des actions sur l’environnement et un éditeur car je vais écrire sur ma traversée du Vendée globe. »
* La Question + : As-tu le blues Alexia ? « Peut-être le blues du Vendée globe, déjà ... C’est bizarre de rentrer et de voir tout le monde masqué. 111 jours en mer, tu t’éloignes du réel ! Mais c’est un blues plutôt romantique ! »
Propos recueillis par J.-P.T
ANN-GISEL GLASS
Comédienne au cinéma et au théâtre, elle participe depuis le confinement de mars 2020 aux lectures gratuites du Serveur Vocal Poétique (SVP) créé par la Cie lilloise Home théâtre afin d’égayer le quotidien des confinés des Hauts-de-France et du couvre-feu des autres régions… Il y a 40 ans, j’ai réalisé son interview pour Le Provençal, alors qu’encore jeune lycéenne à l’Empéri à Salon-de-Provence, elle s’apprêtait à débuter dans le cinéma avec Jacques Doillon, puis en Allemagne, où en 1992 elle a été élue « Meilleure actrice de l’année » pour son rôle dans « Silent shadows » de Sherry Hormann. Elle était accompagnée par sa mère, aujourd’hui responsable du festival classique au château de l’Empéri à Salon-de-Provence aux côtés d’Eric Le sage. On ne s’est jamais revus depuis….
J.-P.T
1. BLUES & POLAR. Tu participes aux lectures de poésie gratuites sur le fameux Serveur Vocal Poétique. Comment est né cette idée ? Est-ce le confinement de mars 2020 qui en est à l’origine ? ANN-GISEL GLASS : “Totalement ! Aujourd’hui je vis à Lille et Julien Bocci directeur de la Cie Home Théâtre m’a appelé au moment de l’annonce du confinement en me disant qu’il fallait quelque chose pour les gens confinés chez eux. Ainsi est né Bibliofil au départ, et nous avons ainsi proposé 1700 lectures au téléphone gratuitement de mars à mai 2020. C’était des textes de 5 à 7 minutes, mais nous avons été victimes de notre succès. Alors, on a pensé à autre chose. Avec un système de Serveur inspiré du vieux standard téléphonique SVP 11 11. C’était une démarche totalement bénévole, puisque nous comédiens sommes à l’arrêt depuis plus d’un an, sans tournages ni pièces de théâtre. Mais le Ministère de la Culture a trouvé notre démarche sympa et il nous a accolé son logo comme une reconnaissance. Mais ça n’a pas plu à certaines personnes du métier qui nous ont envoyé des volées de bois-vert. Alors qu’on n’y était pour rien en plus ! On en a pris plein la tête, et c’était vraiment violent ! Donc, on a décidé d’arrêter et de recommencer autrement, plus tard. On a donc fait appel à des auteurs de poésies contemporaines de 1 à 4 minutes. Le but étant de faire la promotion de la poésie d’aujourd’hui. On enregistre les textes et les gens choisissent sur le répondeur. Il n’y a pas de contact, mais on reçoit des encouragements. Mais Bibliofil existe toujours. Et j’y participe toujours ! Là, je lis des Fables de La fontaine pour le réseau des bibliothèques de l’Aisne. On choisit ensemble les sujets et c’est gratuit pour les usagers. Mais c’est du travail, car c’est du direct. On lit à chaque fois pour une personne, et après on discute. C’est rigolo ! Souvent, les gens sont très émus car c’est intense comme relation. C’est vraiment une première pour moi ! »
2. BLUES & POLAR. En qualité de comédienne au cinéma et au théâtre, comment as-tu vécu cette année de confinements et de couvre-feu ? ANN-GISEL GLASS : « Je suis professionnelle du spectacle sous le statut d’intermittente et j’ai donc des indemnités de Pôle Emploi. Je ne vais pas me plaindre. Mais en ce moment, on ne peut avoir aucune vision sur l’avenir. Il n’y a ni tournage, ni pièces de théâtres, rien ne se prépare… mais Netflix tourne à tours de bras. En conséquence, je ne fabrique pas mes 507 heures de travail sur dix mois, comme le veut le règlement de l’intermittence. Je pense que l’Etat va devoir aller vers une deuxième blanche, sinon c’est la catastrophe pour le monde du spectacle et tous ceux qui le font : artistes, techniciens, musiciens…. Ceux qui ne sont pas toujours dans la lumière, mais « éclairent les autres » !
En revanche, ce confinement m’a permis de m’abreuver littéralement de films à sélectionner pour les prochains Césars car je fais partie du jury de la nouvelle version des récompenses du Cinéma. Environ 4000 personnes sont affiliées mais je fais partie des 182 jurés retenus pour voter. J’ai donc vu une centaine de vrais films, de chez moi, à travers une plate-forme dédiée à la sélection. Et on peut voir les films jusqu’à trois fois. C’est un outil professionnel avant tout ! Et cela a représenté une grosse occupation pour moi. Mais ce qui me manque, ici à Lille, c’est d’aller boire une bière sur la Grand-Place, de manger une frite-mayonnaise avec les doigts en me promenant dans la rue, d’aller au cinéma, au théâtre… En revanche, contrairement à bien des gens je n’ai réussi à lire assez à mon goût ! »
3. BLUES & POLAR. Le Blues et le Polar, est-ce que ça te parle ? ANN-GISEL GLASS : « Oh oui ! J’aime lire des polars. Je viens de lire le dernier Colin Niel, qui se passe en Guyane française avec un personnage récurrent qui travaille pour la Gendarmerie Nationale. C’est un thriller captivant sur la traque aux animaux, et les violences des militants anti-chasse. En ce moment, je lis « L’Entrepôt », très science-fiction et … effrayan ! Et j’adore aussi l’Américain Rob Hart qui vient de sortir « Mothercould ». Je lis de tout en fait. Je suis fan de l’écrivaine iranienne féministe Djavann aussi. Ma technique, c’est d’aller dans une librairie et de choisir une lettre. Exemple le A. Je compte jusqu’à 100 dans le rayon et je prends le livre qui se trouve à cet endroit. C’est le hasard qui décide ! Et ça donne parfois des choses formidables. J’ai trouvé Fred Vargas comme ça. Franck Thilliez aussi. J’ai bien aimé lire Millénium aussi. Ce que je fais aussi, c’est dans les salles d’attente de demander aux gens ce qu’ils lisent. En revanche, je lis cinquante pages, et si ça ne me plaît pas ; j’arrête ! Jean-Luc Godard disait ça pour un film. C’est le luxe que je m’autorise. Oh j’y pense, j’aimais beaucoup Jean-Claude Izzo et j’avais beaucoup de respect pour Philippe Carrese. Il y a aussi une Marseillaise intéressante à découvrir. Elle s’appelle Danièlle Vioux. Elle écrit depuis longtemps pour le théâtre, anime un blog, et a besoin d’aide en crowfunding pour son premier roman « Neige ». Le message est passé. »
LA QUESTION + : As-tu le Blues en ce moment avec ce nouveau confinement ? « Non ! Mais j’écoute du blues ; enfin c’est plutôt jazzy quand même. J’aime beaucoup Mélody Gardot et Yaël Naïm. J’ai craqué aussi pour le fantastique saxophoniste Zoot Sims et j’aime aussi certaines voix comme Lhasa - malheureusement décédée bien trop jeune en 2010 - et la chanteuse de jazz Suédoise Viktoria Tolstoy. Et j’adore le belge Arno ! »
Propos recueillis par J.-P.T
MARS 2021
NORBERT « NONO » KRIEF
Le génial guitariste co-fondateur de Trust en 1977 avec Bernie Bonvoisin (plusieurs millions d’albums ven
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ON A VU... sur scène et au ciné
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SUR SCÈNE.
