P.N.R. du Verdon

Concertation est mère de protection

Le Parc et l’Apron du Rhône

Depuis sa découverte en 2001, le Parc naturel régional du Verdon accorde une attention particulière à l’Apron du Rhône, poisson que l’on trouve uniquement dans le bassin du Rhône et qui habite une partie des eaux du Verdon. Plusieurs actions vont dans le sens de sa préservation : le programme européen de conservation « Life Apron » lancé en 2004, l’augmentation des débits d’eau dans le Verdon, les travaux pour améliorer la qualité des eaux, la sensibilisation de la population et des professionnels des activités aquatiques. Pour favoriser la biodiversité, il est souvent préférable d’agir dans la discrétion, la concertation et l’équilibre plutôt que d’écraser l’intelligence collective avec l’interdiction.

Livre ouvert sur la géologie, la faune, la flore et l’histoire de l’homme, le territoire du Parc naturel régional du Verdon offre une grande variété de paysages et de milieux. Avec un tiers de la flore française, la richesse floristique est unique. L’Outarde Canepetière, le Vautour Fauve, le Lézard Ocellé (le plus gros d’Europe) et 22 espèces de chauve-souris sur 32 répertoriées en France sont des exemples de la diversité animale présente.

L’Apron du Rhône (Zinger Asper), petit poisson endémique du bassin du Rhône, est une espèce déclarée en danger sur laquelle le Parc se penche depuis sa découverte dans le Verdon en 2001. On le trouve sur une très courte partie des 165 km de la rivière (pour le protéger, il est préférable de ne pas dire où).

Un programme de protection

Pour ce qui est de la protection de cette espèce, le Parc n’a pas attendu 2009 pour agir. L’Apron du Rhône figure expressément dans la charte du Parc. Il fait l’objet d’un programme européen de protection « Life Apron » lancé en 2004 et dans lequel le Parc est engagé aux côtés de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques. Animé par le Parc, le schéma d’aménagement et de gestion des eaux du Verdon a donné naissance au contrat de rivière Verdon qui débouche, parmi plus de cent actions concrètes, sur une augmentation importante des débits d’eau relâchés par les barrages. Cette eau en plus grande quantité est un des principaux facteurs favorables à la vie dans la rivière. Les travaux d’amélioration de l’assainissement forment un deuxième atout qui est de garantir une eau de qualité.

Une démarche de concertation

Dans le cadre de la sensibilisation à la fragilité des milieux aquatiques, le Parc a mené un travail important en direction des professionnels et des différents publics. Au sein du schéma des activités de pleine nature (démarche de concertation qui réunit aussi bien les professionnels des activités aquatiques que les collectivités, les services de l’État, les fédérations sportives, les naturalistes et les organismes de protection de la nature), le Parc propose, depuis 2002, des formations à destination des professionnels encadrant les activités d’eau vive. Elles permettent d’apporter aux guides, et plus particulièrement aux saisonniers, des informations sur le milieu et le respect de bonnes pratiques. Par exemple, un cheminement, à l’image d’un sentier, a été établi pour éviter les zones les plus sensibles. Parallèlement, l’agence de l’eau évalue les effets des activités aquatiques sur la rivière. Enfin, une exposition spécifique est consacrée à l’Apron depuis plusieurs années. Disponible à la demande, elle était présente à la dernière fête du Parc, dont le thème central était l’eau.

Faire attention

Bernard Clap, le président du Parc, se dit toujours content quand les acteurs du territoire (citoyens, associations ou professionnels) prennent une part active dans la conservation du bien commun et joue le rôle qui est le leur. Il souhaite cependant que l’on fasse attention à la façon de faire. Contrairement aux statues en béton du Mandarom, l’Apron du Rhône est un poisson discret qui a besoin de tranquillité. Attirer l’attention sur lui de façon violente et inconsidérée risque de lui faire plus de mal que de bien.
En bonne intelligence

Dans le domaine de l’environnement, c’est sur le terrain et dans l’action quotidienne que les progrès se font, pas après pas. Si les associations de défense de l’environnement défendent l’environnement et servent de guetteur, le Parc du Verdon gère un territoire en fonction des missions et des prérogatives qui sont les siennes. En effet, un Parc naturel régional est un territoire dont les habitants se sont donné un projet. Face aux grands enjeux que sont la préservation du patrimoine naturel, mais aussi la gestion de l’eau, la fréquentation touristique, le maintien des activités agricoles et de l’emploi, la pression foncière, l’accueil des nouveaux habitants, l’organisation du territoire et de l’habitat, la charte du Parc naturel régional du Verdon sert de règle du jeu. Elle définit de quelle façon, les habitants et les visiteurs vont vivre en bonne intelligence avec un territoire dont les richesses exceptionnelles leur sont confiées. C’est donc dans un ensemble complexe et dans cette conscience collective que les mesures de protection sont prises. Ces mesures doivent se construire au travers d’un consensus qui doit tenir compte à la fois d’une présence humaine qui a façonnée le territoire depuis près de 500 000 ans, et de l’impérative nécessité de favoriser la biodiversité.

Favoriser la biodiversité

De ce côté, le Parc n’est pas en reste. Il sensibilise, incite, soutient, tout en laissant chacun prendre ses responsabilités. Selon sa philosophie et son rôle qui consistent à « aider à faire » plutôt que de « faire à la place de », le Parc accompagne les cultivateurs qui favorisent les plantes messicoles, les éleveurs qui élèvent des races locales, les associations qui ont réintroduit le Vautour fauve par exemple. Il accueille sur le domaine de la Maison du Parc l’association Kokopelli qui lutte pour maintenir la diversité des semences de plantes, alimentaires en particulier. Et puis, pour que tous les citoyens prennent leur part dans l’équilibre d’un territoire, il a ouvert grand ses portes. Les commissions, les groupes de travail, le futur conseil de développement sont autant de lieux où la démocratie participative permet à chacun de se mêler de ce qui le regarde : défendre la terre qui le fait vivre.

Jean Darot

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