SAMEDI 19 NOVEMBRE 2022 L’HARMONICA MAGIQUE DE RACHELLE PLAS ENCHANTE LE NON-LIEU A MARSEILLE
Super concert de l’harmoniciste Rachelle Plas et de Philippe Hervouët (son compagnon d’accompagnement et de cœur) samedi soir au Non-Lieu à Marseille où Blues & Polar a fait le déplacement avec une idée estivale pour Blues & Polar 2023 derrière la tête… Une petite salle comme on les aime, au cœur du Vieux Marseille, tenue depuis dix ans - au 67 rue de La Palud - par Nini Dogskin et François Billard, un couple d’une rare bienveillance aimant les artistes. Et ça, ça se voit tout de suite, et ça fait chaud au cœur ! En première partie, l’harmoniciste aixois Claude Dasse et son complice Yann Gallego à la voix écorchée comme on l’aime, ont préparé le public avec un répertoire blues New Orléans bien agréable que l’on connaissait déjà pour les avoir vus et appréciés à Forcalquier dans nos Alpes-de-Haute-Provence, puis Rachelle Plas a assuré le show avec sa mallette d’harmonicas. Ses jolies Golden Mélody rouges de chez Hohner dont elle est l’ambassadrice dans le monde entier, avec un son d’une qualité très pure rappelant Stevie Wonder. On a pu l’apprécier notamment avec une très belle reprise délicate de la chanson du film Macadam cowboy chantée par Philippe Hervouët, puis sur une impeccable version du titre éponyme Bo Diddley de M. Bo Diddley himself, l’homme à la guitare carrée si étrange, écrit en 1958, et bien sûr, l’universel Sweet home Chicago de Robert Johnson repris en chœur par la salle. Un concert chaleureux et amusant, empreint de partage, de talent et de convivialité avec de nombreux rappels et un verre de vin blanc du Languedoc au comptoir du fond de salle, à l’ancienne, pour savourer le tout. Sans oublier l’invitation à monter sur scène pour les stagiaires de la master-class de Rachelle Plas qui s’était déroulée en début d’après-midi. Un Non-lieu peut-être ; mais avec beaucoup de personnalité et de fraternité.
Jean-Pierre Tissier
JEUDI 17 NOVEMBRE 2022 LE MATISSE ORCHESTRA JAZZE À LA PUISSANCE 8 !
Un concert exceptionnel organisé par le Rotary Club aixois assorti d’une vente de photos aux enchères, réalisée au profit de l’association « Des enfants et des livres » et du projet CEPPIA pour une Fondation de la photographie à Aix-en-Provence, constituée à partir du fond incroyable (2 millions de négatifs !) des 4 générations de photographes de la famille Ely. Le studio aixois créé en 1888, installé depuis 1903 dans l’historique Passage Lagarde doit en effet déménager à l’échéance mars 2023 en raison d’un projet immobilier. La petite salle de la Manufacture était plus que pleine pour ce concert-conférence consacré à Charlie Mingus, l’immense contrebassiste des années d’après-guerre, né en 1922. Un homme en colère tous les jours et qui n’a cessé de dénoncer la ségrégation raciale envers les noirs aux Etats-Unis, les exécutions à la chaise électrique… et la Musique classique interdite aux Noirs ! Ainsi, il n’y aura eu de violoncelle pour Charlie ; lui qui rêvait tellement d’en jouer. Quelle abjection incroyable à vomir… Toute cette histoire sur Charles Mingus a été racontée par le prodigieux conteur qu’est le saxophoniste Laurent Genest, et on ne s’est pas ennuyé une seule seconde à ce concert insolite à plus d’un titre, car de solidarité pour aider l’association « Des Enfants et des livres » et le projet CEPPIA, mais qui coïncidait aussi avec le premier concert du Matisse septet qui pour l’occasion a joué à huit, le répertoire de Mingus, en alliant pédagogie, harmonie et talent. Cependant, l’autre morceau de bravoure de cette soirée aura été la vente aux enchères d’une trentaine de photos du Studio Ely et notamment des clichés réalisés par Jean-Henry Ely et son père, sur la grande époque du jazz à Aix-en-Provence. Parmi ce lot, la photo d’Ella Fitzgerald chantant en 1975 sur la Place des cardeurs devant plusieurs milliers de personnes a été adjugée pour 750€ après une enchère passionnée, à un amoureux du jazz et de la cité du Roy René. Dizzy Gillespie, Dee Dee Bridgewater, Archie Shepp… ont également fait monter les enchères emmenées avec professionnalisme et fantaisie par Me Emmanuelle Hours. Maintenant, on attend de retrouver sur scène cette magnifique formation naissante qu’est le Matisse orchestra (qu’il soit à 7 ou 8) car ces musiciens qui viennent du jazz, mais aussi du classique, ont prouvé qu’ils avaient une véritable identité collective amicale, talentueuse et joyeuse. Du Blues au jazz, la lignée s’est inscrite naturellement - avec ou sans partition - sur du papier à musique ou à cigarette, bien présente dans l’âme de tous ces musiciens qui poursuivent cette mission de faire découvrir ces sons nés dans les champs de coton et les chants du gospel, car il y a encore beaucoup à faire pour apaiser les colères de Charles Mingus.
Jean-Pierre Tissier
Les passionnés de jazz ont pu repartir avec des photos du Studio Ely acquises au cours le la vente aux enchères. Ici Miles Davis photographié par Jean-Henry Ely qui décroche lui-même son cliché pour le remettre à son nouveau propriétaire particulièrement ravi. D’autres expositions sur la vie culturelle aixoise sont prévues pour 2023. (Photos J.-P.T)
Jean-Pierre Tissier
MARDI 8 NOVEMBRE 2022 LES ENVOUTANTES MÉLOPÉES DE SARAH MAC COY
Déesse du chant qu’elle porte haut et fort, telle une prêtresse chamanique souhaitant exorciser les mauvais sorts d’une vie passée torturée, Sarah Mac Coy nous a transportés, dès son entrée sur scène au théâtre Durance de Château-Arnoux, dans un monde fait de plaintes et de sourires complices, de hauts cris et d’envolées pianistiques, mais aussi de franches rigolades à chaque fois qu’elle saisissait son verre de vin rouge. Il y a assurément un peu de Nina Hagen et de Bjorg dans cette force de la nature qui compose à tour de bras hyper tatoués depuis sa jeunesse dans les pianos-bars de la Nouvelle-Orléans. Mais le blues roots de cette diva aux racines louisianaises s’est transformé aujourd’hui en un blues-pop-électro bien à elle, entourée des deux artistes des machines que sont les géniaux Antoine Kerninon et Jeff Halam. Et cela donne un univers musical planant aux effets lumière fascinants et variés transformant la scène en petite chapelle ou en piste aux étoiles. Chaque chanson est aussi l’occasion de revenir sur ses années passées entre ses ex, ses amours, ses peines et ses joies, mais surtout de nous faire partager ce bric-à-brac qu’elle a dans la tête, dans le cœur… et dans le reste dit-elle en éclatant de rire. Ainsi « Mama’s song » cette très longue transe intense chantée, hurlée, pleurée... à genoux devant son piano, suppliant sa mère de prier pour elle, en parfaite osmose avec ses musiciens multipliant des sons imaginaires. Un moment d’une force inouïe qui a soulevé le public du Théâtre Durance comble jusqu’à ses derniers rangs. Il y a comme un pouvoir de résonance très fort, jusque dans notre for intérieur, dans cette voix hors du commun. Sarah Mc Coy nous a subjugués.
Jean-Pierre Tissier
VENDREDI 28 OCTOBRE 2022 ÉLASTOCAT TOUT EN SOUPLESSE
Le Trio vauclusien très élastique dans son répertoire musical allant du punk au rock électro, avec des touches rap mais façon MC5 des seventies, d’où son nom de baptême Élastocat, était en concert vendredi soir au Café du cours à Reillanne jamais avare de découverte grâce à Antoine Prohom dénicheur de talents singuliers (photo ci-dessous), patron des lieux. Un style très original avec des textes de poètes américains expliqués en intro. Des textes qui datent parfois, mais sont toujours d’actualité sur le monde actuel et sa destruction de la nature avec de surcroit une rythmique vigoureuse et imaginative soutenue par un clavier vintage à l’ancienne.
Et c’est pour voir ces vieux synthés remarquablement tenus par Léa Lachut que Blues & Polar avait effectué le déplacement. Il faut dire que Léa dans son éclectisme pratique l’accordéon (Eh oui !) depuis ses plus jeunes années et qu’elle joue encore aujourd’hui, autant du musette que du classique ou de la variété. A ses côtés, Stéphane Morice au chant tient la boutique et assure bougrement, tandis que Jean-Michel Bourroux à la batterie est le métronome du trio. Vraiment une très bonne surprise qu’Elastocat qui annonce faire du rock félin. Une qualification que je ne connaissais pas et je n’ai vu ni tigresse, ni puma sur scène... Mais quand le bluesman est conquis il le dit.
Jean-Pierre Tissier
21 OCTOBRE 2022 3e BLUES ROCK FESTIVAL A CHATEAURENARD.
TOMMY CASTRO A ALLUMÉ LE FEU !
Le public était venu pour lui avant tout, car le bluesman américain est plutôt rare en France où il a néanmoins apporté sa contribution à quelques CD enregistrés chez Dixiefrog, mais aussi à quelques titres de l’ami Leadfoot Rivet cofondateur du label, comme Ta petite musique de nuit et Les choses que je f’saisais pour toi parus sur son bel album « Saint Blues » en français avec des invités comme Popa Chubby, Roy Rogers, Amos Garett, et Larry Garner. Sans oublier de saluer au passage l’harmoniciste Benoit Blue Boy et le regretté Patrick Verbecke parti rejoindre le ciel étoilé des constellations éternelles en 2021… Ces mêmes invités que l’on retrouve en partie dans la version américaine du CD baptisée Bluesmaniac et qui déchire grave… Mais Tommy Castro pour moi, ce sont ces deux morceaux d’anthologie composés dans les années 1990 que sont Like an angel et Right as a rain joués à la suite l’un de l’autre – et enregistrés en live – avec le public en feu du légendaire Fillmore de San Francisco, il y a plus de vingt ans. Et c’est encore avec ces vieux succès - plus proches du funk-soul que du blues trad - que le public très tranquille de Chateaurenard a commencé à frémir, finissant par se lever définitivement au 2e rappel via ce morceau « légendaire qu’est « Gimme some lovin » du Spencer Davis group chanté par Stevie Windwood en 1966. Et là, la voix haut perchée et pure de Tommy Castro dans la même tessiture que celle Stevie Windwood a fait merveille, avec toujours ce son de guitare distillé avec facilité et une puissance toute intérieure phénoménale. Pas de démonstration scénique, juste l’essentiel, avec toujours un sourire au coin des lèvres ; ce qui contraste avec certains artistes qui semblent avoir perdu leur « quinzaine » comme on disait jadis. Très belle soirée pour ces retrouvailles en terre de bouvine, après deux ans d’arrêt dus à la pandémie. Et chapeau aux organisateurs de si convivial festival que Blues & Polar découvrait pour la première fois… et surement pas la dernière !
Jean-Pierre Tissier
“SAME PLAYER SHOOT AGAIN” : DU BLUES QUI REND SOUL…
Avec une voix plutôt « dirty » comme on aime, dans le style de l’ours Balou du Livre de la jungle qui serait apparenté à Garou et Joe Cocker, Vincent Vella a préparé idéalement le public de la salle de l’Etoile de Chateaurenard en première partie de soirée.Un blues teinté de soul qui nous a emporté sur les traces des deux albums de Same player shoot again joués en hommage aux grands guitaristes Albert King et Freddie King, en attendant peut-être BB King dans le futur… Et qui dit King, dit grand guitariste ; et Romain Roussoulière fondateur du groupe en est un assurément. Du grand art avec des touches subtiles pleines de sensibilité comme les King savaient le faire. Avec un clavier excellent, Florian Robin qui apporte une touche quasi électro parfois et cela donne un vrai groupe équilibré et complice où basse et batterie apportent un soutien sans faille comme des travailleurs de l’ombre, essentiels pour l’ensemble.
J.-P.T
23 SEPTEMBRE 2022 L’AFRO TRANSE-BLUES DE TCHALÉ
img8556|left> Dernière soirée « pour de vrai cette fois » à la Boutique de la Bière de Christophe à Sainte-Tulle. Car il faut se rendre à l’évidence, l’automne est là et l’été indien s’est fait la belle. C’était l’occasion de découvrir un bluesman béninois résidant désormais à Aix-en-Provence, car comme dans bien des pays d’Afrique, les régimes au pouvoir sont souvent malmenés et la tentative de coup d’état du mois de juin 2020 à Cotonou n’est pas si veille… Dans ces conditions Tchalé passionné de blues s’est exilé en France, et il tourne en petite formation. Avec un bassiste excellent et un batteur (Guy) qui jouait pour la première fois avec eux, Tchalé nous a proposé un blues coloré d’Afrique soul avec des rythmes lancinant et longs qui rappelaient le sax Eddie Harris dans le film « Soul to soul » tourné au Ghana ponctués de réminiscences très James Brown. Il faudra revoir Tchalé dans de meilleures conditions que sur un parking balayé par le mistral, mais il y a beaucoup de promesses avec cette guitare qui fleure bon un blues aux racines africaines… Et à Blues & Polar, on adore les musiques métisses qui permettent aux hommes de bonne volonté de jouer ensemble juste pour le plaisir du partage et de l’émotion. A bientôt sûrement, Tchalé ! »
Jean-Pierre Tissier
17 SEPTEMBRE 2022 CALOGEROCK SUBLIME LE THÉÂTRE ANTIQUE
Résolument rock, Calogero samedi soir à Orange balayée par le mistral, pour ce show magnifique donné dans le décor de rêve du vieux théâtre romain. Certainement ce qu’il y a de plus beau en plein air, quand toutes les travées sont bondées et que les téléphonent portables des fans se transforment – sur la demande expresse du maitre de cérémonie – en milliers de lucioles comme tombées de la Voie lactée. Près de 10 000 spectateurs étaient entassées dans cette demi-arène vertigineuse, antre des célèbres Chorégies où le son monte comme porté par ce mur incroyable de 37 m de haut ; fond de scène fascinant pour les siècles des siècles, Amen ! Entouré de musiciens multi-instrumentistes survoltés et talentueux, Calogero nous a renversés avec joie, réflexion, et émotion. Un grand spectacle dans un lieu unique et carrément magique.
Jean-Pierre Tissier
25 AOUT 2022 LE SAX SHOW DE DON BILLIEZ « MUCHO CALIENTE ! »
Show chaud pour la dernière soirée de l’été chez Christophe à la Boutique de la Bière à Sainte-Tulle (04). Des années qu’il se démène comme un beau diable, lui le spécialiste « es Queue de charrue, Chimay, Maredsous, Pelforth, Jeanlain, Wambrechies, Duvel, Orval, Geuze lambic… j’en passe et des meilleures ». Et les Bas-Alpins comme les musiciens du cru ou de passage en été peuvent lui dire merci, car la Culture populaire, c’est aussi ça ; un verre de vin ou de bière, une paëlla dans une assiette en carton ou un morceau de pizza, dans des lieux pas comme les autres, simples, sympas, originaux, comme le Café du cours à Reillanne ou le k’Fé’Quoi à Forcalquier, via Christophe, Antoine ou Bruno. Des lieux axés sur l’amour des musiciens avant tout, leur qualité musicale, et une certaine idée généreuse du spectacle pour le public. En l’occurrence plutôt saltimbanque, ménestrel et troubadour à l’image du saxophoniste Don Billiez qui fait partie de ces porteurs de sons ayant côtoyé les grands comme Nino Ferrer, Alain Bashung, Paul Personne… et les ont accompagnés pendant de nombreuses années. Aujourd’hui, Don Billiez entouré de sa joyeuse bande catalane aux couleurs arc-en-ciel produit une musique sans frontières, colorée, irisée, joyeuse et mélancolique parfois. Et de très haut niveau ! Quel plaisir j’ai eu d’avoir pu jouer avec lui et son groupe de super musiciens, sur un des morceaux de son nouvel album « Plein soleil » que je ne connaissais pas, mais qui reflète tout à fait sa personnalité joviale et pudique à la fois. Ne le ratez pas s’il passe dans votre périmètre culturel. Belle et chaude soirée « caliente »assurée. Chapeau Christophe ! Un mot que les musiciens de rue connaissent bien !
Jean-Pierre Tissier
13 JUILLET 2022 QUEEN : KING D’UN SOIR À BERCY !
- Le temps des grands concerts – dont je n’ai jamais vraiment été fan - est revenu pour le plus grand plaisir des festivaliers convaincus. Bonjour la proximité avec 8000 spectateurs au Nikkaïa de Nice - sans masque - pour Scorpions toujours au top, et un Covid léger attrapé en prime ; et celle des 12 000 fans absolus de Queen, le 13 juillet à Paris pour le Rhapsody Tour à Bercy. J’ai sacrifié de bonne grâce au rite, même si les concerts plus intimes dans une église ou un pub auront toujours ma préférence. Mais le Rhapsody Tour de Queen avec Brian May, Roger Taylor et Adam Lambert, c’est un opéra-show à grande échelle, une ambiance grandiose digne de la finale du Superbowl aux USA, entre les Who et Johnny. Une moto qui descend discrètement du plafond pour surgir sur scène et des loges de fond de scène comme au Muppet show, avec des hologrammes de spectateurs plus vrais que nature. Une couronne royale gigantesque qui monte et descend et sert d’écran tout au long du spectacle. Un son d’une qualité incroyable, et trois voix – dont celle de Roger Taylor que j’adore – qui font un tout séduisant. Car sans être un fan absolu de Queen, j’ai découvert que je connaissais néanmoins les ¾ des chansons. Deux heures de show à l’américaine et le spectacle le plus grandiose que j’ai jamais vu en un demi-siècle. Avec Brian May guitariste génial et charismatique pouvant tout jouer, au point que j’ai pensé, à la fin d’un long solo, qu’il allait nous entrainer vers Pink Floyd et David Gilmour. Avec Roger Taylor qui derrière sa batterie envoie du bois façon Phil Collins époque Génésis avec un grain de voix bluesy -dirty comme j’aime… Enfin Adam Lambert, ténor façon couteau suisse, à l’aise partout, chantant tout avec élégance, truculence et – Queen oblige ! – une bonne pincée de kitch. Belle soirée, public aux anges et canicule à la sortie. The show must go on !
Jean-Pierre Tissier
JUILLET 2022 LES 3 COMMANDEMENTS DE PATTI SMITH POÉSIE, CHANSON…ET CONTESTATION !
Aux Nuits de Fourvière à Lyon, Jean-François Convert journaliste et chroniqueur musical France Culture et France Info – mais également musicien et enseignant de l’histoire de la musique - a assisté à son premier concert de Patti Smith (eh oui !) malgré une longue carrière de spécialiste du rock, du jazz, du blues… Et c’est particulièrement intéressant, car au travers de son article réalisé au fur et à mesure du concert - comme un match de foot en direct - il nous y fait partager son sentiment et fait découvrir le ressenti d’une première fois avec une légende. Waouh ! Très intéressant ! Enfin, en trois clichés - foi de JPT première vie de photographe de Presse à Télémagazine - il a capté toute l’âme de la grande prêtresse punk et poète, qu’est Patti Smith, passionnée de Marseille et d’Antonin Artaud, de la France et de la poésie de Rimbaud et Baudelaire… sans oublier la peinture. Il y a tout ! L’attitude, la sensibilité, la révolte… Les images d’une grande dame des Arts qui a reçu la Légion d’honneur de la main de l’ambassadeur de France aux Etats-Unis, Philippe Etienne le 23 mai dernier, un mois plus tôt jour pour jour. Cliquez et revivez ce concert pas comme les autres. https://textes-blog-rock-n-roll.fr/patti-smith-aux-nuits-de-fourviere-lyon-je-taime/ On peut retrouver les chroniques de Jean-François Convert sur https://www.francetvinfo.fr/journaliste/jean-francois-convert Et sur son blog consacré à la musique : https://textes-blog-rock-n-roll.fr// Photos Jean-Francois Convert Nuits de Fourvière à Lyon le 23 juin 2022
28 JUIN 2022

SCORPIONS À NICE : SOLIDARITÉ AVEC L’UKRAINE !
Foule au rendez-vous – dont Blues & Polar – pour ces retrouvailles avec les légendaires Scorpions au Palais Nikaia de Nice. Klaus le chanteur a adressé un émouvant message de soutien à l’Ukraine à travers plusieurs chansons dont « Glory night » » reprise en chœur par les 7 à 8000 spectateurs présents, très émus, quand un drapeau jaune et bleu a surgi comme un étendard porteur de paix et de résistance, juste devant moi… Les années passent, mais Scorpions reste au top alliant générosité et solidarité. Un regard sur le monde qui ne date pas d’hier.
Jean-Pierre Tissier
30 JANVIER 2022. JACK BON & THE BUZZMEN
LES PREMIERS INVITÉS DE DISTRICT BLUES À L’EDEN D’ORAISON DEPUIS DEUX ANS ! Nous l’avions reçu pour notre 16 ème et ultime festival Blues & Polar au Parc de la Rochette à Manosque en 2017. Un concert formidable du bluesman rocker lyonnais Jack Bon pour une soirée d’adieu et un break de deux ans pour Blues & Polar avant de renaître en 2019, via « Les Voix de Toutes-Aures » toujours blues et toujours polar, mais sur le site merveilleux de la chapelle des hauteurs disposant d’un panorama incroyable. Pour Gilles Boncour et sa bande d’Eden District Blues, la musique aura été la même avec deux années de silence à l’Eden, mais pour cause d’effondrement du toit de la vieille salle oraisonnaise, puis le Covid 19 dans la foulée. Autant dire que dimanche, même si tout le monde était heu-reux de se retrouver dans cet antre voué au blues et à l’amitié, il y avait comme un voile de mélancolie dans l’air, à écouter ces morceaux qu’on connait tous, mais assis, masqués et gelés, car il n’y avait pas encore de chauffage ; les gros travaux n’étant pas terminés après un long imbroglio entre structures municipales et communautaires. Mais « On the road again » comme disait Canned Heat…. Jack Bon qui a eu son heure de gloire avec Ganafoul dans les années 70 évolue désormais avec Yves Rotacher (ancien batteur de Ganafoul et pote de toujours), Antoine Piedoz à l’harmonica, et ce dimanche, avec l’excellent bassiste Pierre Garcia qui jouait avec eux pour la première fois. Et l’on a eu droit à tous ces morceaux estampillés des monstres du blues roots venu des racines des champs de coton ou des usines de Chicago que sont Howlin Wolf, Robert Johnson, Chuck Berry, Freddie King... et que l’on retrouve sur leur album « Love, Peace, Rock & Roll ». Spoonfull, Around & around… nous ont remonté un moral plutôt dans les chaussettes depuis deux ans ; mais Eden district blues - comme Blues & Polar - a toujours l’idée de l’éducation populaire en tête et de la fête ; et le blues est une sacrée leçon de fraternité pour ça. Musique de toutes les émotions et du partage, le blues reste la musique des racines, celle qui a donné naissance à toutes les autres.
Jean-Pierre Tissier

AU CINÉMA *** LA SYNDICALISTE de Jean-Paul Salomé
(Thriller). Sorti le 1er mars 2023 d’après le livre de Caroline Michel-Aguirre et Fadette Drouard.
Le résumé : La Syndicaliste raconte l’histoire vraie de Maureen Kearney, déléguée CFDT chez Areva, qui, en 2012, est devenue lanceuse d’alerte pour dénoncer un secret d’Etat qui a secoué l’industrie du nucléaire en France. Seule contre tous, elle s’est battue bec et ongles contre les ministres et les industriels pour faire éclater ce scandale et défendre plus de 50 000 emplois jusqu’au jour où elle voit sa vie basculer en étant victime d’une violente agression et d’un viol le 17 décembre 2012. On la découvre à son domicile, ligotée sur une chaise dans sa cave, cagoulée, scarifiée d’un « A » (comme Areva) sur le ventre, un couteau dans le vagin. Elle fut condamnée pour mythomanie… avant d’être réhabilitée par la Cour d’Appel de Versailles. Isabelle Huppert est magistrale dans ce film qui dévoile une véritable Affaire Areva particulièrement sensible dont a rarement entendu parler et qui ébranle aujourd’hui une filière nucléaire mal en point avec de nombreux réacteurs à l’arrêt et des centrales qui se fissurent comme à Penly. Un film instructif, prenant et poignant qui montre de nombreuses failles dans les interrogatoires menées par certains policiers lorsqu’ils ont une femme face à eux.
Jean-Pierre Tissier
*** DIVERTIMENTO de Marie-Castille Mention-Scharr.
La réalisatrice Marie-Castille Mention-Schaar est passionnée de musique symphonique. En effet, son père était pianiste et chef d’orchestre et sa grand-mère une grande violoniste. Musique classique et concerts ont ainsi bercé son enfance. Lorsque des producteurs sont venus lul proposer d’adapter au cinéma le parcours incroyable mais authentique de Zahia Ziouani et de sa sœur Fettouma, elle ne pouvait qu’accepter. Tout débute – pour de vrai – en 1995... Les sœurs jumelles ont 17 ans. Zahia Ziouani rêve de devenir cheffe d’orchestre et Fettouma, violoncelliste professionnelle. Bercées depuis leur plus tendre enfance par la musique symphonique classique, elles souhaitent à leur tour la rendre accessible à tous et dans tous les territoires. Mais comment peut-on accomplir ces rêves si ambitieux quand on est une jeune femme, d’origine algérienne et qu’on vient de Seine-Saint-Denis ? Avec détermination, passion, courage et surtout le projet incroyable de créer leur propre orchestre : Divertimento ! « C’est un peu la mode des films menés à la baguette en ce moment avec longs métrages sur des cheffes et des chefs d’orchestre aux parcours très différents. Heureusement ! Ainsi Maestros avec Pierre Arditi et Yvan Attal, puis Tàr cette semaine avec la merveilleuse Cate Blanchett, et ce Divertimento réjouissant dans lequel l’éblouissant Niels Arestrup amène une touche de dureté implacable en prof de musique, mais aussi un regard bienveillant plein d’humanité dissimulée sur la jeune comédienne Oulaya Amamra qui nous émeut aux larmes quand (enfin !) elle reçoit de sa sœur sa baguette de cheffe et dirige un Boléro de Ravel inattendu au beau milieu d’une cité HLM bouleversée. Et quand on sait que l’histoire de cet orchestre plein de sens, est vraie, c’est encore plus fort. On a adoré ! »
Jean-Pierre Tissier
**** BABYLON de Damien Chazelle
« Fantastique fresque hollywoodienne sur le passage du cinéma muet au parlant au cours des années 20-30, et de la mise au rebut ultra-rapide des stars des débuts comme Gloria Swanson à la voix nasillarde. Et ce ne fut pas la seule ! Ça dure 3 heures et 5 minutes… et on ne s’ennuie pas une seule seconde tant l’action est au rendez-vous de l’histoire avec des scènes dignes d’un Péplum comme Ben Hur ou les Affranchis. Ici, c’est les années sex, drogue et jazz pour le côté rêve, mais aussi cruauté, racisme, violence, mafia pour le revers de la médaille. Grandiose, avec un duo Brad Pitt et l’incroyable Margot Robbie totalement défoncée non*stop en permanence, et qui brûle la vie par les deux bouts. Ca flingue, ça dézingue, ça fornique dans tous les coins, en plein désert, dans un château transformé en lupanar, ce qui nous vaut une scène digne des orgies de Caligula comme « mise en bouche ». Mais c’est sans pitié, et il y a souvent de la cervelle au plafond comme signature de The END. Accents des Doors en prime. Génial !
Jean-Pierre Tissier
**** COULEURS DE L’INCENDIE de Clovis Cornillac
img8604|right> Avec Benoit Poelvoorde, Léa Drucker, Olivier Gourmet, fanny Ardant, Nils Othenin-Girard… D’après le roman éponyme « Couleurs de l’incendie » de Pierre Lemaître, suite de la saga initiée avec « Au revoir là-haut » adapté par Albert Dupontel. Le résumé. Février 1927. Après le décès de Marcel Péricourt, sa fille Madeleine doit prendre la tête de l’empire financier dont elle est l’héritière. Mais elle a un fils, Paul, qui d’un geste inattendu et tragique va la placer sur le chemin de la ruine et du déclassement. Face à l’adversité des hommes, à la corruption de son milieu et à l’ambition de son entourage, Madeleine devra mettre tout en œuvre pour survivre et reconstruire sa vie. Tâche d’autant plus difficile dans une France qui observe, impuissante, les premières couleurs de l’incendie qui va ravager l’Europe.
« A croire que les romans de Pierre Lemaitre, Prix Goncourt avec « Au revoir là-haut » – qui a débuté via le Polar - ont vocation à devenir des chefs d’œuvres cinématographiques eux-aussi ; car rarement des adaptations auront été aussi réussies que celles-ci. Pourtant, je me souviens du regretté Pierre Magnan, père du commissaire Laviolette incarné pourtant joliment par Victor Lanoux (avant son AVC) sur France 3, mais qui m’avait confié assis sur les marches du château de Sauvan ne guère gouter aux adaptations de ses romans au ciné et à la télé, hormis « La Maison assassinée » de Gorges Lautner avec Patrick Bruel tourné… au château de Sauvan à Mane, près de Forcalquier, à deux pas de chez lui ! On attendait donc la suite de cette saga avec cette fois Clovis Cornillac derrière… et devant la caméra. Et pas un seul instant, on ne se laisse distraire pendant plus de deux heures. Car il y a des moments forts d’entrée, et cela se poursuit avec une Léa Drucker impeccable dans son statut de « fille de » qui passe allègrement de la grande bourgeoisie aux quartiers populaires ; avec un Olivier Gourmet génial comédien belge que l’on voit de plus en plus dans les belles Séries sur Arte et Netflix, un Benoit Poelvoorde génial dans un rôle à contre-emploi, absolument pas comique… et un Clovis Cornillac qui devient la clé de voûte de l’édifice dans un rôle de taxi-homme à tout faire. L’apparition lumineuse de Fanny Ardant nous offre également un fantastique moment de cinéma lorsque la cantatrice qu’elle incarne, entonne – contre toute attente - au lieu du Wagner prévu, le Chœur des esclaves juifs dans le Aïda de Giuseppe Verdi, à Berlin devant un führer à la tribune totalement pétrifié… Allez vite voir ce très grand film plein d’émotion, empreint de l’Histoire de ce monde qui est toujours malheureusement un éternel recommencement. »
Jean-Pierre Tissier
*** MAESTRO’S) de Bruno Chiche
Avec Pierre Arditi, Yvan Attal, Miou-Miou… Le résumé. Chez les Dumar, on est chefs d’orchestre de père en fils. François (Pierre Arditi) achève une longue et brillante carrière internationale tandis que Denis (Yvan Attal) vient de remporter une énième Victoire de la Musique Classique. Quand François apprend qu’il a été choisi pour diriger la Scala de Milan, son rêve ultime, son graal, il n’en croit pas ses oreilles. D’abord comblé pour son père, Denis déchante vite lorsqu’il découvre qu’en réalité c’est lui qui a été choisi pour aller à Milan… « Bon sang ! Ça fait du bien ! Voilà la réflexion que se sont faites les personnes avec qui je sortais de la salle de projection. Ne comptez pas sur moi pour vous dire pourquoi et spoiler cet excellent film de Bruno Chiche, fort bien joué, car il y a pas mal de malice, par Pierre Arditi et Yvan Attal. Et ces deux-là s’y connaissent en renards du théâtre et de la mise en scène qu’ils sont. Mais si un quiproquo peut – comme souvent – donner lieu à des catastrophes familiales, ce n’est pas toujours le cas ! Et on suit donc le duo Attal-Arditi avec plaisir, couvé délicatement par une Miou-Miou toujours aussi précieuse dans ses rôles, ponctué de bouderies et de rasades de whisky, et on profite également d’une bande son remarquable avec de très belles voix et des choix musicaux séduisants. Bref un film qui fait du bien, mais on l’a déjà dit ! »
Jean-Pierre Tissier
*** NOVEMBRE de Cédric Jimenez
Avec Jean Dujardin, Anaïs Demoustier, Sandrine Kimberlain…
Le résumé. Paris, 13 novembre 2015 : les forces de l’ordre apprennent qu’une série d’attentats viennent de viser le Stade de France à Saint-Denis, des terrasses de café dans les 10e et 11e arrondissements de Paris et la salle de concert le Bataclan. Tous les services de police sont monopolisés pour empêcher les terroristes islamistes de sortir de Paris, en vain. Le témoignage d’une jeune musulmane va être la clé pour retrouver les assassins. « Voilà un film dont on avait bien besoin pour montrer et démontrer ce qu’est vraiment une enquête de police d’envergure inédite, sans rôles surjoués et avec seulement la manière d’agir et réagir à une époque digitale et numérisée à outrance, même pour les barbus poseurs de bombes. Cédric Jimenez réussit pleinement cette mission qui nous entraine dans des sentiments les plus divers face à des personnages qui semblent sortir de l’époque des « Visiteurs », mais qui contrairement à Jean Réno et Christian Clavier ne prêtent pas à rire. Et pourtant ils existent ! Au-delà du réel même, capables de se faire sauter pour un paradis dont on attendra longtemps une carte postale. Cette traque des terroristes, on la suit, on la vit, à un rythme effréné, celui de celles et ceux qui n’ont pas dormi pendant plusieurs jours pour arriver à ceinturer cette maison de Saint-Denis près du périph où étaient retranchés ces fous de Mahomet pour finir en un dénouement cataclysmique. Et on voit que tous les « Ya’ka » et « Faut’kon » seraient bien inspirés de faire un stage avec ces policiers « black, blanc, beur » - mais oui ! - qui travaillent pour protéger et défendre la République. Un film utile pour l’Histoire ! »
Jean-Pierre Tissier
**** SIMONE Le voyage du siècle de Olivier Dahan
avec Elsa Zylberstein, Rebecca Murder et Elodie Bouchez.
Le résumé. Le destin de Simone Veil, son enfance, ses combats politiques, ses tragédies. Le portrait épique et intime d’une femme au parcours hors du commun qui a bousculé son époque en défendant un message humaniste toujours d’une brûlante actualité. « Bien plus qu’un simple film, cette œuvre d’Olivier Dahan a une fonction historique, politique et mémorielle. Et ce voyage de 2h 15 sans répit, entre récit et flash-backs sur la déportation à Auschwitz, ne peut, ne doit, et ne devrait laisser personne indifférent. Car ils sont nombreux dans les adultes actuels nés du baby-boom, à ne pas savoir grand-chose sur leur famille envoyée dans les camps nazis parce que juifs ; tout comme sur les jeunes militaires français fait prisonniers de guerre, capturés tout de suite dans les Ardennes, restés en Allemagne pendant cinq ans pour y travailler dans des conditions indécentes et impitoyables que seul le dessinateur Jacques Tardi revenu sur les pas de son père, est parvenu à reconstituer. Eclairant ainsi les yeux de bien des septuagénaires... « Car définir la mémoire, dit Simone Veil, c’est la distinguer de l’Histoire ; tout simplement parce que la mémoire a une identité ! » Et c’est cette histoire d’une famille unie, juive mais animée par la laïcité, l’Europe, l’humanité, la dignité et la bienveillance que l’on découvre tout au long de ce film qui - j’espère - sera montré dans les collèges et lycées, avec à l’appui des discussions nécessairement encadrées pour décoder les images très brutales que le voyage en wagons à bestiaux à partir de Drancy et la vue des camps de déportation offrent aux spectateurs. Mais il n’y aura bientôt plus de Ginette Kolinka et quelques autres survivantes de la déportation pour témoigner en classe de l’horreur nazie. Et il faudra alors faire confiance à l’Histoire, tout simplement ! Ce qui sera bien différent. Cependant, ce film porté de manière totalement habitée par Elsa Zylberstein et remarquablement incarné par Rebbecca Murder pour la jeunesse de Simone Weil, n’est pas que cette période de l’holocauste. On y découvre aussi une Simone Veil au caractère bien trempé qui ne se résume pas au Droit à l’avortement pour les femmes, mais une femme politique ministre du gouvernement qui a œuvré pour les malades du sida et la recherche médicale, qui a transformé les accueils à l’hôpital, visité les prisons en France sous l’œil de directeurs ne l’accueillant pas à bras ouverts, et les femmes prisonnières et torturées par la France en Algérie. Simone Veil était une pionnière des idées modernes qui dérangent, car la laïcité républicaine qu’elle prônait – à l’image d’aujourd’hui – est toujours un mot inconnu, voire interdit pour bon nombre de religieux intégristes du monde entier et plus encore des républiques islamistes et autres dictatures de tous poils de tous les continents. Allez voir ce film, emmenez vos enfants pour leur faire découvrir l’obscurité et l’intimité d’une salle de cinéma, et parlez avec eux ensuite. « Mais pas de politique à table » disait toujours Simone ! »
Jean-Pierre Tissier
*** SANS FILTRE de Ruben Östlund
« Palme d’Or au Festival de Cannes 2022 ». (Durée : 2h 29 mn). Sorti le 28 septembre 2022. Le résumé. Après la Fashion Week, Carl et Yaya, couple de mannequins et influenceurs, sont invités sur un yacht pour une croisière de luxe. Tandis que l’équipage est aux petits soins avec les vacanciers, le capitaine refuse de sortir de sa cabine alors que le fameux dîner de gala approche. Les événements prennent une tournure inattendue et les rapports de force s’inversent lorsqu’une tempête se lève et met en danger le confort des passagers.
« La comédienne Charlbi Dean Kriek - épatante dans ce rôle d’influenceuse-mannequin - qui incarne Yaya est décédée brutalement le 29 août 2022, à l’âge de 32 ans, des suites d’une maladie pulmonaire soudaine. Un immense voile de tristesse accompagne donc ce film à chaque projection… Ce qui rend cette Palme d’Or un peu particulière pour le spectateur d’autant que 2h 30 même si ça passe très bien, cela occasionne quand même quelques longueurs. On navigue ainsi entre La croisière s’amuse, La noce chez les petits bourgeois de Bertold Brecht et Robinson Crusoé à la faveur d’un jeu de massacre final entre nouveaux amis. Car lorsqu’on n’est pas du même monde, il arrive que la lutte des classes - inimaginable pas de prime abord sur un yacht de luxe - surgisse au moment le plus inattendu entre milliardaires et ex petites mains de la vaisselle, du ménage et de la cuisine. Et on se délecte alors de plusieurs retournements de situation ne manquant pas de sel, en pleine mer. Pour son premier film Ruben Östlund livre une œuvre qui fera date avec une scène dantesque et sans filtre de tempête sur un vaisseau malade de ses occupants ballotés par les vagues jusqu’à les transformer en êtres de vomi et de chairs malades… Au point que le spectateur manquant de vigilance pourrait aussi se laisser aller. A voir vraiment pour en discuter après entre amis. Faites attention aux fruits de mer néanmoins.
Jean-Pierre Tissier
*** 107 MOTHERS de Peter Kerekes.
(2021). Le résumé. Lyesa, une jeune Ukrainienne, a poignardé son mari après une scène de ménage. Condamnée à sept ans de prison, elle accouche d’un petit garçon alors qu’elle est incarcérée dans une prison d’Odessa, en Ukraine. Ici, les mères peuvent s’occuper de leurs enfants jusqu’à leurs trois ans. Mais à l’approche de cet anniversaire fatidique, Lyesa tente tout pour ne pas être séparée de son fils. « Avec le contexte actuel de l’Ukraine attaquée, envahie et massacrée par la Russie de Poutine, on regarde ce film avec une attention toute particulière. Car dans cet univers de la prison au féminin où les conditions sont rudes, spartiates et sans confort, il y a néanmoins de la solidarité et de l’amour malgré la crainte du lendemain et du temps qui s’étire. En effet, ce film du cinéaste slovaque primé à la Mostra de Venise qui oscille entre documentaire et fiction, ne compte qu’une comédienne professionnelle (Maryna Klimova dans le rôle de Lyesa) mais en revanche, les 107 vraies mères de la prison d’Odessa !Et cela donne à cette réalisation très esthétique malgré la dureté du sujet, comme un côté pictural d’images de la vie de tous les jours en prison avec en tête, l’espoir de la sortie et la peur du jour nouveau et libre dans un contexte familial qui n’existe plus. La solitude au bout du chemin… pour finir ou recommencer ?
Jean-Pierre Tissier
*** KOMPROMAT de Jérôme Salle
avec Gilles Lellouche, Joanna Kullig et Mikhaïl Gorevoï.
Le résumé. Russie, 2017. Mathieu Roussel est arrêté et incarcéré sous les yeux de sa fille. Expatrié français, il est victime d’un « kompromat », en l’occurrence de faux documents compromettants utilisés par les services secrets russes pour nuire à un « ennemi de l’Etat ». Menacé d’une peine de prison à vie, il ne lui reste qu’une option : s’évader, et rejoindre la France par ses propres moyens… L’intellectuel va devoir se transformer en homme d’action pour échapper à son destin. « Tous ceux qui n’ont jamais pied un pied, dans un de ces Pays de l’Est frères de l’ex-URSS (Tchécoslovaquie, Hongrie, Roumanie…) voient toujours dans certaines images, des clichés tenaces à la vie dure. Mais pour y avoir passé du temps dans les années 70, pour divers reportages comme le match de Coupe d’Europe de football entre le Dukla de Prague et le FC Nantes de Suaudeau-Budzinski en 1978, puis à Arad près de Bucarest, peu de temps après le renversement et l’assassinat des époux Ceaucescu, je peux attester que l’on est bien content de rentrer chez soi en France, et que ceux qui parlent de dictature actuellement en France auraient bien fait – à l’époque - d’aller y faire un tour... Kompromat avec un époustouflant Gilles Lellouche nous entraine dans une course-poursuite folle avec ses trousses, des service secrets russes peu enclins à la grande poésie de Pouchkine ou de Marina Tsvetaïeva. C’est un vrai thriller palpitant, haletant et très dur parfois comme ces scènes en prison, qui fait passer de la Culture occidentale avant-gardiste – via un spectacle de danse très « gay » en ouverture - à la Culture rude et rurale de la Sibérie avec un public de diplomates et de notables totalement médusé… Et on découvre alors toutes les nombreuses facettes de ces régimes où l’on s’appelle camarade, mais où la critique n’existe pas, malgré la promesse de démocratie, et où la vodka à haute dose ou la tuica roumaine ainsi que la bière permettent d’oublier le manque de liberté. Kompromat est un film puissant qui ne plaira pas à certains, mais il a le mérite, non pas d’enfoncer des portes ouvertes, mais plutôt de défoncer des portes closes, comme on fait ceux qui ont démoli l’odieux Mur de Berlin.
Jean-Pierre Tissier
*** REVOIR PARIS de Alice Winocour
avec Virginie Effira et Benoit Magimel. Le résumé. Revoir Paris est un film récent sorti en 2022 qui explore les traumatismes des victimes d’un attentat, inspiré par les attentats de novembre 2015 à Paris, et la reconstruction psychique nécessaire qui peut être aidée par la mise en commun de ses souvenirs pour aller au-delà. « Avec Virginie Effira et Benoit Magimel, Alice Winocour a réuni un couple de cinéma d’une justesse incroyable dans lequel on peut tous se retrouver tant les sentiments, les peurs, les joies et les peines inconsolables à jamais nous semblent innées, familières, personnelles même, sans avoir pour autant connu le bruit terrible saccadé et mortel des balles de Kalachnikov tirées par les terroristes djiadistes, transperçant des corps sidérés, terrifiés, cachés sous des tables et des chaises… Et tout autour, juste après, il reste les vivants. Celles et ceux qui ont été blessés physiquement comme Benoit Magimel ; d’autres pas ou peu comme Virginie Effira et sa seule cicatrice au bas du dos, et qui ne se souvient de rien… Commence alors une rencontre, un retour en arrière via des flashes, de la sueur, du sang et des larmes ; une recherche du passé oublié qui ne revient que par bribes, la vie familiale qui s’érode et disparait… On parcourt Paris, ses rues, sa banlieue, en recherchant celui qui (nous) a tenu la main pendant le massacre des innocents avec pour indice un simple tatouage au poignet. Revoir Paris est un film sur le retour à la vie, mais une vie qui ne sera plus jamais pareille. Les traumatismes invisibles sont les plus difficiles à combattre et les remèdes sont personnalisés. Allez revoir Paris.
Jean-Pierre Tissier
**** « LES VOLETS VERTS » de Jean Becker
d’après le roman (librement adapté) de Georges Simenon.
« Les Volets verts » voilà un titre de Simenon qui chante comme une chanson de Souchon ou une petite cantate signée Barbara. Eh oui, le père de Maigret n’a pas écrit que des polars. Il avait aussi une plume vagabonde pleine de poésie et de talent, à l’image de ce roman, pourtant sans intrigue, terminé le 27 janvier 1950 à Carmel by the sea en Californie et paru dans la foulée aux Presses de la Cité. Voilà qu’il ressort en Poche pour saluer joliment la sortie du film éponyme de Jean Becker, avec un casting de rêve très « planches de théâtre » : Gérard Depardieu, Fanny Ardant, Fred Testot, Benoit Poolvorde, Anouk Grimberg et la douce Stefi Selma... On se balade ainsi de théâtres mythiques en restaurants légendaires, de bars huppés en hôtels vieux chic british, du Bœuf sur le toit à la Nationale 7 avec un chauffeur nommé Fred Testot qui a fait du chemin depuis le SAV mythique de Canal Plus avec Omar Sy, de Paris au merveilleux Cap d’Antibes dans les années 50, sans nostalgie ni mélancolie, seulement un gros pincement au cœur qui parfois alerte sur l’imminence de la fin d’un destin. Avec ce monstre de force et de tendresse, de jovialité et de rudesse qu’est Gérard Depardieu. Il n’y a pas vraiment d’histoire, mais on s’en fiche ; la vie se déroule comme le fil d’une chanson. Parfois un couplet revient, pas millimétré pour un sou. Les volets sont verts, la nuit parisienne très noire, froide et plutôt alcoolisée, souvent ! Le temps passe et on grimpe dans la Peugeot de Testot avec un Depardieu las, fatigué, malade, imposant et peu tranquille. Géant et simple, néanmoins, comme si on était invité à la partie de pêche ou au bar du coin… On a même revu avec bonheur, le duo béni de « La femme d’à côté » de François Truffaut, avec une Fanny Ardant éblouissante telle une reine. Les volets sont toujours verts au Cap d’Antibes et la mer toujours bleue, et on y attend toujours quelqu’un… »
Jean-Pierre Tissier
**** « LES LEÇONS PERSANES » de VADIM PERELMAN
(2 heures) Le résumé. 1942, dans la France occupée Gilles est arrêté pour être déporté dans un camp en Allemagne. Juste avant de se faire fusiller, il échappe à la mort en jurant aux soldats qu’il n’est pas juif mais persan... En effet, “Les Leçons Persanes” est basé sur une nouvelle de Wolfgang Kohlhaase qui y raconte comment un juif est parvenu à faire croire qu’il était persan. Ce mensonge le sauve momentanément puisque l’un des chefs du camp souhaite apprendre le farsi pour ses projets d’après-guerre. Au risque de se faire prendre, Gilles invente une langue chaque nuit, pour l’enseigner au capitaine SS le lendemain. La relation particulière qui se crée entre les deux hommes ne tarde pas à éveiller la jalousie et les soupçons des autres. « On ressort de ce film littéralement pétrifié, yeux humides et cœur au bord des lèvres, scotché et terrifié devant tant de violence abjecte et planifiée par une idéologie nazie crasseuse, odieuse, et déshonorante pour la race humaine. Et on pense alors à ces « gilets jaunes » et autres « antivax » qui ont l’audace et l’indignité infâme de s’accoler une étoile jaune sur la poitrine pour dénoncer la « dictature » qui sévirait en France actuellement, osant ainsi comparer leur sort à celui de ces pauvres hères marchant dans la neige et le froid vers des clairières où hommes, femmes, enfants et bébés seront fauchés par une rafale de mitraillette tirée dans le dos, ou vers des fours crachant une fumée noire où leur supplice finira en ignominie finale. Comme un champ d’étoiles jaunes teintées de rouge, tels des coquelicots ensanglantés sur la neige immaculée. Les Leçons persanes » montre néanmoins jusqu’où l’homme peut aussi agir dans son cerveau pour vaincre sa peur et imaginer des stratégies de survie incroyables. En imaginant une langue persane (le farsi) dont il ne connaît pas un seul mot, Gilles crée et fabrique de toutes pièces un Esperanto fait de milliers de mots qu’il va devoir insérer dans son disque dur cérébral – et se souvenir au risque d’être démasqué - en s’inspirant de la longue litanie des noms de prisonniers inscrits sur les registres du camp. Et qui eux-aussi, tels des autodafés, finiront dans les flammes pour ne pas laisser de traces, avant l’arrivée des Américains. Nahuel Pérez Biscayart (Gilles) et Lars Eidinger (l’officier SS responsable du camp de transit) sont prodigieux dans ces rôles d’une dureté malsaine, où parfois un nuage de poésie traverse l’instant, comme le passage furtif d’une lueur d’humanité, mais ça ne dure jamais ! Les idéologies de ce type ont la vie dure et la fuite du SS vers des paradis d’Asie ou d’Amérique du sud reste toujours l’échappatoire pour ces barbares au cœur de pierre… Un très grand film dont on ne ressort pas indemne, et qui donne à réfléchir sur la nature humaine. »
Jean-Pierre Tissier
MAIS AUSSI
Un problème technique nous empêche actuellement de retrouver nos anciens comptes-rendus de visionnage de films. et de concerts. Nous sommes à leur recherche.


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